Les sanctions contre la Russie coûtent cher aux équipementiers 

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L’embargo contre la Russie a un prix à payer. Les résultats financiers des deux groupes technologiques, particulièrement implantés dans le maritime – le finlandais Wärtsilä et le suédois Alfa Laval – l’ont éprouvé au cours du premier trimestre. La dépréciation de leurs activités en Russie a eu un effet négatif sur leurs résultats d'exploitation.

Les temps sont durs pour les équipementiers et prestataires de services, à peine remis de la crise sanitaire, qui les avait mis au ban. Le secteur des équipements n’échappe ni au manque de perspectives ni à la pression sur les coûts dans un contexte de cours des énergies particulièrement élevés. Mais de prime abord, les résultats financiers du premier trimestre portent d’abord et avant tout les stigmates du retrait des activités en Russie, dont la facture est salée.

Dépréciation de 200 M€ pour Wärtsilä

Les groupes technologiques, particulièrement implantés dans le maritime – le finlandais Wärtsilä et le suédois Alfa Laval – en font les frais. La dépréciation de leurs activités en Russie a eu un effet négatif sur leurs résultats d'exploitation. 

Wärtsilä, notamment concepteur et fabricant de systèmes de propulsion dual-fuel, a dû procéder à une dépréciation d’actifs d'environ 200 M€ d’après le rapport financier du premier trimestre. Le résultat d'exploitation a ainsi diminué de 183 M$, se traduisant par une perte d’exploitation de 147 M€, soit un manque à gagner de près de 12 % des ventes nettes.

Les activités liées à la Russie avaient représenté environ 5 % du chiffre d'affaires du groupe en 2021, dont environ 40 M€ pour les services. « Après l'attaque de la Russie en Ukraine, nous avons immédiatement suspendu toutes les livraisons, ventes, commandes et appels d'offres à destination du pays en conformité avec les sanctions, rappelle Håkan Agnevall. Dans l'environnement actuel, il n'est pas viable pour nous de maintenir des activités en Russie. L'ajustement des opérations se fera conformément aux réglementations locales. » 

Sans cela, l’activité aurait été profitable. Les prises de commandes ont augmenté de 11 % pour atteindre 1,38 Md€, soutenues par les activités Marine Power, Marine Systems et Energy. Fin mars, le carnet de commandes ressortait à 6,1 Md€. In fine, Wärtsilä a comptabilisé 1,2 Md€ de revenus (+ 30 %), mais essentiellement tirés par les ventes de sa division Énergie. 

Prix des énergies, inflation et incertitudes économiques

La volatilité des cours de l’énergie, les difficultés d’approvisionnement ajoutées aux incertitudes sur la conjoncture mondiale pèsent sur les coûts d’exploitation. « L'impact continu du Covid et l'attaque russe en Ukraine ont intensifié l'incertitude générale et amplifié les préoccupations liées à l'inflation des coûts et à la croissance économique mondiale. Dans l'ensemble, nous avons vu l'incertitude augmenter tant du côté de la demande et de l'offre sur la plupart de nos marchés, explique le dirigeant. Le prix du lithium a presque doublé au cours du premier trimestre. Cela a entraîné une hausse des prix dans notre offre et un ralentissement de la prise de décision des clients. » 

Ralentissement des commandes de navires 

Sur les marchés maritimes, les investissements dans les nouvelles constructions ont en outre diminué en raison de la hausse des prix mais aussi de la capacité limitée des chantiers navals, accaparés durant les deux prochaines années a minima par les impressionnantes commandes de porte-conteneurs de l’an dernier (pour une capacité totale de 6,25 MEVP). 

« Dans le secteur des croisières, la hausse des infections Covid-19 a ralenti la réactivation des navires. Dans le pétrole et le gaz offshore, nous avons toutefois connu une augmentation notable, la hausse des prix du pétrole brut ayant soutenu la demande. La nécessité pour l'Europe d'être moins dépendante du gaz russe pourrait conduire à des opportunités dans le transport maritime de GNL », peut-on lire dans le rapport financier.

Économe en projections

Pour le deuxième trimestre, le finlandais se montre économe en projections. « La demande sera similaire au deuxième trimestre 2021. Cependant, les conditions actuelles du marché rendent les perspectives incertaines. La part des ventes d'équipements par rapport aux prestations de services sera élevée en 2022. À plus long terme, nous nous attendons à ce que l'utilisation des énergies renouvelables s'accélère, tandis que la hausse des coûts du carburant souligne la nécessité de solutions économes en carburant. » 

Prenant acte de la crise énergétique, Wärtsilä a récemment publié le rapport Europe's Energy Future, qui trace le chemin pour que l’Europe réduise de moitié sa consommation de gaz dans le secteur de l'électricité et diminue ses coûts énergétiques de plusieurs centaines de milliards. Terriblement d’actualité. 

Pertes de 62 M€ pour Alfa Laval

Du côté du suédois Alfa Laval, dont la division marine fournit notamment des pompes, des scrubbers ou des systèmes d'eau de ballast, il a fallu rayer d’un trait de crayon les commandes russes pour 62 M€, amputant principalement ses activités maritimes, a indiqué Tom Erixon, président et CEO, dans le rapport financier portant sur le premier trimestre de l’année. L’équipementier a également constitué une provision de 31,65 M€ pour couvrir les coûts liés aux obligations contractuelles d'un certain nombre de commandes russes. 

La demande mondiale d'équipements et de services est restée élevée pour le groupe avec des commandes en croissance de 20 % sur le premier trimestre par rapport à l'année dernière, s'élevant à 1,28 Md€ mais celles de la division Marine sont restées stables, « malgré l'annulation du carnet de commandes liée aux sanctions en Russie », défend toutefois le dirigeant.

Pour les trois divisions, le carnet de commandes s’établissait à 2,6 Md€ fin mars. Le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 18 % à 1,02 Md€ et le bénéfice d’exploitation (Ebitda) de 19 % à 174 M€. Dans le segment maritime, comme pour Wärtsilä, l’activité de l’équipementier est largement dépendant de la construction navale.

« Le sentiment sous-jacent du marché lié à la construction de nouveaux navires a été plus faible qu’au même trimestre de l'année dernière. Mais comme il y a un an, les nouveaux contrats ont été principalement conclus avec des porte-conteneurs et des méthaniers ». La demande en solutions liées à l'environnement  reste positive. Les prises de commandes pour l'offshore ont augmenté, portées par la hausse des prix du pétrole. 

La croissance des services a été stimulée par des niveaux d'activité plus élevés dans les domaines de la navigation et de l'offshore, ainsi que par l'acquisition de StormGeo, ajoute la direction.

Adeline Descamps

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