Le commerce international s'est contracté dans la plupart des pays durant les trois premiers mois de l’année. Les données du deuxième trimestre indiquent un ralentissement beaucoup plus sévère. La Cnuced promet une année difficile pour les échanges internationaux sur l’ensemble de l’année. L’institution s’aligne ainsi sur les prévisions de l'OMC, qui estime la baisse des volumes entre 13 et 32 %. La Commission européenne est plus optimiste sur l’état de son commerce au sein de son espace intégré.
« Alors que le commerce mondial ralentissait déjà avant la pandémie, les perturbations économiques et sociales engendrées par la crise entraînent une baisse spectaculaire des échanges commerciaux. La valeur du commerce international de marchandises a diminué d'environ 5 % au premier trimestre 2020 et devrait encore baisser de 27 % au deuxième trimestre 2020 », indique la première édition du nouvelle bulletin trimestriel Global Trade Update publié par la Cnuced. Les indices fournis par les directeurs d’achat (PMI) qui prennent en compte les prises de commandes, la production, les livraisons et les stocks, signalent également une nouvelle détérioration du commerce international au deuxième trimestre.
Au second semestre, le commerce international devrait rester en dessous des niveaux observés en 2019, assure l’agence des Nations unies. « L'ampleur de ce phénomène dépendra non seulement des impacts de la pandémie sur l’économie mais aussi de l'ampleur des politiques que les pays adopteront pour relancer leur économie ». En supposant que l'incertitude persiste, la Cnuced prévoit une baisse d'environ 20 % pour l'année 2020. Elle rejoint en cela l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui situe le repli entre 13 et 32 %. La Commission européenne s'attend, elle, à ce que le commerce de l'UE27 diminue de 10 à 16 % en 2020. La grande amplitude des données est sans doute à interpréter comme le reflet d'une incertitude encore élevée quant à la possibilité d'une reprise économique au cours du second semestre de l'année.
©Cnuced
Rechute en Chine
Les statistiques de certaines des principales économies renforcent la morosité du commerce international ou témoignent de la résilience de certains pays. À l’instar de la Chine, dont les exportations ont augmenté de 3 % en avril. Mais cette rampe de lancement vers la croissance a été contrariée par une rechute en mai de 8 % des importations comme des exportations.
Si aucune région n'a été épargnée par le déclin, le commerce dans les régions de l'Asie de l'Est et du Pacifique semble avoir mieux résisté. Là, le ralentissement, jusqu’en avril, se compte avec un seul chiffre. Bien que préliminaires, les données d'avril suggèrent un fort ralentissement dans toutes les autres régions avec des baisses allant jusqu'à 40 % pour les pays d'Asie du Sud et du Moyen-Orient.
L’agroalimentaire, le moins volatile
Au niveau sectoriel, les perturbations économiques ont affecté les produits diversement. Au cours du premier trimestre 2020, les échanges internationaux dans le textile et l'habillement ont diminué de près de 12 %, tandis le commerce international dans la bureautique et l'automobile est en retrait d'environ 8 %. Les données préliminaires pour avril indiquent de nouvelles baisses dans la plupart des secteurs et une très forte contraction des échanges de produits énergétiques et automobiles, respectivement d'environ 40 % et 50 % en valeur. Les produits chimiques, les machines et les instruments de précision accusent des chutes plus sévères, supérieures à 10 %. Le commerce des produits agroalimentaires a été jusqu'à présent le moins volatile. « En général, les écarts entre les secteurs ont été liés à des baisses de la demande et à des perturbations de la capacité d'approvisionnement, ainsi qu'à la perturbation des chaînes de valeur mondiales », précise le document.
A.D.