Le PDG Hugo de Stoop poussé au départ d'Euronav

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Hugo de Stoop

Hugo de Stoop, fin février, lors d'une conférence de presse, dans laquelle il avait critiqué sans nuances le projet de la Compagnie maritime belge, un des actionnaires d'Euronav.

Depuis l'échec du projet de fusion entre Euronav et Frontline, qu'il avait âprement défendu, les jours du dirigeant étaient comptés. Entré chez Euronav il y a 20 ans et PDG depuis 2019, il fait les frais de la lutte d'influence entre les deux principaux actionnaires de l'armateur belge.

Les différends entre les deux principaux actionnaires d'Euronav auront eu la tête de son dirigeant. L'armateur belge de grands pétroliers a indiqué, par un communiqué en date du 16 mai, le départ de son PDG, Hugo De Stoop, « avec effet immédiat », d'un « commun accord » et l’assentiment de la majorité du conseil de surveillance, indique une formule sèche pour entériner le départ de celui qui est entré il y a 20 ans dans l’entreprise, où il a exercé plusieurs responsabilités avant d’en devenir le PDG en 2019.

Lieve Logghe, qui a rejoint le groupe en 2020, assurera l'intérim en plus de ses fonctions de directrice financière.

Nouveau chapitre

« Avec un nouveau conseil de surveillance et une forte représentation des deux actionnaires principaux, le moment est venu pour Euronav d'ouvrir un nouveau chapitre de son développement », indique le dirigeant poussé au départ.

Depuis l'échec de la fusion entre Euronav et son concurrent Frontline, qui devait donner naissance à la plus grande société mondiale de transport de pétrole cotée en bourse et dès lors que la Compagnie maritime belge (CMB), contrôlé par la famille Saverys, a obtenu suffisamment d’influence au capital, les jours du patron d’Euronav était comptés.

Rivalités sur l'usage

L’homme a âprement défendu le projet de fusion et devait prendre la tête de l’unité fusionnée. Le PDG n’avait n’avait pas fait dans la nuance lors de sa présentation d’une heure le 27 février, où il avait opposé sa vision du futur d'Euronav, pure-player du pétrole éprouvé à naviguer à travers les cycles économiques et créateur de valeur pour les actionnaires, selon lui, à celle du projet porté par la famille Saverys, de diversification dans le transport de carburants plus verts, qu’il jugeait « dépourvu de plans concrets et aux calendrier, étapes et processus flous », « risqués », et préjudiciables aux « intérêts des actionnaires ».

Sa situation n’était donc plus vraiment tenable depuis un temps certain bien que les rivalités internes entre la CMB et Famatown Finance, la société qui gère les participations de John Fredriksen, les deux principaux actionnaires et rivaux, se soient quelque peu atténués.

Entrée au conseil de surveillance

L’assemblée générale extraordinaire du 23 mars a acté l’arrivée au conseil de surveillance de deux représentants, l'un de la famille Saverys et l'autre de John Fredriksen.

Le compromis « à la proportionnelle », proposé par Hugo de Stoop, soutenu par son conseil d'administration, consistant à offrir deux sièges à chacun des deux principaux actionnaires tout en préservant l'actuel conseil de surveillance n’avait pas convaincu.

La CMB exigeait, elle, la résiliation immédiate de l’ensemble des membres. Une demande qui ne sera néanmoins pas satisfaite (deux administrateurs seulement n’ont pas été reconduits).

Nouvelle montée au capital

Entrer au board n’a cependant pas suffi à calmer les ardeurs de John Fredriksen qui aurait pu y trouver l’espace où exposer sa vision stratégique pour le devenir du transporteur de brut. Il a prouvé, début avril, son goût pour les raids par surprise en augmentant encore sa participation, à 26,46 %, de façon à reprendre une position majoritaire.

Derniers rebondissements en date. Á l’occasion de la présentation de ses résultats trimestriels le 11 mai, qui ont dégagé un bénéfice de 175 M$, contre une perte de 43 M$ l'année précédente, l’entreprise a annoncé trois nouvelles nominations tandis que l’assemblée générale annuelle du 17 mai devrait valider l'arrivée de Julie De Nul en tant que membre indépendante du conseil de surveillance, ainsi qu’Ole Henrik Bjørainge. Une surprise car Julie De Nul, candidature proposée par la CMB, avait été rejetée lors de l'assemblée générale extraordinaire du 23 mars.

Une diversification impossible ?

La composition de l’instance de gouvernance n’a rien de la pure question de forme. Car de l'identité du futur maître des lieux dépend la stratégie qui sera mise en œuvre. Or, deux visions radicales s’opposent.

La CMB veut sortir du pétrole brut et pénétrer de nouveaux segments de marché dans les transports verts.

Tout en s'engageant à être « zéro nette émission » d'ici 2050 avec un objectif intermédiaire de réduction de 40 % des émissions de CO2 d'ici 2030, Hugo de Stoop estimait qu’il y a encore un avenir dans le transport de pétrole.

Le plan de valeur 2023 d’Euronav, tel qu’il avait été dessiné par la direction actuelle, prévoit une croissance de la flotte de 10 % pour 2023-24, sachant que le transporteur de brut a ramené l’âge moyen de ses VLCC de 8,8 ans à 7,3 ans entre 2020 et 2023 et celui de ses suezmax de 11,8 ans à 8,5 ans. En une petite dizaine de VLCC et petite quinzaine de suezmax depuis 2020, au prix fort, l’entreprise belge a dégagé la plus-value qui a servi en partie à commander 15 navires de conception plus écologique.

À chaque acte de cet incroyable saga, la même question revient : Que va faire désormais John Fredriksen ?

Adeline Descamps

 

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