C’est au salon nautique que le gouvernement et les représentants de la filière maritime se sont donnés rendez-vous le 8 décembre pour signer un nouveau contrat de filière des industries de la mer. Le premier, signé en 2018, avait vu succéder au Corican le Conseil d’orientation de la recherche et de l’innovation de la filière des industries de la mer (Corimer). Celui-ci avait lancé en 2019 un premier appel à manifestation d’intérêt (AMI), qui avait permis de mobiliser 60 M€ pour financer 21 projets relevant de l’innovation maritime. Les lauréats du second, en date de 2020, ont été dévoilés le 8 décembre. Sept projets ont été retenus, pour un financement public total de 27 M€ alors que deux dossiers sont encore en cours d’instruction, susceptible de décrocher 5 à 10 M€.
Sept projets retenus
Parmi les projets retenus : Digit+ (Chantiers de l’Atlantique, ACOEM) pour la numérisation des navires en vue de leur performance énergétique ; Cassiopée (Bourbon, Predict, Opsealog, Université Aix-Marseille et Bureau Veritas) pour la collecte et le traitement à bord de données afin de fournir à bord des outils d’aide à la décision en temps réel ; ZEST (LDA, Mauric, ADV Tech, SeaAir et Barrillec) pour un crew transfer vessel (CTV) zéro émission ; Cemas (Rtsys IMSolutions, IES Engineering) et sa station mobile autonome de déploiement de drones sous-marins pour la surveillance environnementale ; Semna II (Ixblue, Forssea Robotics, Donecle, ENSM, Ifremer) pour des solutions de suivi des ressources halieutiques ou l’inspection des structures offshore ; TriLam Bio-Tex (All Purpose, CLM, Kairos et IRLD-UBS) qui porte un projet de textile recyclable et biodégradable destiné aux voiles des yachts, voiliers et navires marchands et enfin Digi4mer (Campus des industries navales, Wind Ship, ENSM et D-ICE Engineering) pour la numérisation des formations maritimes, notamment de propulsion vélique.
Dans la foulée, un nouvel AMI a été lancé. Ce Corimer 2022, opéré par BPI France, est ouvert jusqu’au 29 mars 2022. Il vise à soutenir des projets « qui accélèrent la mise sur le marché de technologies, de services ou de solutions ambitieuses innovantes et durables, depuis les phases de R&D industrielle jusqu'à la démonstration échelle 1 ». Le coût total du projet doit être de 4 M€, seuil abaissé à 2 M€ pour les PME ou ETI. La subvention pourra atteindre 75 % des dépenses de recherche et 60 % de celles en lien avec le développement.
Un navire de transfert du personnel en rupture
Aux côtés de Louis Dreyfus Armateurs, le cabinet d’architecture navale Mauric (groupe ECA), ADV Tech (propulsion maritime), SeaAir (hydrofoils) et Barrillec (systèmes innovants en gestion d’énergie, propulsions électriques ou hybrides) planchent depuis plusieurs mois sur un un prototype de navire de transfert de techniciens plus sécure dans les opérations et plus efficient sur un plan énergétique en visant le zéro émission. Avec pour ligne d’horizon 2025. « Il sera plus sûr et efficace du fait des caractéristiques de tenue à la mer et de l’intégration de systèmes de surveillance de l’état de mer. En comparaison au marché actuel des navires de transfert de personnel de maintenance d’éoliennes, il proposera une solution plus plus maniable et mieux adapté aux opérations de maintenance », indiquent les partenaires du consortium.
Le navire sera faible consommation énergétique et émission de gaz à effet de serre « grâce à l’association des briques technologiques innovantes et d’une architecture optimisée », précisent-ils. Parmi les ruptures technologiques qui pourraient réduire la consommation, un panachage entre des technologies et des systèmes de suivi : foils, propulseurs trochoïdaux, systèmes de management des consommations énergétiques et de monitoring des vagues et de détection d’objets flottants. Le nouvel « objet » intégrera en outre le cycle de vie complet du navire au travers de matériaux composites recyclables.
À l’issue de la phase d’études et avec l’assurance d’une première commande, un démonstrateur sera testé en conditions réelles sur une durée de six mois afin de « valider le niveau de sécurité opérationnelle et ses performances techniques, économiques et environnementales. »
Coordinateur scientifique, le cabinet Mauric avait déjà été choisi pour la conception des futurs CTV que Louis-Dreyfus Armateurs et Tidal Transit, associés au sein de LD Tide, font construire par le chantier Ocea. Ceux-ci sont destinés à être exploités au large de Saint-Nazaire.
Étienne Berrier