Il était temps. L’ancien chimiquier, racheté en 2016 par un ferrailleur de Varadero près de Barcelone, est enlisé à Sète le long du quai Paul Riquet depuis octobre 2010, après y avoir connu une voie d’eau et une panne moteur. Il va être transporté par navire semi-submersible flo-flo dans le port de Brest, pour y être démantelé par Navaleo (Les Recycleurs Bretons).
Le port de Sète avait lancé une consultation pour sa démolition sur site, en février 2019. Démarche refusée par le tribunal administratif de Montpellier, sous le prétexte que le navire ne présentait pas de « risque imminent de naufrage », et du fait de la proximité d’habitations. La région Occitanie, propriétaire du port, a alors opté pour un transfert de l’épave vers le quai H du port de commerce, en vue d’un transport vers Brest.
Ce transfert vers le quai H, long de seulement quelques hectomètres, n’en est pas moins périlleux. Alors qu’une tentative a eu lieu dimanche dernier, un mouvement s’est opéré dans les ballasts, avec rejet dans le canal. « Le Rio Tagus était penché légèrement sur l’arrière, et il fallait retrouver un niveau plat. Des prises d’eau n’avaient pas été envisagées mais elles ne sont pas étonnantes du fait de l’état de dégradation du navire », explique Olivier Carmès, directeur du port, au JMM.
« 600 m3 d’eaux de ballast et de fond de cale polluées » selon Robin des Bois
L’association Robin des Bois fait état de « 600 m3 d’eaux de ballast et de fond de cale polluées, chargées en hydrocarbures et polluants métalliques, rejetées dans le canal de Sète. Celles-ci auraient dû être transvasées dans des camions-citernes à quai et être traitées dans une installation appropriée ». Olivier Carmès tempère : « C’est une micro-fuite. Un barrage flottant a été positionné par le lamanage. Un bateau dépollueur sillonne le port pendant la saison estivale pour récupérer les eaux grises et noires liées à la plaisance. Il est venu récupérer les résidus rejetés. En aucun cas, il n’y a eu volonté de la part du port de rejeter des eaux souillées. »
Il admet cependant que le chimiquier soit qualifié de « déchet » plus que « d’épave ». Quelques jours de travail complémentaires sur la coque sont donc prévus pour « éviter tout risque de pollution complémentaire ». Le passage d’un navire flo-flo est programmé en août ou septembre pour son transfert à Brest.
Une opération de 850 K€
La région Occitanie « prend ses responsabilités, aux frais et risques, pour une opération globale de démantèlement qui va coûter 850 000 euros environ », poursuit le directeur du port sétois. La collectivité va poursuivre le propriétaire barcelonais pour non suivi de son navire. « La gestion des épaves dans les ports est un problème national, souvent très complexe et coûteux, conclut-il. Les propriétaires sont souvent étrangers, ce qui complique les procédures et les poursuites judiciaires. »
Hubert Vialatte