En début de semaine, un énième navire marchand – le vraquier Star Iris battant pavillon des Îles Marshall et appartenant à la Grèce –, a été la cible de missiles lors de deux incidents en l'espace de quelques minutes alors qu'il traversait le détroit de Bab el-Mandeb, a indiqué la société britannique de sécurité maritime Ambrey.
Le vraquier, qui avait pour destination le port iranien de Bandar Imam Khomeini, a subi des dommages sur son côté tribord mais l'équipage est sain et sauf.
Selon le rapport d'incident de l'agence britannique UKMTO (United Kingdom Maritime Trade Operations), un projectile a été repéré à 40 milles nautiques (74 km) au sud de Mokha, où le navire a déclaré avoir été attaqué par deux missiles.
Le propriétaire du vraquier est un groupe coté sur le marché d'actions du Nasdaq, ce qui a été identifié comme protentielle raison de son attaque.
Deux navires ciblés dans la semaine du 7 février
Cet énième attaque survient après une première semaine de février au cours de laquelle trois missiles ont visé le MV Star Nasia, un vraquier grec battant pavillon des îles Marshall, selon le centre de commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom). Un des projectiles a été détruit par un destroyer américain, précise le communiqué.
Le navire était 53 milles nautiques au sud-ouest du golfe d'Aden, a indiqué de son côté le ministère grec de la Marine marchande. Le navire était en route depuis les États-Unis vers l'Inde, et son propriétaire, coté à la bourse américaine, pourrait expliquer son attaque, selon les critères de ciblage des insurgés armés par l'Iran.
D'autres tirs ont ciblé le MV Morning Tide, un navire britannique battant pavillon de la Barbade, mais ils ont tous explosé en mer Rouge sans causer de dégâts, selon le Centcom.
Selon le bureau de sécurité maritime britannique UKTMO, l'attaque sur le navire britannique a eu lieu à 57 milles nautiques (environ 105 km) à l'ouest de Hodeïda, port de la côte ouest du Yémen contrôlé par les rebelles houthis.
Prime de risque de guerre ajustée à la « nationalité » du navire
Les assureurs ont augmenté de 50 % les primes qu'ils facturent aux entreprises américaines, britanniques et israéliennes pour les navires transitant par la mer Rouge, et certains refusent même de couvrir en raison du criblage de ces navires par les Houthis du Yémen.
Les navires liés à Israël dont les États-Unis sont le principal soutien militaire paient aujourd'hui une prime de risque de guerre de 25 à 50 % plus élevée que les autres navires pour naviguer en mer Rouge, selon le courtier d'assurance McGill and Partners.
Ils pourraient se voir appliquer prochainement un taux encore plus élevé, supérieur à 50 %, à en croire les déclarations faites par deux assureurs à Reuters.
Clauses d'exclusion
« Les navires qui ont eu des problèmes jusqu'à présent ont presque tous un élément de propriété israélienne, américaine ou britannique », a également assuré, auprès de l'agence, Marcus Baker, responsable mondial de l'assurance maritime et du fret chez le courtier d'assurance Marsh, indiquant que des clauses d'exclusion sont déjà introduites.
Au cours des dix derniers jours, les primes de risque de guerre proposées pour les voyages en mer Rouge ont oscillé autour de 1 % de la valeur d'un navire contre environ 0,7 % auparavant, avec diverses réductions appliquées par les souscripteurs. Cela se traduit par des centaines de milliers de dollars de coûts supplémentaires pour un voyage de sept jours. Mais cela reste sans commune mesure avec ce qui se pratique en mer Noire, où une autre guerre se déploie. Et relativement modéré après plus de 40 attaques contre des navires depuis mi-novembre en mer Rouge.
« Je suis surpris que des navires battant pavillon ou opérant aux États-Unis et au Royaume-Uni continuent de transiter en mer Rouge et dans le golfe d'Aden. Ils représentent les catégories de navires les plus à risque en cas d'attaque dans cette région », s'étonne Corey Ranslem, PDG de Dryad Global, pour lequel seuls les actifs en lien avec l'Iran, la Russie et la Chine pourraient potentiellement transiter en toute sécurité dans cette région.
Ces navires n’hésitent pas d’ailleurs à le spécifier lors de leur passage via leur AIS, jusqu’à préciser avoir un équipage chinois à bord voire, plus formellement encore, n’avoir aucun lien avec des sociétés britanniques, américaines ou israéliennes.
Adeline Descamps