La compagnie sud-coréenne n’échappe pas à la manne des taux de fret même si elle revient des tréfonds. Elle signe une nouvelle performance trimestrielle alors qu’elle était abonnée ces dernières années aux trimestres dans le rouge. Dès le troisième trimestre 2020 à vrai dire, galvanisée par des taux de fret au plus haut et l’introduction de sa série de porte-conteneurs de 24 000 EVP, HMM s’était montrée confiante pour réaliser un bénéfice annuel pour la première depuis cinq ans. Elle ne s’y est pas trompée.
Grâce à un quatrième trimestre au bénéfice d'exploitation qui a plus que doublé, passant de 230,7 M$ (réalisé entre juillet et septembre) à 480,5 M$, le transporteur a fini l’exercice 2020 avec un bénéfice d'exploitation de 831,1 M$ contre une perte de 254 M$ en 2019. Il s’agissait alors de son meilleur bénéfice d’exploitation depuis 2010 et du second plus important de son histoire. Elle avait soldé l’année sur des revenus en hausse de 16,3 %, à 5,43 Md$.
La bonne fortune continue. La compagnie profite à plein de l’entrée en service de ses douze géants pour le compte de THE Alliance (Hapag-Lloyd, ONE, Yang Ming), qu’elle a rejoint l’an dernier. Elle détient au demeurant les plus importantes capacités sur les routes les plus lucratives actuellement (marché transpacifique et Asie-Europe) du point de vue des taux de fret. Et ce, d’autant plus qu’elle réalise une part importante de ses ventes sur le marché spot, dont les niveaux pulvérisent tous les records.
Bénéfice de 884,25 M$ versus perte de 1,7 Md$
HMM publie à l’issue des trois premiers mois de l’année un bénéfice d’exploitation de 884,25 M$ contre une perte de 1,7 Md$ pour la même période de l'année dernière. C’est dire que sur un seul trimestre, elle a quasiment enregistré son résultat d’exploitation de l’année 2020. La sud-coréenne encaisse un profit de 135 M$ contre une perte de 57 M$ l'année précédente, tandis que les ventes ont augmenté de 85 % par rapport à l'année précédente.
Les volumes transportés ont augmenté de 6,7 % au premier trimestre, à 0,95 MEVP. Et le transporteur, qui a déployé 24 extra-loaders pour faire face à l'augmentation de la demande, envisage en outre d’étoffer sa flotte de l’équivalent de 120 000 EVP de conteneurs dry en 2021 pour pallier la pénurie d’équipements.
L’État toujours en renfort
HMM, avec l’aide de la banque publique Korea Development Bank (KDB), son principal actionnaire (74 %) et plus grand créancier, s’apprêterait à commander 12 porte-conteneurs de 13 000 EVP, pour une valeur totale de 1,4 Md$, afin de renforcer sa compétitivité sur les routes transpacifiques. Les actions de HMM ont néanmoins clôturé en baisse de 1,95 % à 42 850 wons à l’issue de la présentation des résultats.
Pour rappel, la Corée du Sud fait partie des États qui abondent régulièrement le secteur maritime. Le gouvernement sud-coréen y a déjà alloué plus de 1 Md$, dont plus de la moitié (591 M$) en faveur de la compagnie nationale. La banque publique Korea Development Bank (KDB) a notamment déboursé 380 M$ pour rembourser la dette du transporteur sud-coréen qui arrivait à échéance l’an dernier. Elle avait déjà injecté 1,7 Md$ en 2017 et 850 M$ en 2018, qui lui ont notamment permis de passer commande de ses grandes unités. Depuis 2016, a comptabilisé Alphaliner, la KDB et la KOBC ont injecté plus de 3 280 milliards de wons par le biais de l'émission de titres de créance.
Adeline Descamps