21,9 % des marins sont vaccinés

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Les indicateurs relatifs aux conditions d’emplois des marins présentent pour la première fois des signes plus encourageants qu’alarmistes. Après des mois de détérioration, l'indice Neptune, que dix sociétés de gestion de flotte ont initié en début d’année pour suivre les contrats de travail de leurs 90 000 marins, ne s’améliore pas mais ne se dégrade pas. Et le taux de vaccination décolle enfin.

Les gens de mer ont payé un lourd tribut à la crise sanitaire. En fin d’année dernière, ils étaient encore 400 000 bloqués en mer en raison des mesures gouvernementales de restrictions sanitaires, au mépris de la convention internationale sur le droit du travail des marins qui fixe la limite légale de la durée du travail des marins à onze mois.  

Après avoir subi des quarantaines, des refus d’embarquer et de débarquer, de circuler dans les ports en transit…, ils composent désormais avec les protocoles vaccinaux hétérogènes des pays, les carences en dose et le accès aux vaccins dans certains pays alors que l'adoption d'un plan mondial de vaccination peine à se concrétiser.  

Mobilisation sans fin

L’apparition la souche Delta en Asie, qui a conduit à émettre de nouvelles restrictions et à annuler des vols, a contraint un peu plus leur mobilité. C’est d’autant plus problématique que l’Asie est un grand « fournisseur » de marins si bien que la pénurie reste une menace.  

Depuis plusieurs mois, la problématique de la relève d’équipage fait l’objet d’un suivi. L’initiative des gestionnaires de flotte* a été lancée dans le cadre de la déclaration de Neptune, un engagement collectif de la profession en faveur des marins. Cette mobilisation n’est en réalité qu’une parmi tant d’autres qui ont voulu sensibiliser les pouvoirs publics à la situation des marins, lesquels n’ont jamais bénéficié du statut de « travailleurs essentiels ».

Mais il faut reconnaître que même une adoption de l’ONU arrachée in extremis lors des derniers de décembre n’ont pas davantage mobilisé.

8,9 % de marins travaillent avec un contrat qui a expiré

« Les restrictions en matière de voyages, les annulations de vols et les fermetures nationales continuent d'empêcher les marins de rentrer chez eux. Mais il pourrait y avoir de la lumière au bout du tunnel », indique le dernier relevé du baromètre des gestionnaires élaboré par le Forum maritime mondial. 

Après des mois de détérioration, l'indicateur de septembre ne s’améliore pas mais ne se dégrade pas. Le nombre de marins toujours à bord alors que contrat a expiré a légèrement diminué, passant de 9 à 8,9 %. Pour autant, dans le premier indice publié (en avril), ce pourcentage n’était « que » de 5,8 %. 

Le nombre de ceux qui officient depuis plus de onze mois semble aussi s’infléchir, de 1,3 % à 1,2 %.  

21,9 % de marins vaccinés

« Les programmes mis en place pour offrir des vaccins aux marins internationaux, notamment aux États-Unis et dans certains pays européens, commencent à porter leurs fruits », se félicitent les sociétés de gestion des équipages. La part des gens de mer vaccinés a en effet bondi, de 15,3 % début août à 21,9 %. En comparaison, la part de la population entièrement vaccinée en Europe et Amérique du Nord est d'environ 50 %.

Les Philippines, le Myanmar, l'Indonésie, le Venezuela et la Lettonie demeurent les pays où l’accès aux vaccins est le plus problématique.

En revanche, les gestionnaires de navires indiquent que, pour la première fois, ils sont confrontés à ce qu’ils anticipaient vivement : une pénurie de marins, imputant les restrictions de voyage pour les marins indiens et la période des vacances d'été en Europe.  

Statut écorné

Le statut de premier « fournisseur mondial » de personnels pour le transport maritime international octroyé aux Philippines a été écorné par la crise sanitaire.

Selon les données de l'Administration philippine de l'emploi à l'étranger (POEA) publiés par l'Autorité de l'industrie maritime (Marina), le nombre total de marins déployés à l'étranger depuis le pays a chuté de 54 % en 2020 pour atteindre 217 223 contre 469 996 en 2019. Le nombre d'officiers en navigation internationale a diminué de 48 %, passant 97 400 à 50 277 entre 2019 et 2020.

Au-delà, un autre indicateur alerte, celui du bien-être mental des marins, particulièrement entamé. Une autre bombe à retardement, alertent les exploitants de navires. 

Adeline Descamps

*L'indicateur de changement d'équipage de la déclaration Neptune s'appuie sur les données consolidéesde dix sociétés employant 90 000 marins : Anglo-Eastern, Bernhard Schulte, Columbia Shipmanagement, Fleet Management (FLEET), OSM, Synergy Marine, Thome, V.Group, Wallem et Wilhelmsen Ship Management, qui comptent collectivement environ 90 000 marins à bord. 

 

 

 

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