Après plus de dix ans d’atermoiements, le projet de hub pétrolier dans le port sud-coréen Ulsan avance enfin. Mais il a, dans l’intervalle, capté l’air du temps...
Disposant à ce jour d’une capacité de stockage en produits pétroliers de 25,41 Mbj (millions de barils jour), voisin de deux des plus grandes raffineries sud-coréennes SK Energy et S-Oil, le port d’Ulsan est le premier du pays pour le vrac liquide avec environ 45 % de ses importations pétrolières. Mais les autorités sud-coréennes voient encore plus grand. Elles veulent en faire le hub pétrolier d’Asie du Nord-Est. Le projet n’est pas nouveau. Il date de 2008 et a connu entre temps maintes péripéties.
Il était prévu à l’origine d’accroître la capacité d’Ulsan de 24,1 Mbj en deux phases, dans un premier temps d’atteindre les 8,13 millions et ensuite d’augmenter de 16 autres millions de barils. Avec, en parallèle, un développement des fonctions de raffinage, de mélange, de retraitement et de transport, complétées par une offre de trading liés aux échanges pétroliers dont des transactions de produits financiers dérivés.
Sur le plan administratif, il a fallu procéder à des aménagements législatifs de façon à autoriser les entreprises étrangères à opérer en zones sous douane. Les infrastructures portuaires nécessaires sont désormais achevées. L’État a financé la construction de brise-lames supplémentaires et le port s’est chargé d’aménager dans le North Port une zone de plus de 30 ha destinée à accueillir le futur terminal. Le site est bordé d’un quai ayant une profondeur d’eau de 12-14 m comprenant cinq postes d’amarrage pour des navires de 10 000 à 85 000 tpl. S’y ajoute un duc d’Albe pour des unités de 120 000 tpl convenant, selon l’Autorité portuaire, aux méthaniers de 180 000 m3.
Concession attribuée
Mais en dépit des efforts consentis, douze ans après l’annonce du projet, sa concrétisation ne fait encore que s’esquisser. Le principal frein cette fois est venu du pool d’investisseurs chargé de construire et exploiter le terminal. Sa composition n’a pas progressé au rythme escompté, loin s’en faut, une entreprise privée s’étant désengagée du consortium initialement formé. Après cinq années de tergiversations, les choses n’ont vraiment recommencé à bouger qu’à l’automne dernier, quand la concession a été attribuée au joint-venture Korea Energy Terminal dont les parts sont détenues à 49,5 % par la Korea National Oil Corporation (KNOC), 45,5 % par le pétrolier coréen SK Gas et 5 % par le singapourien MOL Chemical Tanker.
Le projet initial a été sérieusement remanié pour tenir compte de l’évolution du marché de l’énergie et notamment des carburants. Les trois partenaires ont choisi d’accroître légèrement la capacité de la phase 1 et surtout de la réorienter largement sur le GNL, dont il n’était évidemment pas question en 2008. Le terminal, qui doit ouvrir en juin 2024, sera doté d’une zone sous douane et aura une capacité initiale de stockage de 1,38 Mbj de pétrole ou produits dérivés et de 215 000 m3 de GNL. Cette capacité serait ensuite augmentée de 1,51 Mbj de pétrole et de 430 000 m3 de gaz en 2025, et enfin de 645 000 m3 de gaz de plus d’ici 2030. KET est actuellement en pourparlers avec des sociétés étrangères susceptibles d’y opérer, voire d’y investir.
Quant à la réalisation de la seconde phase, qui porte sur l’installation d’un autre terminal dans le secteur du South Port, elle est toujours au stade de l’étude.
Thierry Joly