Deuxième avarie commune de l’année pour Maersk en tant qu'affréteur après celui du Dali, le porte-conteneurs responsable de l'effondrement du pont à quatre voies Francis Scott Key qui a bloqué le port américain pendant plusieurs semaines.
La mesure, qui implique un partage des coûts entre le propriétaire du navire, l’affréteur et les chargeurs et qui, selon les règles d’York et d’Anvers, peut aussi encourager certains assureurs à vérifier l’état de navigabilité du navire au moment de son départ, va être appliqué au Maersk Frankfurt. Selon la procédure, une fois les conteneurs déchargés, ils ne seront donc pas remis à leur destination tant que les intérêts de la cargaison n'auront pas pris les dispositions nécessaires par l'intermédiaire des experts en avarie commune.
À peine sorti des cales d’un chantier naval du Japonais Imabari, le porte-conteneurs de 5 500 EVP, livré en juin à son propriétaire Tokei Kaiun, affrété par Maersk et géré par Bernhard Schulte Shipmanagement, naviguait de Mundra dans le nord de l'Inde vers le Sri Lanka lorsque l'incendie s’est déclaré. Il était alors à 185 km au large de la côte ouest-indienne, au nord de Goa.
Déballage de moyens en vain
Dix jours après le sinistre, les moyens déployés par les garde-côtes indiens – cinq navires, deux hélicoptères qui ont largué des centaines de kilos de poudre pour tenter de maîtriser l'incendie, un avion Dornier –, n'étaient toujours pas parvenus à venir à bout des flammes en fin de semaine. Le feu a fait un mort parmi les 21 membres d’équipage, un marin de nationalité philippine, tandis que les dommages matériels semblent principalement se localiser sur la baie 18, sur le côté tribord, avec la quatrième rangée de conteneurs rongée par le feu, d'après l'assureur des cargaisons WK Webster.
À ce stade, aucune information n’est avancée sur les causes de l’incident et pas davantage sur ce qui alimente l’incendie plus de dix jours après avoir été déclenché. La présence à bord de matières dangereuses (benzène, cyanate de sodium…) est cependant confirmée par le manifeste des marchandises.
L'autorité maritime du Panama, l'État du pavillon du porte-conteneurs, affirme pour sa part qu'une explosion a provoqué l'incendie, sans plus de détails.
Des professionnels sur place
L’équipe de la société de sauvetage et remorquage mandatée par le propriétaire du navire vient d’arriver sur les lieux afin d’aider les équipes sur place dans les opérations et dans l’évaluation des dégâts. Le navire serait actuellement à une centaine de km au sud de New Mangalore, qui sert de base d'opérations.
Alors que trois remorqueurs se trouvent sur site, l'AHTS Valiant, basé à Sharjah, en Inde, était attendu le dimanche 28 juillet tandis qu’une autre unité, de plus grande taille, devrait arriver le 30 juillet.
L’accident risque de raviver les débats sur les incendies à bord des porte-conteneurs, qui figurent parmi les sinistres les plus récurrents ces trois dernières années. Le fret mal déclaré, et donc ni emballé ni arrimé en conséquence, est régulièrement pointé comme étant à l’origine de l’une des grandes problématiques du transport maritime.
Adeline Descamps
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