Le SCFI, qui mesure les taux de fret spot, a soldé sa 13e semaine consécutive de hausse sur une nouvelle progression proche des 10 %. Aucune route n’échappe à l’incontrôlable escalade. Le vrac sec reprend aussi de la vigueur.
De performances en exploits. Inexorablement, les taux de fret sur le marché spot poursuivent leur mouvement haussier. Le SCFI, qui mesure le prix au comptant du fret par conteneur de Shanghai vers un grand nombre de destinations a clôturé le 8 janvier sa 13e semaine consécutive de hausse sur la somme de 2870,34 € (+ 8,82 %). L'indice a donc augmenté de 189,6 % depuis le 10 janvier 2020.
Sur les routes entre l'Asie et l'Europe, les prix se sont enchéris de 361 $ et il en coûte désormais 4 452 $/EVP. Le transport d’un conteneur ne valait même pas 1 000 $/EVP en juillet. Sur l'autre grande route Est/ouest, entre l'Asie et la côte ouest des États-Unis, la semaine s’est terminée sur la valeur de 4 019 $ par conteneur de quarante pieds tandis qu’entre Shanghai et la côte est américaine, il faut désormais compter 4 750 $ la boîte de 40 pieds.
Bien que stabilisé, le SCFI entre Shanghai - Méditerranée s’élève à 4298$ /EVP. L’Afrique n’échappe pas à l’escalade. De l’Asie vers Lagos, Durban ou Dubaï, le prix de transport d’un conteneur a été majoré de plus ou moins 100 $ : + 124 $/EVP vers Lagos, + 149 $/EVP vers Durban et + 92 $/EVP vers Dubaï. Mais c’est surtout l’Amérique du sud qui effare : le SCFI a augmenté de 458 $/EVP pour atteindre 8 631$/EVP.
L’insatiable consommateur américain
La reprise du transport maritime de conteneurs, – forte et constante depuis fin août – est telle que le seul second semestre aura permis d’éponger la chute du premier : les volumes mondiaux de conteneurs contiendraient ainsi leur repli à 1,5 % en 2020. Selon l’organisation maritime Bimco, ils ont baissé de 1,7 % au cours des 11 premiers mois de 2020, soit une perte de 2,6 MEVP. Ils avaient perdu 5 MEVP rien que sur les seuls cinq premiers mois de l'année.
Des trois lignes Est/Ouest, c’est sans surprise le transpacifique entre l’Asie et l'Amérique du Nord qui a été le plus performant, avec une hausse de 1,1 MEVP (+ 6,4 %) au cours des 11 premiers mois de l'année.
Pour éclairer la situation, une théorie prévaut désormais et elle est repris par tous, consultant comme armateurs : l’inextinguible soif de consommation du consommateur américain qui, confiné, a dépensé plus que d’ordinaire et consommé en masse écrans plats, appareils électroniques et biens d’équipements de la maison. C’est donc bien lui, le consommateur américain, qui est à l’origine de la reprise importante des volumes de conteneurs de l'Asie vers l'Amérique du Nord.
Correction des déséquilibres, l’affaire de 2021
Bien que les volumes de conteneurs aient été plus importants au cours des derniers mois de 2020 qu'en 2019, tant pour le trafic intra-asiatique que pour le trafic d’Asie vers l'Europe, ils n’auront pas été sur ces routes suffisants pour compenser la baisse des premiers mois de l’année. Ils restent en territoire négatif, les volumes ont chuté de 1,3 % et de 5,3 % respectivement.
« Dans les prochains trimestres, l'accent sera mis sur le repositionnement des conteneurs vides et sur la correction des déséquilibres engendrés par les blank sailing en 2020 », indique Peter Sand. L’économiste du Bimco fait du Nouvel An chinois un nouveau passage du gué, comme l’ont été la semaine de jours fériés en Chine en octobre, la Golden Week, et les fêtes de fin d’année. « Le Nouvel an chinois sera différent de tous les autres », promet-il.
Le BDI également saisi de fièvre
Dans le vrac sec, le BDI est également saisi par un accès de fièvre. L’indice, qui reflète chaque jour les tarifs pratiqués pour des cargaisons telles que le charbon, le maïs et le minerai de fer sur les vingt routes jugées les plus représentatives du marché, a augmenté de 10,9 % finissant la séance hebdomadaire à 1 606 points le 8 janvier, selon les données de Bloomberg.
Le Baltic Dry avait atteint son point éclair le 20 mai 2008, lorsque l'indice a tutoyé les 11 793 points et son niveau le plus bas le 10 février 2016, l'indice avait alors chuté à 290 points.
Dans le vrac sec, l’indicateur le plus pertinent demeure la demande de la Chine en matières premières qu’elle consomme goulûment. Les opérateurs du marché comptent beaucoup sur les plans de relance publics qui, par expérience, ont toujours été axés sur les dépenses d’infrastructures et de fait, extrêmement favorables au transport maritime, en boostant notamment les imports de minerai de fer.
A.D.