Les résultats de ONE témoignent d'un dernier trimestre fatal au conteneur

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Le transporteur japonais est le premier, grâce à l’exercice fiscal japonais en décalé, à donner la couleur du dernier trimestre de l’année 2022, implacable pour le secteur du conteneur. Entre octobre et décembre, ONE a vu ses volumes s’effondrer de 19 % depuis l’Asie vers les États-Unis et de 26 % vers l’Europe. Bénéfices, Ebitda, Ebit... sont en baisse de plus de 50 % par rapport au trimestre d’avant. Plus révélateurs encore, les taux d’utilisation de la flotte.

ONE, compagnie basée à Singapour mais de comptabilité japonaise* (1er avril 2022-30 mars 2023), a publié le 31 janvier des résultats éclairant la fin de l’année 2022, son troisième trimestre fiscal (octobre-décembre) mais le quatrième en année civile. Bénéfices, Ebitda, Ebit, tous ses ratios sont en baisse de plus de 40 % par rapport à la même période de 2021 et de plus de 50 % par rapport au trimestre d’avant.

La cassure est nette. De façon progressive à partir de la mi-2022, puis brusquement à l'automne, le marché s'est littéralement retourné lorsque l'inflation infatigable, les taux d'intérêt au sommet et une crise énergétique mondialisée ont emmené l'économie mondiale vers la récession.

La situation est particulièrement remarquable dans le bénéfice net de ONE engrangé entre octobre et décembre qui, à 2,78 Md$ (13,8 Md$ sur ses trois premiers trimestres) marque une détérioration importante par rapport à la même période de l'année dernière (- 2,12 Md$) et du trimestre précédent (- 2,75 Md$).

En chute libre de 26 %

« La période a été marquée par une demande de fret beaucoup plus faible qu’en 2021, en particulier dans les échanges Est-Ouest, principalement en raison du surstockage en Amérique du Nord, qui s'est précisée en juillet-août, et d'une baisse de la consommation en Europe causée par les prix élevés de l'énergie et la hausse de l'inflation. Le désengorgement des ports a parallèlement entraîné une augmentation de l'offre », résume le rapport financier de l’armateur japonais né en 2018 de la fusion des activités conteneurs des trois premières compagnies maritimes nippones (NYK, MOL et K-Line).

Entre l’Asie et le continent nord-américain, les flux ont dégringolé de 19 % en glissement annuel en raison de la baisse des importations américaines, les stocks de détail toujours au plus haut. La chute des volumes est encore plus notable depuis l'Asie vers l'Europe, de 26 % en glissement annuel.

« Ce n'était pas inattendu. Depuis juin [2022], il est devenu évident que de nombreux clients avaient avancé leurs commandes afin d’anticiper d’éventuelles problématiques dans la chaîne d'approvisionnement », précise la société dirigée par Jeremy Nixon.

Le repli du troisième trimestre japonais est au diapason du CCFI (l’indice composite reflétant les prix des conteneurs (spot et contractuels) au départ de tous les grands ports de Chine), étant passés depuis l’Asie vers la côte ouest-américaine d’une moyenne de 2 416 points (pour le période avril-septembre 2022) à 1 079, vers la côte Est de 2 820 à 1 746 et de 4 899 à 2 497 vers l’Europe.

Un temps long de rétablissement

ONE a réalisé un chiffre d’affaires de 6,25 Md$ au troisième trimestre de son exercice fiscal, en repli de 25 % par rapport à la période comparable (24,6 Md$ sur neuf mois), tandis que son Ebitda a chuté de 42 % en glissement annuel, à 3,060 Md$( 14,76 Md$) et son Ebit de 46 %, à 2,73 Md$ (13,8 Md$). Au final, la compagnie a transporté 2,64 MEVP, un volume en retrait de 10 % par rapport à la même période de 2021.

Dans ces conditions, le transporteur a annulé davantage de départs, notamment pour passer le cap du Nouvel An chinois, « un ralentisseur précoce », selon ses termes qui non seulement est tombé tôt cette année, le 21 janvier, mais surtout qui ne s’est pas tout à fait déroulé comme à l’ordinaire. « La hausse attendue des commandes avant le Nouvel An chinois ne s'est pas matérialisée en décembre comme on aurait pu s'y attendre. Au lieu de cela, les importateurs ont été prudents dans leurs commandes, et de nombreuses usines ont donc décidé de fermer tôt en janvier ».

Le transporteur entend prolonger les restrictions de services. Compte tenu de la persistance de l'inflation dans le monde et des ajustements des stocks des détaillants américains, la compagnie estime qu'un certain temps est nécessaire pour que le volume de fret se rétablisse après le Nouvel An chinois. Drewry a comptabilisé une cinquantaine d'annulations sur le trafic Asie-Europe.

Les taux d’utilisation de sa flotte en portent les traces. De 100 % vers l’Ouest sur l’ensemble de l’année 2021, ils s’établissaientt à 95 % à l’issue des deux premiers trimestres de l’exercice et à 90 % pour le troisième trimestre. Vers l’Est, de 73 %, l’occupation des navires a chuté à 57 % entre avril et septembre et à 54 % en toute fin d’année. 

Un bénéfice sous le milliard en fin d’année

La jeune compagnie, qui a commandé cinq porte-conteneurs de 13 700 EVP en mai, portant à dix le nombre d’unités à livrer d’ici à 2025, prévoit un résultat net de 14,73 Md$ pour son exercice 2022/2023 contre une prévision antérieure de 15,3 Md$ tout en reconnaissant que sa « rentabilité va se détériorer au quatrième trimestre en raison du fléchissement de l'offre et de la demande ». En 2021/2022, ONE avait accumulé 16,8 Md$ de bénéfices. « En tenant compte de l'hypothèse selon laquelle le marché du fret aura besoin d'un certain temps pour se rétablir, nous prévoyons un bénéfice de 940 M$ [après impôts] pour le quatrième trimestre. »

Premier actionnaire, MOL, qui vient aussi de présenter ses résultats pour la période entre octobre et décembre, en fait les frais. Le bénéfice généré par ses activités conteneurs a perdu en un trimestre 188 milliards de yens (1,4 Md$).

« Entre octobre et décembre, alors que les bénéfices des porte-conteneurs ont diminué en raison d'une forte baisse des taux de fret au comptant, d'autres activités telles que l'énergie et le transport de voitures ont enregistré une croissance régulière », modère le transporteur japonais, très impliqué dans les développements autour du GNL. « Pour la période de neuf mois, le bénéfice a encore augmenté dans le conteneur en raison de la contribution des contrats à terme, qui ont été signés à des prix plus élevés que l'année précédente ».

Sur l’ensemble de l’année, MOL prévoit un bénéfice en retrait de 337 M$. « Même si ONE continuera à accumuler des bénéfices au quatrième trimestre [janvier-mars], les conditions du marché ne devraient pas être les mêmes que l'année précédente, ce qui entraînera une baisse des bénéfices annuels d'une année sur l'autre », a-t-il prévenu.

Adeline Descamps

Premier trimestre : avril-juin ; T2 : juillet-septembre ; T3 : octobre-décembre ; T4 : janvier-mars

 

 

 

 

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