L’événement a fait l’objet d’une cérémonie à Saint-Pétersbourg en présence de Vladimir Poutine et retransmise par visioconférence. « Le développement de la route maritime du Nord permettra à la Russie de réaliser pleinement son potentiel d'exportation et d'établir une route logistique efficace, y compris vers l'Asie du Sud-Est », a affirmé le président russe, qui entend asseoir sa suprématie en Arctique, progressivement libéré des glaces par les effets du réchauffement climatique
Troisième exemplaire (après les Arktika et Sibir) d'une série de cinq unités, lancée par le géant de l'énergie atomique Rosatom, le navire de 170 m de long pour 34 m de large avec 10,5 m de tirant d’eau peut fendre la glace jusqu'à trois mètres de profondeur. Dotés de trois lignes d'arbres d’une puissance propulsive de 60 MW, ils sont équipés de deux nouveaux réacteurs nucléaires développant une puissance unitaire de 175 MW. Mais sa principale caractéristique réside dans sa conception à double tirant d'eau qui peut être ajusté selon la zone de navigation, en mer Arctique ou dans les estuaires peu profonds des rivières par exemple.
Baptisé Oural, il avait été lancé en 2019 sur le chantier naval Baltic de Saint-Pétersbourg
En service en décembre
L’Ural opèrera dès décembre dans l'Arctique, où la Russie produit du GNL qui devait être initialement destiné à l'Europe et qui va être réorienté vers l'Asie du Sud-Est en reliant les océans Atlantique, Pacifique et Arctique.
La Russie, seul constructeur et opérateur de brise-glace nucléaires au monde, a également mis à l'eau mardi le Yakutia, de la même série, mais son entrée en service effective n'est prévue que fin 2024, selon les déclarations de Vladimir Poutine. Un navire russe à propulsion nucléaire, de grande puissance (120 MW) et de 300 m de long, doit également voir le jour en 2027. Il sera capable de franchir des glaces épaisses de 4 m.
Ces développements ont une visée : transiter à travers l’arctique russe, notamment en rendant praticable toute l’année le passage du nord-est (Route maritime du nord, ou NSR). Avant la guerre en Ukraine, la Russie ambitionnait de faire passer plus de 80 Mt par le NSR, dont 47 Mt de gaz naturel, 23 Mt de charbon et 5 Mt de pétrole.
Un projet à l’époque estimé à 734,9 milliards de roubles, soit plus de 10 Md€ sur six ans, dont les deux tiers qui devaient être financés par Rosatom, Rosneft, Novatek et ceux « qui souhaitent transporter des marchandises sur la route maritime arctique ». La donne a sans doute un peu changé.
A.D.