La flambée du cours de l’action d’Hapag-Lloyd alimente toutes les spéculations sur une lutte de pouvoir entre actionnaires pour le contrôle.
Quand la bourse s’affole. Il aura suffi d’un coup de chaud de son action pour relancer toutes les spéculations sur une éventuelle lutte de pouvoir entre les deux principaux actionnaires du transporteur allemand. La capitalisation boursière de Hapag-Lloyd a atteint dernièrement 9,05 Md€ suite à une hausse du cours de son action, inexpliquée et inexplicable, tant et si bien que la société est actuellement évaluée à 1,44 fois sa valeur comptable, selon Alphaliner, contre 1,01 fois pour la moyenne de l'industrie sur la base du cours actuel de 12 compagnies maritimes cotées. Le cours de l'action Hapag-Lloyd a augmenté de plus de 130 % depuis le début de l'année. Ce qui paraît peu lisible aux yeux des analystes quand bien même Hapag-Lloyd affiche des ratios financiers bien meilleurs que la plupart de ses homologues sur la dernière année. L'environnement particulièrement tendu pour le transport maritime, du fait du ralentissement de l’économie mondiale et de la faiblesse des volumes échangés, a affecté le cours des actions de ses homologues.
Leurs supputations sont également alimentées par le fait que Klaus-Michael Kühne et la famille Luksic, qui contrôle CSAV, ont significativement augmenté leur participation dans Hapag-Lloyd au cours des 18 derniers mois*. Celle de Kühne Maritime est passée de 20,5 à 26,2 % entre janvier 2018 et fin juin 2019, tandis que celle de CSAV a augmenté, dans le même temps, de 25,5 à 27,5 %. Mécaniquement, le flottant est passé de 15,4 à seulement 7,7 %, ce qui a aussi engendré le retrait le 20 juin dernier de la compagnie de l'indice allemand Dax cotant les valeurs de petite capitalisation, le transporteur étant passé sous le seuil de 10 % nécessaire.
Déjouer les tentatives
Les spéculations sont aussi nourries par un autre faisceau d’indices. Klaus-Michael Kühne a du déjouer, par le passé, quelques tentatives d'OPA ou assimilés. Hapag-Lloyd a aussi été considéré récemment comme un candidat potentiel à une fusion avec ONE, partenaire de THE Alliance.
Cette situation intervient alors que l’entreprise montre des signes d’essoufflement. Bien que la performance globale du premier semestre se soit sensiblement améliorée – un bénéfice avant intérêts et impôts (EBIT) de 389 M€ versus 91 M€ au premier semestre 2018, un résultat net de 146 M€ versus une perte nette de 101 M€ et un résultat d’exploitation (Ebitda) à 956 M€ – l'activité du transporteur s'est considérablement ralentie au second trimestre, le bénéfice net ne représentant qu'environ un tiers de son bénéfice net du premier trimestre.
Le n°5 mondial, selon Alphaliner, opère 232 porte-conteneurs, dont 112 en propriété. Avec une capacité déployée de 1,68 MEVP, il pèse 7,2 % du marché mondial.
A.D.
* Répartition du capital au 30 juin 19 : Kühne Maritime (26,2 %), CSAV (27,5 %), Ville de Hambourg (HGV, 13,9 %), PIF (Arabie Saoudite, 10,2 %), Qatar Holding (14,5 %), flottant (7,7 %)