Ilse Fliege, présidente de Bocs : « Rouen reste un port de chargement stratégique pour le conventionnel à destination de l’Afrique de l’Ouest »

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Ilse Fliege, Bocs

Ilse Fliege, à la tête de l'armateur allemand de conventionnel Bocs

Crédit photo ©bearbeitet
L’armateur allemand de navires conventionnels Bocs a mis en service mi-août un nouveau navire sur sa ligne régulière entre l’Europe du Nord et la côte ouest-africaine, avec Rouen en dernier port touché en Europe à l’exportation. La compagnie de Brême est fidèle au port normand depuis la création de sa ligne régulière il y a des décennies. Entretien avec la fondatrice et présidente de ce poids lourds du fret conventionnel.

En tant qu'exploitant de navires conventionnels, vous êtes bien positionné sur la desserte de la côte-ouest africaine. En Europe, vos navires chargent principalement à Anvers et à Rouen. D'où vient Bocs et sur quel modèle économique repose votre entreprise ?

Ilse Fliege : J’ai travaillé pendant des années comme directrice générale pour l’armateur allemand EAL. Quand l'actionnariat a changé, j’ai quitté l'entreprise et ai créé ma propre société. Bremen Overseas Chartering and Shipping a ainsi vu le jour à Brême en octobre 1990. Avec un positionnement clair : un service régulier de multipurposes entre l’Europe du Nord-Ouest et les pays francophones d’Afrique de l’Ouest sur la base de cargaisons breakbulk. Au début nous avons coopéré avec DRS (Deutsche Reederei) de Rostock avant d’établir un service commun avec BACO Liner. Puis à partir de 1997, nous avons poursuivi seul notre service en offrant des départs mensuels à l’exportation depuis Anvers et Rouen.

Aujourd’hui, les ports africains régulièrement touchés sont Abidjan, Libreville, Douala, Port-Gentil, et à la demande de nos clients, nous desservons Conakry, Lomé, Cotonou, Pointe-Noire et Luanda. Plus ponctuellement, nous connectons le Ghana et le Nigeria.

Au retour, nos navires assurent la desserte de Pointe-Noire, Douala, Libreville, et Port-Gentil. Nous y chargeons principalement des produits forestiers et agricoles. À savoir des bois – moins souvent en grumes et davantage sciées –, et du cacao, de plus en plus fréquemment conteneurisé. Les ports de déchargement en Europe sont La Pallice, Caen, Honfleur, Nordenham, Amsterdam et Anvers.

Faut-il une flotte homogène pour opérer ce service ?

I.F. : La boucle s'effectue entre 70 et 80 jours. Au départ, nous avons utilisé des unités de divers tonnages avant d’arriver à trouver les navires adaptés à notre service. C’est à dire de type Africans, puis Astrakhan. Entre 2014 et 2019, nous avons ainsi aligné les WAF Passion et WAF Motion, des polyvalents de 12 500 tpl avant d'acquérir deux navires de même type, les Bocs Vision puis Bocs Spirit, ces deux-là en pleine propriété.

En 2022, les trois Africans ont été remplacés par trois lakers polyvalents affrétés à long terme tandis que nous acquérions le Bocs Bremen de 34 350 tpl. Aujourd’hui, six navires assurent notre service régulier. Nous venons d’acheter, en partenariat avec un autre armateur allemand, un troisième navire de 12 500 tpl, le Bocs Passion, qui renforce le service depuis août.

Les ports sont souvent des variables d'ajustement pour les armateurs. Bocs est fidèle depuis sa création au port de Rouen.

I.F. : Nous avons en effet dès le lancement intégré Rouen dans notre ligne régulière. L’année dernière, nous y avons opéré 27 escales. Rouen a toujours été et reste le port de chargement le plus important pour les cargaisons mixtes sur l’Afrique de l’Ouest. Nous y sommes représentés par Logship, notre agent maritime pour la France depuis de longues années. Sa connaissance du milieu portuaire et des transitaires locaux nous aide beaucoup à développer notre service auprès. La clientèle française est très en demande des destinations francophones en Afrique de l’Ouest. Notre flexibilité et notre indépendance sont des atouts.

Comment naviguez-vous dans l'entrelacs des mutations économiques et géopolitiques en Afrique de l’Ouest ?

I.F. : Depuis que nous y opérons, la situation est devenue plus complexe avec la montée de l’influence de la Chine et de la Russie notamment. Mais nous restons convaincus que le choix stratégique d'investir dans cette niche maritime est le bon. Notre venons encore d'investir en établissant un bureau à Libreville et à Abidjan et maintenons une représentation commerciale à Douala au Cameroun..

Les évolutions économiques en Afrique de l’Ouest ne se traduisent pas par une perte de performances. Nous ne constatons pas de baisse significative de l’offre de transport. Le continent africain est partie prenante du commerce mondial. Répondre à ses besoins est un défi. Mais nous souhaitons contribuer à relever sur le plan économique et social ces défis afin d’assumer notre part de responsabilité dans une perspective globale.

En mai 2022, avec UAL, armateur également indépendant, avec lequel vous partagiez déjà des capacités, vous avez créé une entreprise commune pour élargir votre couverture à la Méditerranée et à la mer Noire. Où en êtes-vous dans cette aventure commune ?

I.F. : Nous nous sommes associés avec l’armement néerlandais UAL (Universal Africa Lines) dans le cadre d’une joint-venture (UBSL). UAL est bien établi sur l’axe Méditerranée-Afrique de l’Ouest en tramping. La société affrète des slots en fonction des besoins de chacun.

Propos recueillis par Robert Querret


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