HMM sort du premier semestre avec des profits. Le transporteur sud-coréen fait état d'une croissance de 18,6 % en glissement annuel de ses revenus pour le premier semestre, atteignant 3,64 Md$ tandis que son résultat net a bondi de 88 % sur un an, à 840 M$ et son bénéfice d'exploitation de 125 %, à 778 M$. La marge d'exploitation ressort à 21,1 %, soit un niveau particulièrement élevé.
Pour le seul deuxième trimestre, la société a enregistré un chiffre d’affaires de 1,92 Md$ (+ 25 % par rapport à la même période de l’an dernier) et un résultat net de 489 M$ (+ 111 %). Au premier trimestre, HMM avait réalisé un résultat net de 485 milliards KRW (356 M$) et une marge d'exploitation de 18,1 % avec ses activités de transport par conteneurs.
« Une augmentation des taux de fret et l’accent mis sur la rentabilité ont permis une croissance des revenus et des bénéfices (…) mais les incertitudes considérables résultant des risques géopolitiques et des tensions commerciales mondiales entraîneront probablement un changement soudain sur le marché mondial du transport maritime », a prévenu le huitième armateur mondial de porte-conteneurs.
Pour y faire face, l’entreprise entend « faire évoluer son offre avec réactivité » face à la demande, et ce par route et par région, notamment en introduisant de nouveaux navires, neufs ou acquis, indique-t-elle dans son rapport d'activité du deuxième trimestre. Le transporteur sud-coréen, qui détient une capacité de 856 000 EVP actuellement pour 78 porte-conteneurs, a 15 navires inscrits à son carnet de commandes représentant un apport de capacité de près de 140 000 EVP.
Livraisons à pas cadencés
La société vient de réceptionner de Hanwha Ocean Shipyard, ex-DSME, le HMM Sapphire et de Hyundai Heavy Industries (HHI) le HMM Pearl, deux porte-conteneurs de 13 255 et 13 788 EVP (20 rangées de conteneurs). Le HMM Sapphire est la troisième unité d'une série de six sisterships (propulsion conventionnelle avec scrubbers). Le HMM Pearl est la dernière unité de six navires aux caractéristiques quasi identiques.
Les trois derniers porte-conteneurs de Hanwha devaient initialement être livrées cette année, mais les constructeurs coréens font face à de structurelles pénuries de main-d'œuvre et à des problèmes d'approvisionnement, qui devrait en retarder la livraison de plusieurs mois.
Ils seront tous déployés a priori sur le service PSX entre la Chine et la côte ouest-américaine via la Corée, une boucle autonome de HMM qui ne fait techniquement pas partie de THE Alliance, mais sur laquelle ses membres disposent d'un créneau horaire.
Diversification dans d’autres segments
Pour lisser ses revenus, la compagnie sud-coréenne évoque par ailleurs une stratégie de diversification. Les compagnies asiatiques ont la culture horizontale, alignant une flotte plus diversifiée que les Européennes pour opérer dans le vrac, le transport de voitures et le breakbulk. Des segments qui n'échappent pourtant pas à la loi des cycles, mais qui sont régis par des contrats long terme, offrant une plus grande stabilité dans les bénéfices bien que le secteur reste moins rentable que le conteneur.
En novembre 2023, elle a ainsi signé un contrat d'affrètement de quatre vraquiers pour une durée de 16 ans, à partir de 2026. Ce contrat, d'une valeur de 954,2 M$, s’inscrit dans la stratégie présentée en juillet 2022.
HMM avait alors annoncé un plan d’investissement de 11,46 Md$ sur cinq ans visant à porter la capacité de sa flotte de porte-conteneurs à 1,2 MEVP et d’acquérir 26 vraquiers supplémentaires pour porter sa flotte à 55. Le oréen a ajouté six vraquiers en 2023 et prévoit d'en introduire 11 autres en 2024.
L'an dernier, la compagnie a commandé par ailleurs trois transporteurs de voitures de 8 600 CEU (unité équivalente voiture). En février dernier, elle a signé pour sept de 6 500 CEU, qui seront livrés par étapes à partir de 2025. Un retour intéressé dans l'activité de transport de voitures, qu'elle a vendue il y a plus de 20 ans à Eukor Car Carriers une coentreprise entre Wallenius Wilhelmsen et Hyundai Motor Group.
Elle revient sur ce marché actuellement dopé par les exportations de véhicules électriques chinois si bien que les tarifs d’affrètement de ces navires (PCTC) ont grimpé en flèche. Les 6 500 CEU, navires très recherchés, ont atteint les 115 000 $/j en janvier, contre une moyenne de 12 625 $ par jour en 2021, selon Clarksons Research.
Abandon de la vente ?
Après avoir lancé la procédure de privatisation de la compagnie nationale, les deux principaux actionnaires de HMM – la banque publique Korea Development Bank (KDB, 20,7 % du capital) et Korea Ocean Business Corp (KOBC, 19,9 %) –, ont étonnamment porté leur participation à 59,1 %, contre 57,9 % précédemment. L'opération complique encore la vente de HMM. Ce n’est qu’un énième mouvement dans le dossier de l'armateur sud-coréen, dont la privatisation des activités dans le conteneur, lancée en janvier 2023, semblait avoir été abandonnée en mars 2024.
Adeline Descamps
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