Pour son arrivée à Saint-Malo en provenance du chantier vietnamien de Piriou où il a été construit, Grain de Sail II a été accueilli sur le quai des Corsaires par le navire amiral de l'entreprise, le Grain de Sail I, probable tête de pont d'une série.
Ce voilier cargo de 24 m, emportant 50 t de fret, a été conçu en 2018 comme un démonstrateur du transport à la voile presque 100 % décarboné avec le recours au moteur pour les manœuvres portuaires. Depuis sa première traversée en 2020, il effectue deux rotations par an entre Saint-Malo et Point-à-Pitre pour rapporter 100 t de café et de chocolat, transformé par l'entreprise à Morlaix (Finistère).
Malentendu initial
Le lancement d’une activité de torréfaction de café et de fabrication de chocolat a dès le départ été vu par l'entreprise comme un moyen : celui de se lancer dans le transport à la voile. Dont acte avec le premier voilier cargo, qui ne couvre toutefois que la moitié des besoins de la chocolaterie, en pleine croissance et qui a produit 400 t de chocolat en 2023.
« Avec Grain de Sail II, l’objectif est d’importer nous-même 100 % de notre café et chocolat, explique Stefan Gallard, directeur marketing de l’entreprise. Ce nouveau voilier nous permettra de faire la même chose en plus grand. »
Capacité d'emport de 350 t
Avec ses deux mâts, ses 52 m de long pour 6 m de tirant d’eau, le voilier cargo peut en effet transporter, à une vitesse de croisière de 12 nœuds, 350 t de marchandises, soit 240 à 294 palettes. Cela permet d’ouvrir la cale à d’autres chargeurs, raison pour laquelle Grain de Sail a créé une filiale de commission de transport et un entrepôt de 1 200 m² bord à quai à Saint-Malo.
Destination les Antilles… et New-York
Grain de Sail II effectuera également deux rotations par an entre les Antilles et Saint-Malo, son port d’attache. Mais sa vitesse supérieure lui permettra d’intercaler, entre deux voyages, une transatlantique à destination de New-York, ou plus précisément de Port-Elizabeth (New Jersey).
« Les 15 jours nécessaires pour la traversée nous rapprochent des transit times des cargos conventionnels, estime Stefan Gallard. Avec notre petite taille, nous desservons des ports secondaires sans nécessité de réserver des slots de manutention. D’autant que nos deux grues nous permettent d’effectuer nous même le chargement ou déchargement, avec ou sans recours aux dockers. »
Première traversée prévue en mars
Le voilier cargo, réceptionné fin novembre en provenance du Vietnam, a transité sur ses propres moteurs, c’est à dire lentement. Il a ensuite été équipé, à Saint-Malo, de ses deux mâts conçus par l’entreprise lorientaise Lorima. Reste à installer les voiles et l’hydrogénérateur, avant une première transatlantique prévue début mars.
Les premiers clients, pour les transports à destination des États-Unis, appartiennent aux secteurs des vins et spiritueux, maroquinerie, parfums et cosmétiques. « Nous transportons tout ce qui peut être mis sur palettes, mais le différentiel de prix avec le transport maritime habituel nous oriente vers des produits à forte valeur ajoutée, reconnaît Stefan Gallard. C’est parce que l’on a choisi de construire un navire à propulsion 100 % vélique, et non un hybride, que nous n’obtenons pas les économies d’échelle à laquelle parviennent des navires de plus grande taille », rappelle-t-il.
Étienne Berrier
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