IUMI : le marché de l'assurance maritime sous pression

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Les temps sont durs pour les assurés et les défis importants pour les assureurs de fret. Les premiers sont confrontés à une perturbation sans précédent de l'économie et du commerce mondial, affectant la fabrication, la supply chain et la demande. Les seconds doivent faire face à l'impact de la pandémie sur leurs activités. L'Union internationale d’assurances maritime vient de présenter les dernières tendances de son marché.

« Au cours des douze derniers mois, il y a eu un certain nombre de pertes de cargaisons importantes liées au Golden Ray [perte totale de 4 200 véhicules, NDLR], à un nombre record d’incendies à bord, aux tornades de Nashville, à l'explosion tragique dans le port de Beyrouth.. Cela fait la deuxième fois en cinq ans [avec l’explosion de Tianjin en 2015, NDLR] qu'un port est détruit par une explosion impliquant des matières dangereuses. » S'exprimant le 21 septembre lors de la conférence annuelle de l’Union internationale d’assurance maritime, Sean Dalton, président du comité Cargo, reconnaît que les temps sont durs pour les assurés et les défis importants pour les assureurs de fret. Les premiers sont confrontés à une récession économique sans précédent qui malmène les supply chains. « Cela a un impact direct sur les risques assurés notamment du fait de l’accumulation dans les ports et à bord des navires », explique-t-il. Les seconds doivent « faire face à l'impact de la pandémie sur leurs activités ainsi qu'à l'évolution constante des expositions, qu’il s’agisse des incendies de navires dont le nombre a explosé en 2019 à des risques nouveaux et en évolution comme les attaques contre les systèmes d’informations. »

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Pourtant, à ce jour, les pertes en lien avec l’épidémie ont été plutôt minimes pour les assureurs, car les polices d'assurance des cargaisons couvrent les pertes ou les dommages mais ne couvrent pas les retards, les pertes de marché ou d’exploitation. « Pour faire face aux expositions émergentes, 2020 a vu l'introduction de nouvelles formulations pour la couverture des cargaisons, y compris des clauses pour les cyber-maladies et aussi des formulations pour les maladies transmissibles. Les associations du marché, dont le Joint Cargo Committee (JCC) de Londres et l'American Institute of Marine Underwriters (AIMU), ont promulgué l'année dernière des propositions de libellés non contraignants qui peuvent être utilisés », assure le représentant de l’IUMI.

Un marché de 28,7 Md$

À l’occasion de sa conférence annuelle, qui se tient cette année en version digitale jusqu’au 25 septembre, l’Union internationale d'assurance maritime (IUMI) a également présenté les dernières tendances du marché de l'assurance maritime. En 2019, les primes de souscription se sont élevées à 28,7 Md$, ce qui représente une réduction de 0,9 % par rapport à 2018. La part mondiale de l'Europe a légèrement diminué, passant de 46,4 % (2018) à 46,3 %, tandis celle de l'Asie a gagné quelques points, passant de 30,7 % (2018) à 31,8 % (Amérique latine à 10,3 % et Amérique du Nord à 5,3 %).

Par branche d'activité, le fret continue de représenter la part la plus importante avec 57,5 %, devant les coques (24,1 %), l'énergie offshore (11,7 %) et la responsabilité maritime (hors P&I) à 6,8 %.

 « Il y a clairement un décalage entre les chiffres de l'IUMI pour 2019 et l'effet que l’épidémie a sur les marchés de l'assurance maritime », reconnaît Philip Graham, responsable du comité « Facts & Figures » au sein de l’IUMI. « Pour 2019, les taux de sinistres indiquaient une modeste reprise dans les segments des coques et des cargaisons et la persistance d'un équilibre fragile dans le segment de l'énergie. Il reste à voir dans quelle mesure le coronavirus aura un impact sur ces tendances à l'avenir ».

Pour le statisticien, les restrictions liées aux mesures de confinement mises en place partout dans le monde se traduisent par une utilisation moindre de certaines catégories de navires comme les porte-conteneurs, les paquebots et les yachts, avec pour conséquence directe « un niveau anormalement bas des sinistres enregistrés ces derniers mois. Bien que cela soit bon pour les souscripteurs à court terme, nous devons nous méfier d'un retour à la normale. De même, le Covid-19 a eu un impact négatif sur le prix du pétrole, entraînant un ralentissement de l'activité offshore. Les souscripteurs doivent être conscients des conséquences incertaines d'un retour à des niveaux de production plus normaux. »

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15,6 Md$ sur l’assurance fret

Dans le détail, l'assiette globale des primes pour le marché du fret s’est élevée à 15,6 Md$ en 2019, soit une réduction de 1,5 % par rapport à 2018, mais principalement liée aux fluctuations des taux de change.

L’analyste rappelle que les taux de sinistres en Europe pour la période 2014-2016 étaient particulièrement élevés et, les années suivantes, plutôt « sous l'influence d'une exposition croissante à des événements d'origine naturelle ou humaine combinés à des accumulations sur les navires et dans les ports qui ne se reflétaient pas nécessairement dans les primes ». Le taux de sinistres européen pour l’année devrait (une fois que l'année de souscription aura été entièrement déclarée) se situer un peu en deçà de 70 %.

En Asie, les sinistres sont restés stables jusqu'en 2014, mais ont ensuite augmenté de manière spectaculaire pour atteindre environ 60 % en 2018 : il semble y avoir une légère amélioration en 2019 avec un taux de sinistres d'environ 50 %. En Amérique latine, le ratio est stable dans une fourchette de 50 à 55 %.

Sans surprise, les incendies sur les porte-conteneurs ont représenté une part importante des pertes de cargaison en 2019 et se sont produits à nouveau en 2020 avec l'incendie d'un important transporteur de voitures et d'un VLCC. L'accumulation des cargaisons en stock et en transit a été exacerbée par l’épidémie en raison de l'encombrement des ports et des retards de livraison. « Cela augmente également la probabilité de dommages aux cargaisons vulnérables comme les marchandises réfrigérées », précise l’IUMI.

6,9 Md$ sur les coques

Dans le segment des coques, les primes sont relativement stables. L'IUMI fait état d'un volume de primes de 6,9 Md$ en 2019, soit une augmentation de seulement 0,2 % par rapport à l'année précédente.

La corrélation entre la taille de la flotte mondiale et la valeur des primes mondiales diverge (en termes de tonnage) depuis 2011, mais les chiffres de 2019 montrent que cette situation s'atténue. « Les primes mondiales se sont stabilisées, mais la flotte mondiale continue de croître. Bien que cela ait ralenti l'augmentation de l'écart, celui-ci demeure et continuera probablement à se creuser. En général, l'âge de la flotte mondiale augmente, ce qui réduit la valeur globale de la base d'actifs. Cela peut à son tour avoir un effet négatif sur les primes. »

La tendance à la baisse à long terme des pertes totales se poursuit et a atteint un niveau historiquement bas. Toutefois, comme dans le secteur du fret, les incendies de grands navires restent un problème. Les taux de sinistres en Europe se sont légèrement améliorés en 2019, mais ils devraient atteindre au moins 80 % une fois l’ensemble des souscriptions déclarées. Cela n'apportera guère de réconfort aux assureurs de coques qui ont subi un sinistre technique presque chaque année depuis 2005. Le taux de sinistres s’est aussi amélioré en Asie, se situant juste en dessous de 70 %, alors qu’il a chuté sur le marché latino-américain, à environ 60 %.

A.D.

 

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