La flotte de Hapag-Lloyd vient de franchir une étape historique dans le classement Alphaliner, qui répertorie les transporteurs par la capacité de leur flotte, en dépassant pour la première fois les 2 MEVP au 21 février avec 273 navires (dont 122 en propriété).
La capacité de l'actuel numéro cinq mondial était passée de 0,74 à 0,98 MEVP en janvier 2015 lorsque le transporteur a fusionné avec CSAV, retrace Alphaliner. L'absorption d'UASC à la mi-2017 lui a permis d'atteindre les 1,5 MEVP. Les acquisitions de niche telles que NileDutch (2021) et Deutsche Afrika-Linien (2022) n'ont eu qu'un impact limité.
Tenir son rang
L'aptitude de Hapag-Lloyd à tenir son cinquième rang mondial fait partie des favoris chez les observateurs du marché du conteneur.
Avec 7 % de parts de marché, le numéro cinq mondial de la ligne régulière est tenu en respect par le quatuor de tête MSC, Maersk, CMA CGM et Cosco. L'avant-dernier du Top 5 le distance de trois points de parts de marché et 1 MEVP tandis que le premier du Top 10 (ONE) n'est qu'à 200 000 EVP et le second (Evergreen) à 300 000 EVP.
Mais en y ajoutant leurs tonnages en construction, il n’y a que l’épaisseur d'un trait avec le transporteur japonais, tandis que l’Allemand se fait coiffer au poteau par le Taïwanais.
Politique de commandes restrictive
La rentabilité gérée au cordeau, Hapag-Lloyd pratique en outre une politique de commandes conservatrice (12 navires, 252 000 EVP, parmi lesquels douze 23 500 EVP en cours de livraison). Ses profits, il les a davantage dirigés vers les quais pour servir une intégration (tardive) de stratégie verticale à laquelle il n’avait pas encore cédé. À contre-courant ou en contretemps…
L’offre (avortée) qu’Hapag-Lloyd a déposée pour acquérir ou prendre une participation dans HMM en cours de privatisation peut être interprétée comme une volonté de préserver son droit d’entrée.
Future consolidation
« La taille n’est plus la raison d’être du transport maritime », confiait Rolf Habben Jansen, le directeur général, en 2018, à l’occasion de la présentation de sa vision à cinq ans.
À l’époque, la presse avait révélé que CMA CGM et Hapag-Lloyd avaient échangé à plusieurs reprises. La rumeur avait tellement enflé que les principaux actionnaires de l’armateur allemand, notamment la famille Kühne, CSAV et la Ville de Hambourg (13,9 %), avaient dû admettre avoir été approchés.
Dans la perspective d’une future opération de consolidation, les rôles-titres seraient détenus par Hapag-Lloyd et ONE, assure Lars Jensen, analyste du secteur au sein de la société Vespucci Maritime. « Nous assisterons à une fusion à un moment donné, peut-être en 2025. La modification des règles de concurrence de l’UE pour le transport maritime de ligne favorisera cette évolution », estime-t-il, en faisant référence à la décision de Bruxelles de mettre fin à l’exemption aux règles de la concurrence dont bénéficiait le secteur. Un scénario que Rolf Habben Jansen a rejeté à plusieurs reprises.
Adeline Descamps