Clément Mousset et Cédric Rivoire-Perrochat, cofondateurs d’une nouvelle compagnie française, ont installé le siège social à Marseille, boulevard des Dames, là où se sont écrites quelques pages de l’histoire des liners. La société, qui ambitionne de se frayer un chemin non emprunté dans le secteur de la croisière, affirme avoir déjà commercialisé 10 % de la capacité de son Astor depuis le 2 janvier. Entièrement rénové, le paquebot de 33 ans entamera sa seconde vie à compter de mai 2021 au départ du Havre et de Marseille.
« En une semaine, nous avons atteint déjà les 10 % de remplissage sur la saison avec 1 000 passagers confirmés. Nous visons sur la saison 10 000 croisiéristes, c’est 20 fois moins que nos confrères », s’est réjoui, le 14 janvier à Marseille, Clément Mousset. À 44 ans, le dirigeant rompu au management de compagnies de croisières a fondé, aux côtés de Cédric Rivoire-Perrochat, autre homme du sérail, la compagnie Croisières Maritimes et Voyages. Une aventure maritime d’un autre temps, celle des liners de la Transat, du France et du Normandie.
« J’ai le vertige tous les jours, ce n’est pas un rêve de gosse », admet Clément Mousset qui prend un risque somme toute mesuré. CMV est la filiale française de la compagnie britannique indépendante Cruise and Maritime Voyages, propriétaire de six paquebots de faible capacité. À l’heure des resorts flottants démesurés, du high tech, des restos à gogos et clinquants, CMV mise sur la sobriété et l’intimité. Quasiment pas de balcon et Internet au compte-gouttes !
Pavillon au boulevard des Dames, siège de la Transat
Un positionnement volontairement à contre-courant pour séduire les 50-70 ans et les célibataires. La compagnie qui propose des itinéraires de 12,5 jours affiche également son positionnement sur le segment de la croisière francophone. À bord du futur Jules Verne immatriculé à Nassau un équipage étranger et le personnel d’hôtellerie Mauricien.
Aux premiers jours de janvier, Croisières Maritimes et Voyages a hissé son pavillon au boulevard des Dames, siège de la Transat. Une installation soutenue par le Club de la Croisière et l’agence d’attractivité Provence Promotion. « Les autorités locales nous ont aidé. Nous sommes une quinzaine de collaborateurs venus de Paris. Certains étaient originaires de Marseille et sont ravis de retrouver le soleil. Nous espérons recruter cinq personnes supplémentaires d’ici cinq ans », ajoute Clément Mousset.
Entre les méga paquebots de Costa et MSC
Installé à quelques encablures des quais, il se plait à rêver d’admirer son fier navire de la fenêtre. « J’aimerais être la première compagnie à effectuer un embarquement tête de ligne au J4. Mais nous devons aller au MPCT et nous ne serons pas prioritaires », explique-t-il. Le petit Jules Vernes devra en effet se frayer un chemin entre les méga palaces flottants de Costa et MSC, concessionnaires du site. Une grande cérémonie de présentation du paquebot se tiendra le 16 mai 2021 à Marseille.
Lors des escales européennes et françaises, la consignation coque du navire sera confiée à l’agence maritime Humann & Taconet. L’agent excursion a également été désigné mais non encore divulgué. Enfin, CMV —qui précise que le navire fait l’objet d’un séjour en cale sèche annuel— envisage pour l’arrêt technique de trois semaines à l’automne 2021 de le confier aux Chantiers Navals de Marseille. La « one single ship company », selon l’expression consacrée, envisage l’entrée en flotte d’une deuxième unité de 1 000 passagers à horizon 2023.
Nathalie Bureau du Colombier