Première mondial se défendait K-Line en septembre 2020 quand la compagnie maritime japonaise avait annoncé le lancement d’un projet consistant à expérimenter la technologie de capture et stockage de CO2 (CCS) sur un navire en service. Le cas échéant, avec ses partenaires Mitsubishi Shipbuilding et Nippon Kaiji Kyokai, elle avait indiqué qu’elle pousserait la R&D en vue d’une commercialisation d’installations dites compactes.
Les premières étapes consistaient à procéder à divers tests d’efficacité du système à bord et d’en mesurer les performances en termes d’exploitation et de sécurité. La première phase de test est terminée et elle est concluante, indique aujourd’hui le transporteur nippon. Notamment, il a été possible de séparer et capter le CO2 rejeté par les gaz d'échappement des moteurs sur le Corona Utility. Le vraquier est exploité par K-Line pour transporter du charbon pour le compte Tohoku Electric Power. L’installation de la « petite usine » à bord avait été opérée en août dernier.
L’équipage en toute autonomie
Mitsubishi Shipbuilding a assuré dans un premier temps le fonctionnement et l’entretien du site pilote, instruisant l'équipage du navire sur la manière de l'exploiter. Ils ont, conformément au cahier des charges, mesuré et analysé le CO2 capté et évalué les performances du système. À partir de la mi-septembre, l'équipage du navire a procédé en toute autonomie à l'exploitation et à la maintenance de l'installation. Ils vont continuer à le faire pour nourrir la R&D en vue d’une éventuelle commercialisation.
Conformes aux attentes
Les mesures du CO2 « capturé » indiquent une pureté de plus de 99,9 %, ce qui le rend apte à la valorisation. Les associés visent notamment des applications pour la production d'engrais ou de méthanol voire la récupération assistée du pétrole (en anglais, enhanced oil recovery ou EOR), qui consiste à augmenter la quantité de pétrole brut extraite à partir d'un gisement.
Accélération des projets
Les Japonais ne sont plus les seuls à travailler dans cette voie. L’équipementier finlandais Wärtsilä Exhaust Treatment et la compagnie maritime norvégienne Solvang ASA ont récemment convenu d'une unité pilote à grande échelle sur l'un des transporteurs d'éthylène de la société norvégienne, le Clipper Eos d’une capacité de 21 000 m3, d'ici 2023.
Le fabricant néerlandais de scrubbers, Value Maritime, prévoit aussi d’embarquer très prochainement la technologie sur le Nordica, un navire de 1 036 EVP appartenant à Visser Shipping.
Adeline Descamps