Où en êtes sur la décarbonation de la flotte alors que la feuille de route de la filière française a été rendue il y a près d'un an ?
Caroline Neuman : Aux côtés de la direction générale des Affaires maritimes, de la Pêche et de l’Aquaculture (DGAmpa), nous travaillons sur la feuille de route décarbonation du maritime par segment de flotte pour adapter les solutions en fonction des contraintes typologiques de chaque navire.
Nous avons créé des groupes de travail dédié aux ferries, aux porte-conteneurs, aux gaziers, aux navires de service et aux bateaux de pêche. Nous allons lancer par ailleurs un groupe de travail pour les petits navires de desserte des îles, les transrades. Nous étudions différents leviers technologiques, de la forme de la carène à la motorisation en passant par les énergies à bord, ainsi que sur tous les moyens déployés pour réduire la consommation de carburant comme le vélique. Le bio-GNL peut être une bonne solution. Sur l’ammoniac, nous sommes attentifs à la sécurité du personnel.
Le déploiement du marché carbone européen (ETS ou SCEQE en français) a démarré pour le transport maritime en janvier. L'affectation des recettes tirées de la tarification carbone est-elle tranchée ? A quoi, selon vous, doivent-elles être destinées ?
C.N. : Des discussions interministérielles sont toujours en cours. L'idée est récupérer une partie des recettes de l‘ETS au bénéfice de la décarbonation du transport maritime. Ces recettes pourraient abonder le fonds d’investissement dans le maritime de 1,5 Md€, lancé fin 2023 par Emmanuel Macron, avec un apport public de 500 M€ d’argent public et 1 Md€ d’investissements privés (banques, CMA CGM). En cette période de réduction des budgets, il convient de faire travailler ensemble mondes académique et économique, de lancer des programmes structurants a l’instar de ce qui a été réalisé dans le domaine de la propulsion vélique.
Quel regard portez-vous sur la filière hydrogène ?
C.N. : Beaucoup d’initiatives et d’acteurs agissent et doivent se structurer pour proposer un programme de déploiement de l’hydrogène dans le maritime. Le verdissement de la flotte se fera par étapes et nous devons sélectionner les navires les plus aptes pour une alimentation hydrogène. Dans le cadre de nos travaux, l’hydrogène occupe une place resteinte. La création d’un écosystème hydrogène soutenu par les régions aura du sens.
Propos recueillis par Nathalie Bureau du Colombier