Quelle fulgurance depuis février 2016, date à laquelle les États de l’Amérique du Nord ont commencé à exporter du GNL. En 2020, les États-Unis sont devenus le troisième plus grand exportateur de GNL au monde, derrière l'Australie et le Qatar. Une fois que les nouveaux trains de liquéfaction – Sabine Pass et Calcasieu Pass en Louisiane – mis en service d'ici la fin de 2022, le continent nord-américain disposera alors de la plus grande capacité d'exportation de GNL au monde.
Le train 6 de l'installation de Sabine Pass ajoutera jusqu'à 21 Mt par an. Calcasieu Pass LNG compte 18 unités d'une capacité totale de 12 Mt/an. La première production de ces deux projets est attendue d’ici la fin de cette année.
En novembre, selon l’EIA (Energy information administration), l’Agence américaine de l’énergie, la capacité nominale de liquéfaction de GNL aux États-Unis a atteint 152 Mt par an. D'ici à la fin de 2022, elle devrait atteindre 182 Mt par an. Le continent nord-américain supplantera alors les deux plus grands exportateurs en la matière, l'Australie et le Qatar. En 2024, lorsque la construction de Golden Pass LNG sera achevée, le continent nord-américain atteindra les 261 Mt par an.
Les méthaniers, rares mais demandés
Énergie dite de transition, le GNL reste un gaz fortement demandé. Après avoir atteint des records ces dernières semaines, les tarifs d’affrètement des méthaniers viennent de baisser car la demande asiatique de GNL au comptant s'est affaiblie en raison de températures encore clémentes, de stocks corrects dans les terminaux d'Asie du Nord et de prix au comptant élevés qui maintiennent la plupart des utilisateurs finaux sur la touche.
Ils sont tombés ainsi tombés à 285 000 $/jour, contre un record de 320 000 $/jour à la fin novembre, et à 240 000 $/jour sur le bassin atlantique contre 260 000 $/jour. La disponibilité des méthaniers dans cette région s'est aussi légèrement améliorée pour atteindre plus d'une douzaine de navires, alors qu’ils étaient très rares il y a encore quelques semaines. Ce qui contribue à affermir les prix.
Embellie fragile
Bien que la disponibilité des navires se soit améliorée, une vague de froid soudaine en Asie du Nord pourrait retourner à nouveau le marché, restent prudents les courtiers, d’autant que les taux de fret élevés dissuadent les importations de longue distance, celles en provenance des États-Unis notamment.
Actuellement, la majorité des exportations des États-Unis vers l'Asie sont des approvisionnements à terme soutenus par des acheteurs qui ont bloqué des navires il y a déjà quelque temps. La plupart des navires disponibles sur le marché spot seraient le fait des grands importateurs de GNL et non pas des armateurs qui auraient déjà entièrement affrété leur flotte pour l'hiver. Aussi, les rares affréteurs avec encore de la disponibilité ne seraient pas enclins à déployer leurs capacités pour des transports « long-courriers », préférant maintenir la flexibilité de leur flotte afin de pouvoir la mobiliser rapidement au sein d’un même bassin, font valoir les experts du marché.
Des interruptions de service dans certains terminaux, à l’instar de Prelude LNG, ont libéré des navires, mais l’embellie reste fragile, préviennent-ils. Sans créneau réservé, il y a de grande chance que la cargaison transite par le canal de Suez et Bonne Espérance Suez/Cape car il y a aurait encore dix jours d’attente aux abords du canal de Panama. L’attente ayant un coût, la supporter dépend donc du prix auquel le navire a été fixé.
A.D.