Un mois à peine après que la compagnie espagnole Pullmantur Cruises se soit déclarée en insolvabilité, deux de ses paquebots sont arrivés dans les chantiers démantèlement de Turquie : les Sovereign, âgé de 32 ans, et son sistership, le Monarch. Le premier a ouvert la voie aux paquebots tels qu’on les connait aujourd’hui.
Lancé en 1988 sous le nom de Sovereign of the Seas (2 600 passagers) pour Royal Caribbean International, le navire de 74 000 GT a initié une nouvelle génération de méga-paquebots en étant près de deux fois plus grand que les précédents navires de la compagnie américaine. Huit ans auparavant, la Norwegian Caribbean Lines (aujourd'hui Norwegian Cruise Line) avait donné le La en transformant le transatlantique France en Norway. Royal Caribbean a réagi en commandant le futur Sovereign of the Seas aux Chantiers de l'Atlantique, alors seul constructeur naval ayant l'expérience de la construction de grands navires à passagers.
Avec cette nouvelle construction, Royal Caribbean s’est affranchi des limites de ses prédécesseurs et a intégré les caractéristiques qui sont quasiment celles du paquebot aujourd’hui, assimilé à un hôtel moderne : embarquement dans un atrium de cinq étages avec des ascenseurs vitrés, grandes piscines, de nombreux bars, salons et salles à manger...
Course au gigantisme
Le Sovereign of the Seas naviguait toute l'année pour des croisières de sept jours de Miami aux Caraïbes orientales. Au début des années 1990, il a été rejoint par deux autres navires, le Monarch of Seas et le Majesty of the Seas. Le succès du Sovereign of the Seas va déclencher une course au gigantisme. Carnival va notamment y répondre en lançant une nouvelle construction de 70 000 GT avec un atrium intérieur encore plus haut. Il gardera ensuite ses avancées en étant l’instigateur d’un paquebot d’une jauge brute de 228 000 tpl et d’une capacité d’accueil jusqu'à 6 600 passagers.
Le Sovereign of the Seas a été transféré en 2008 à Pullmantur Cruises, à l'époque marque du groupe Royal Caribbean concentrée sur le marché hispanophone. Le Monarch ralliera plus tard la flotte de Pullmantur. Royal Caribbean, qui figure toujours au capital de Pullmantur, a pris récemment le contrôle des navires mais pour une destination finale : la baie d'Aliaga, en Turquie, où il doit être démantelé.
A.D.