Propriétaire des chantiers allemands MV Werften et Lloyd Werft, des plus grandes compagnies de croisière asiatiques Star Cruises, Dream Cruises et Crystal Cruises, Genting tente de préserver ses liquidités dans une période très difficile pour l'entreprise.
L’asiatique Genting rejoint donc ses homologues occidentaux, Carnival et Royal Caribbean, dans la course aux liquidités pour se maintenir à flot alors qu’ils ont été terrassés par la pandémie. À l’arrêt depuis quelques mois, les opérateurs de croisières doivent survivre sans revenus tout en assurant la mise en condition opérationnelle des navires, source de coûts.
Genting Hong Kong est une filiale du conglomérat malais Genting présent à la fois dans la construction navale, la croisière, les resorts en Asie du sud-est. De par son exposition à la croisière et sa localisation géographique en Asie, l’entreprise hongkongaise a suspendu toutes les opérations de ses paquebots dès février. La plupart sont toujours à quai. Les compagnies du groupe, parmi les grandes d’Asie, Star Cruises, Dream Cruises et Crystal Cruises, ont reporté la reprise de leur activité à 2021. Leur maison-mère vient d’annoncer qu’elle n’était plus en mesure de payer ses fournisseurs.
Mi-août, le groupe avait déjà invoqué la pandémie pour justifier la suspension de ses créances, y compris les affrètements, et annoncé un plan de restructuration, invitant ainsi ses créanciers à l’indulgence le temps de sa convalescence. Au 31 juillet, l'encours de la dette financière du groupe s'élevait à 3,37 Md$, dont 3,7 M$ de frais bancaires liés à la construction de navires garantis par Genting. Il a parallèlement cédé un tiers du capital de Dream Cruises pour lever des fonds.
Compte tenu de l'incertitude persistante de ses difficultés, qui a fait chuter son action de 40 % cet été, Genting Hong Kong, coté à la bourse de Hong Kong, a publié des avertissements sur les bénéfices concernant ses résultats semestriels.
Effet cascade
« Les liquidités disponibles de la compagnie seront réservées au maintien des services essentiels pour les opérations du groupe, tandis que la compagnie s'efforcera de négocier une solution globale de restructuration de la dette financière actuelle du groupe », a déclaré la compagnie.
Le groupe a actuellement deux paquebots en cours d’achèvement, le Crystal Endeavor et le Global Dream. Le premier a été mis à l’eau en décembre dernier à Stralsund, un des trois chantiers allemands du groupe, avec Wismar et Rostock, chapeauté par MV Werften. Il devait être livré en août de cette année, mais sa livraison a glissé à l’année prochaine. Le second est à flot à Wismar et sa livraison, initialement prévue en 2021, a également été décalée. Le Global Dream fait partie d’une série, dont le sort est sans doute conditionné aux suites de la crise sanitaire et économique. Le Crystal Endeavor devait avoir un sistership, dont le destin est également hypothéqué par la conjoncture et plus encore par les difficultés financières du groupe qui empêchent les chantiers navals allemands de reprendre leur activité.
Après être passés de main en main, les trois chantiers de l’ex-RDA ont été acquis par Genting Hong Kong en 2016. Le groupe malaisien cherchait alors à sécuriser les commandes de ses paquebots pour sous ses trois marques. Un choix que d’aucuns avaient jugé opportuniste. La construction de paquebots de luxe bénéficie de la générosité publique en Allemagne. Or, cette fois, les pouvoirs publics allemands attendent le résultat de plusieurs audits financiers concernant tant MV Werften que Genting avant d’octroyer de nouvelles largesses.
Adeline Descamps