L’armateur allemand a affiché de bons ratios financiers en 2019. Les présenter alors même que le monde a basculé dans l’inconnu sous le coup d’une crise sans précédént paraît anachronique. Hapag-LLoyd reste confiant pour 2020 et maintient même ses prévisions alors que ses homologues les ont suspendues.
Afficher une certaine opulence, alors même qu’une crise d’une forme et d’une violence inconnues est en train de se déployer, a quelque chose de surréaliste. C’est pourtant bien la situation incongrue qui s’est présentée au premier armateur allemand à l’occasion de la présentation de ses résultats 2019. « Nous sommes aujourd’hui confrontés à des temps incertains et des bouleversements rapides. Cela ne doit cependant pas faire oublier que l’année 2019 a été une très bonne année pour Hapag-Lloyd », les résultats ayant été « nettement meilleurs » que ceux de 2018, a expliqué Rolf Habben Jansen. Le transporteur public allemand a augmenté ses volumes transportés, amélioré ses taux de fret, maîtrisé ses coûts et réduit « significativement » son endettement.
Le chiffre d’affaires d’Hapag-Lloyd a ainsi progressé d’environ 3 % pour s’établir à 12,6 Md€ (11,8 Md€ en 2018). Le résultat net du groupe atteint 373 M€ avec un Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) à presque 2 Md€ et un Ebit à 800 M€. Les résultats ont été tirés par les volumes transportés, en progression de 1,4 % pour environ 12 MEVP. Le taux de fret s’est aussi amélioré – 1072 $/EVP en moyenne contre 1044 $/EVP en 2018 – grâce à une meilleure gestion des coûts et à une rationalisation des services maritimes. Enfin, l’armateur a réussi à rembourser plus de 800 M€ à ses créanciers, ce qui ramène son ratio d’endettement par rapport à son Ebitda à 3 alors que l’objectif 2019 était de 3,5. Ces résultats ont permis de verser un dividende par action valorisé, passé de 0,15 cents en 2018 à 1,10 € en 2019. Au 31 décembre 2019, son ratio de fonds propres était de 40,9 % et sa réserve de liquidités de 1,1 Md€ (1,2 Md$ en 2018). Son endettement s’élève néanmoins à 6,3 Md€.
Pour Rolf Habben-Jansen, « 2020 sera une année très inhabituelle compte tenu de la situation économique de nombreux marchés sous le coup de l’épidémie du coronavirus. Mais après le premier choc, on peut penser que les marchés en Chine et en Asie vont se rétablir plus rapidement que ce que l’on craignait », a-t-il expliqué. Le patron d’Hapag-Lloyd a précisé que sa compagnie se concentrerait sur la « protection de la santé de ses salariés et la stabilité des chaînes logistiques » et, si la crise devait durer plus longtemps que prévu, qu’il activerait des mesures financières préventives. Les objectifs 2020 affichés par la compagnie allemande sont optimistes : un résultat opérationnel avant provisions et amortissements compris entre 1,7 et 2,2 Md€ et un bénéfice avant intérêts et impôts entre 500 M$ et 1 Md$.
Thomas Schnee