Fincantieri a reçu le feu vert pour lancer les opérations dans le cadre d’un pré-engagement signé en 2018 pour une série de six paquebots (238 m, 30 passagers). Sur cet ensemble de dix-huit unités, d’une valeur totale de plus de 1,7 Md€, deux sont des paquebots d’exploration (Viking Octantis et Viking Polaris), de 378 passagers. Ces derniers ont été confiés au chantier norvégien Vard, filiale du constructeur naval italien.
Les quatre navires, conçus pour intégrer les piles à combustible, confirment l’intérêt de la compagnie de croisière pour l'hydrogène qui devrait partiellement alimenter sa prochaine génération de navires de croisière. L’exploitant de paquebots n’a pas le choix. Le gouvernement norvégien a annoncé son intention d'interdire les combustibles fossiles dans les fjords à partir de 2026.
Les premiers des nouveaux navires devraient être livrés en décembre 2024 et en juillet 2025, les quatre dernières options désormais exercées sont attendues en 2026 et 2027 pour deux d’entre elles tandis que les dernières doivent être réceptionnées par la compagnie de croisière en 2028.
En mai dernier, Fincantieri a livré le Viking Mars tandis que Viking Neptune est attendu en fin d’année. Le dernier navire de cette classe, le Viking Saturn, a été mis à flot au chantier naval de Fincantieri à Ancône fin juin et devrait être livré début 2023.
Une perte financière au premier semestre
Fin juillet, le groupe italien a annoncé une perte financière pour le premier semestre alors que sa production a atteint un nouveau record et que ses revenus ont bondi de 16 % par rapport au premier semestre 2021, à 3,51 Md€.
« Les résultats du deuxième trimestre sont affectés par les impacts d'une révision stratégique du portefeuille d'activités non essentielles, par la flambée des prix des matières premières causée par le conflit russo-ukrainien et par d'autres éléments non récurrents », a justifié Pierroberto Folgiero, le nouveau directeur général et administrateur délégué du groupe, qui a pris ses fonctions le 30 juin en remplacement de Giuseppe Bono. Le conflit en Ukraine a en grande partie contribué au renchérissement des coûts, en raison du coût de l’acier et des énergies. Il a également eu une influence négative sur les coûts de transport et d'assurance pour le groupe qui construit des sections en Roumanie et les transfère via la mer Noire vers l'Italie où les navires sont assemblés.
Au total, huit navires provenant de cinq de ses chantiers ont été livrés au cours du premier semestre 2022, ce qui a contribué à une augmentation de 16 % des revenus nets (plus de 3,5 Md$). Pour autant, la société a déclaré un Ebita en baisse (90 M€ vs 219 M€ au premier semestre 2021) et un résultat net en pertes (234 M€). Ces facteurs ont contribué à accroître l’endettement du groupe depuis décembre 2021, passé de 2,2 à 3,29 Md€. Le nouveau directeur général prévoit une amélioration d’ici la fin de l’année, en partie grâce à la livraison de cinq navires de croisière supplémentaires.
Le carnet de commandes du groupe compte actuellement 93 navires dont les livraisons sont prévues jusqu'en 2029, pour une valeur de 24,1 Md€. En outre, le groupe a des engagements en cours pour 20 navires supplémentaires et signale les premières commandes depuis des années pour de nouveaux navires de croisière, avec un potentiel de plus de 10,5 Md$ de revenus supplémentaires. Les paquebots constituent toutefois le plus petit segment du carnet de commandes, avec 27 navires, contre 34 pour le militaire et 32 pour les navires offshore et spécialisés.
La troisième unité du programme Constellation pour la marine américaine a été confirmée à Fincantieri Marinette Marine, sa filiale implantée dans le Wisconsin aux États-Unis tandis que Vard a engragé deux autres navires offshore, consolidant sa position dans la construction de navires pour le secteur de l'éolien offshore.
Adeline Descamps