Dans un entretien à Die Welt en date du 23 mai, Klaus-Michael Kühne, héritier et principal actionnaire de Kuehne+Nagel, a révélé que le groupe ne pourrait pas passer la crise sans procéder à des licenciements. Ils pourraient concerner 25 % des emplois du groupe, notamment dans les entrepôts et particulièrement aux États-Unis.
« Nous sortirons de la crise plus petits », a reconnu Klaus-Michael Kühne, l'actionnaire principal de Kuehne+Nagel, alors que la crise économique causée par le coronavirus frappe sévèrement le transport maritime et aérien sur lesquels reposent ses activités. Dans une interview accordé le 23 mai au quotidien allemand Die Welt, l'homme d'affaires, héritier du groupe qui emploie 83 000 personnes, a annoncé que l’entreprise pourrait supprimer jusqu’à 25 % de ses effectifs (83 000 emplois).
Les États-Unis, où n’existent pas des mesures de chômage partiel sur lesquelles s'appuyer pour éviter des licenciements massifs, pourraient être plus durement touchés, a-t-il précisé. Les suppressions de poste pourraient concerner « en grande partie les emplois industriels dans les entrepôts ». Le président d’honneur du transitaire avoue ne pas savoir « combien de temps durera la crise » ni quelle sera sa profondeur. « Les moments de vérité se situent entre avril et juin (...) La question est de savoir si l'économie mondiale va amorcer une reprise progressive en juin », a-t-il ajouté.
« Une opportunité pour une Europe courageuse »
Klaus-Michael Kühne, présent aussi dans l'hôtellerie de luxe et le football via le club de Hambourg, fait partie de ceux qui estiment que la mondialisation ne s’exprimera plus comme avant : « La division internationale du travail sera moins prononcée », assume-t-il. « Il est peu probable que la Chine sorte affaiblie de la crise. (...) Avec sa volonté d'investir dans des projets comme la nouvelle route de la soie, la Chine est d’une force incroyable. » Il estime nécessaire de lui opposer un contrepoids, rôle qu’ont endossé les États-Unis, « mais ils sont mal gouvernés par Donald Trump. Cela pourrait être une opportunité pour une Europe forte et courageuse », appuie-t-il.
Bénéfice de baisse de 6,2 %
Kuehne+Nagel avait fait état fin avril d'une baisse de près d'un quart de son bénéfice au premier trimestre, en diminution de 6,2 % sur un an, liée à la diminution des volumes dans le fret maritime et aérien. Le transport maritime a été le premier segment d’activité touché par la pandémie. La baisse des échanges avec la Chine a fait reculer son chiffre d'affaires de 6,9 %. Le transport aérien est en chute de 6,8 % tandis que le transport routier s’affiche en recul de 4,1 %. L'entreprise avait par ailleurs annoncé qu’elle ne verserait pas de dividendes.
Adeline Descamps