Une journée sans fin pour les dockers qui restent arc-boutés sur leurs revendications et vent debout contre les nouvelles conditions à la suite de la réforme des retraites promulguée le 14 avril 2023.
Depuis novembre 2023, la CGT Ports et Docks observe des arrêts de travail d’une durée de quatre heures, variant en fonction des ports entre 10 et 16 h. Cet énième vague de mouvements porte sur les mêmes revendications, à savoir les mesures d’accompagnement social de la réforme.
Entamé sans grand bruit le 21 mai et observée le 23 mai, le mouvement doit se poursuivre cette semaine où trois jours sont prévus, les 27, 29 et 31 mai.
En juin, pas moins de 10 jours de perturbations dans les ports sont prévus les 4, 6, 10, 12, 14, 18, 20, 24, 26 et 28 juin. Il n’est pas certain à ce stade qu’ils soient tous maintenus ni observés avec la même force dans tous les ports.
Ténacité sur les quais
Après plusieurs séries de grèves – celles de novembre et de début février avaient été particulièrement suivies dans les grands ports maritimes de Marseille, du Havre et de Rouen mais aussi dans de plus petits, comme à Lorient ou à Brest –, le gouvernement ne semble pas vouloir souscrire aux demandes de la CGT Ports et Docks.
En février, le mouvement syndical avait renoncé in extremis à son opération de blocage total programmé le 27 février, qui devait clore une série de trois jours de perturbations sociales les 16 et 22 février. Finalement, les appels à l’arrêt du travail auront été observés uniquement le 16 février.
Les dockers avaient rangé, « en signe d'apaisement », les braseros, ayant obtenu du ministre des Transports Patrice Vergriete, à peine nommé à la suite du remaniement ministériel, l'entame de négociations sur leurs revendications sociales et leurs demandes d’investissement. Ils en attendaient une réponse à leurs « attentes légitimes ».
Les échanges ont tourné court mais sans que cela ait été explicité du côté des employés portuaires, excepté le fait que « les pourparlers sont restés sans solutions ».
Des investissements de 10 Md€
Le syndicat attend donc toujours une reconnaissance de la pénibilité de leurs conditions de travail, afin d'obtenir les conditions d’une meilleure retraite anticipée, estimant qu'ils sont soumis aux horaires décalés et aux astreintes. Jusqu’à la réforme de la retraite, les dockers pouvaient valider grâce à un accord de branche une carrière complète en partant quatre ans avant l'âge légal, à 58 ans. Or, la nouvelle loi les oblige à faire deux ans de plus (60 ans donc).
Mais leurs revendications débordent largement du seul cadre de l'application de la réforme. Ils attendent également du gouvernement un niveau d'investissement massif (10 Md€) dans les infrastructures portuaires. Des revendications non sans lien avec les inquiétudes découlant des mutations en cours (transition énergétique) dans les ports.
Les dockers et les personnels de la manutention portuaire du Golfe de Fos sont particulièrement proactifs sur ce point, leurs propositions ayant été consignées dans un document intitulé, avec esprit, « Après Marseille en grand, le Port de Fos en grand ». Une pique sentie envers le « plan Marseille en grand », le dessein d’Emmanuel Macron pour transformer la ville de Marseille. Là où un rassemblement est prévu ce 27 mai devant la Région.
Adeline Descamps
