Les chantiers navals spécialisés dans les grands paquebots, entreprise familiale aux mains de la famille Meyer depuis sept générations, sont particulièrement frappés par la crise sanitaire. Depuis plus d’un an, les salariés sont au chômage partiel et l’heure est aux plans d’assainissement.
La filiale de croisières fluviales du géant Meyer Werft est la première à faire les frais de la terrible année que vient de passer le constructeur Meyer. Neptun Werft va supprimer 180 emplois sur son site de Rostock, soit un tiers des effectifs. Après d’âpres négociations avec les partenaires sociaux, la direction a convenu d’éviter les licenciements secs, dans la mesure du possible. Seule consolation pour les syndicats, ils ont réussi à limiter les départs, dont le nombre avait été fixé au départ à 275 sur un effectif total de 600 salariés pour le site. « Nous avons évité le pire en étalant les commandes et en diminuant le volume sous-traité », explique Stefan Schad qui a mené les négociations pour le syndicat IG Metall. Les commandes en cours seront échelonnées jusqu’en 2023, afin de maintenir un minimum d’activité dans les ateliers.
La crise sanitaire a durement frappé les chantiers navals allemands. Neptun Werft, spécialisé dans la construction de navires de croisière fluviale, a vu chuter ses commandes de deux tiers depuis le début de la crise. Le site est ainsi passé de 1,4 millions d’heures de travail en moyenne par an avant la crise à 0,5 millions. Depuis la livraison en mars de deux navires à la compagnie suisse Viking River Cruises, les chantiers n’ont reçu aucune commande supplémentaire. Même désolation du côté des carnets de commande des chantiers du groupe à Papenburg et à Turku (Finlande), spécialisés dans la construction de modules pour la salle des machines des paquebots de haute mer.
Un plan d’économie d’1,2 Md$ d’ici cinq ans
Les chantiers navals Meyer-Werft, entreprise familiale aux mains de la famille Meyer depuis sept générations et spécialisés dans les paquebots de grande taille, sont particulièrement frappés par la crise sanitaire qui a suspendu le tourisme de loisirs. Depuis plus d’un an, les salariés – durement frappés par le covid avec plus de 200 cas détectés sur les sites de production – sont au chômage partiel et l’heure est aux plans d’assainissement. Meyer devra économiser 1,2 Md$ d’ici cinq ans, selon la direction. « Nous naviguons à vue », se désole le porte-parole du groupe Peter Hackmann.
Pour son 225e anniversaire, en janvier 2020, Meyer affichait encore une insolente santé avec la livraison de trois paquebots en 2019 et trois autres planifiées en 2020. La plupart avaient été reportés par les clients. Seuls trois d’entre eux ont été livrés depuis mars 2020, le dernier étant le Odyssey of the Seas, d’une capacité de 4 200 passagers, livré à Royal Carribean.
« Sur le plan technologique, Meyer est à la pointe au niveau mondial, souligne Ulrich Malchow, professeur émérite en économie maritime à Brême. Même un avion n’est pas aussi complexe à construire qu’un paquebot ! Si Meyer chute, c’en est fini de la construction navale allemande. » Meyer produisait avant la crise 70 % de la construction navale du pays en termes de tonnage. Les négociations avec les autorités nationales et régionales en vue de bénéficier des plans de soutien à l’industrie sont compliquées par le fait que le siège du konzern se trouve désormais au Luxembourg.
Nathalie Versieux