La limitation de la vitesse a plusieurs vertus que les compagnies n’ont jamais ignoré. Mesure simple, économique, efficace, instantanée, elle répond à plusieurs problématiques. Elle permet d'absorber la surcapacité quand la demande de transport est morne et/ou de réduire la consommation de carburant et donc de limiter les émissions de CO2 quand le couperet réglementaire tombe.
Alors que le tour de vis réglementaire se resserre, le slow steaming risque de devenir, plus que jamais, LA solution pour se mettre en conformité en attendant que les technologies vertes soient disponibles. À ce stade, les ruptures radicales, celles de nature à remplacer aussi avantageusement les nombreux atouts des énergies fossiles, n'existent même pas sur étagère.
Selon Niels Rasmussen, analyste en charge des transports maritimes au sein de l’organisation maritime internationale Bimco, la vitesse moyenne de navigation a ralenti à 13,8 nœuds au premier trimestre 2023, soit une baisse de 4 % sur une base annuelle. Et elle pourrait chuter de 10 % avant 2025.
Vitesse réduite à 1,6 nœuds
Le ralentissement des navires avait été introduit pour la première fois à la suite de la crise financière, réduisant la vitesse de navigation sur les routes principales jusqu'à 20 %. « Pendant la pandémie, les opérateurs de lignes régulières ont augmenté la vitesse moyenne de navigation de 4 % en raison d'une forte demande et d'une congestion portuaire généralisée. Aujourd'hui, la situation est très différente », explique-t-il.
En 2019, les plus grands navires naviguaient en moyenne 2,6 nœuds plus vite que les plus petits. Au cours du premier trimestre 2022, cette différence de vitesse s'est réduite à 1,8 et à 1,6 au cours du premier trimestre 2023.
En conséquence, la vitesse de navigation moyenne pondérée par la capacité en EVP des navires a diminué de 6 % au premier trimestre 2023 comparé à la même période de 2021, alors que la vitesse de navigation moyenne simple n'a diminué que de 4 % en un an. L'offre aurait donc diminué plus rapidement que la vitesse de navigation.
Haro sur les EEXI et CII
L'attention portée à la navigation lente se concentre désormais sur les nouvelles échéances réglementaires de l'Organisation maritime internationale. Pour se conformer à l'indice d'efficacité énergétique des navires existants (EEXI), certains navires ont installé des limites de puissance des moteurs (EPL), ce qui a réduit leur vitesse maximale. La réglementation relative à l'indicateur d'intensité carbone (CII) et les objectifs globaux en matière d'émissions de gaz à effet de serre pourraient entraîner de nouvelles réductions de la vitesse de navigation.
« La diminution de la vitesse moyenne de navigation peut être liée à l'amélioration de la congestion portuaire et au fait que certains navires retournent plus lentement que d'habitude en Asie-Pacifique. Cependant, nous pensons qu'il s'agit d'une bonne indication des choses à venir. Les vitesses de navigation pourraient diminuer de 10 % avant 2025 », estime l'analyste.
Adeline Descamps