En 2019, 169,2 Mt de marchandises réfrigérées ont traversé les mers du globe contre 166,5 Mt un an auparavant. Le marché s’est tourné et retourné sur les deux premières décennies du siècle. Après avoir disposé d’une part de marché de 60 % en 2000, les navires conventionnels sont tombés à 26 %, selon la dernière étude annuelle de Dynamar, consacrée au marché mondial du reefer dans le transport maritime. Les échanges de fruits, légumes, viandes, poissons et laitages ont conservé une part prépondérante, avec 121,5 Mt (+ 2 %). Les produits pharmaceutiques, les fleurs et autres marchandises restent moins importants.
« La croissance enregistrée en 2019 est inférieure à la progression moyenne annuelle de 2 % des précédentes années en raison des mauvaises conditions climatiques dans plusieurs régions du monde cette année-là », observe le consultant. Cette tendance à la baisse a été compensée par la hausse de la demande de viande de porc en Chine due à l'épidémie de peste porcine qui a décimé le cheptel. L'augmentation de la demande chinoise de viande s'est traduite par un bond de 46 % de l'importation de produits carnés par rapport à 2018.
D’autres produits ont également enregistré des progressions, tels les poissons et les fruit. Le marché a retrouvé des couleurs en Équateur, grâce aux exportations de bananes, et au Brésil, en raison de la hausse des volumes de viande à l'exportation. Enfin, l'Afrique du Sud a, à son tour, bénéficié d'une augmentation des volumes de fruits de contre-saison.
+ 2,6 % pour le conteneur
Pour autant, la tendance à la baisse dont souffre le conventionnel depuis quelques années semble irrémédiable. Le nombre de ports mondiaux qui accueille ce type de navires frigorifiques continue de s’élaguer. Mais la baisse du pourcentage se ralentit. Si le nombre de ports d'escales africains et néo-zélandais a diminué de 4,9 et 2,5 % en 2019, le repli a toutefois été plus contenu qu’un an auparavant (- 7 et - 6,2 % respectivement).
Inversement, dans le conteneur, les capacités, en termes de prises frigorifiques, ont progressé de 2,6 % en un an, entre juillet 2019 et 2020, pour atteindre 2,48 MEVP pendant la période. Au 1er juillet 2020, les 5 300 porte-conteneurs en service totalisaient une capacité de 23,47 MEVP dont 2,48 millions de prises reefers.
Conteneurs et reefers : à la limite du chaos
Chaos et pénurie
Comparé à 2019, le marché a connu en 2020 quelques bouleversements dus à la crise sanitaire, note Dynamar. Les difficultés ont commencé en avril, les fournisseurs étant confrontés à des perturbations pour acheminer les produits frais vers certains ports. La baisse de la productivité des entrepôts, due à la distanciation et aux restrictions de déplacement, a entraîné des délais plus longs et une réorientation des processus de commandes.
Le reefer n’a pas échappé par ailleurs à la problématique qui a touché son cousin dry : la pénurie de conteneurs et les difficultés de repositionnement des vides qui ont vite dégénéré en embouteillages dans les ports, détournement de marchandises et l’application de surcharges allant de 1 000 à 2 000 $ par EVP.
Le conventionnel en a bénéficié. Deux fois plus de navires conventionnels en sortie d'Afrique du Sud ont ainsi fait escale à Rotterdam. Pour le port néerlandais, la saison des agrumes sud-africains s'est déroulée avec une escale hebdomadaire au lieu de bimensuelle. Mais cette embellie ne devrait pas durer. Avec la généralisation de la vaccination et l’atténuation de l’épidemie, le monde pourrait retrouver son fonctionnement d’avant-Covid.
Vincent Calabrèse