Inutilisable depuis 2009, l’embranchement ferroviaire du terminal de Brégaillon est de nouveau opérationnel. La CCI du Var, qui exploite les ports de la rade de Toulon, compte s’appuyer sur le ferroviaire pour relancer le fret maritime à la peine depuis que le terminal n’est plus desservi par les rouliers de DFDS. Le port varois se positionne sur des trafics multiactivités et multiclients.
Cela faisait douze ans qu’aucun train n’avait desservi le terminal fret de Brégaillon, situé à la Seyne-sur-Mer, dans la partie ouest de la rade de Toulon. Le 23 avril, un premier train a circulé sur les 2 km de voies remises à neuf reliant le port au réseau ferré national. Des travaux de rénovation d’un montant de 3,75 M€ ont été nécessaires, comprenant la réfection des voies et des passages à niveau mais aussi, le remplacement d’un pont ferroviaire.
Le passage de ce premier train visait à tester « les procédures de circulation en conditions réelles de la connexion du terminal avec la gare SNCF de La Seyne-sur-Mer », explique la CCI du Var qui gère les ports de la rade de Toulon. À bord du train ayant circulé vendredi se trouvaient des conteneurs qui n’étaient là que pour valider le système de manutention et la possibilité d’emport de la ligne ferroviaire. Le fret conteneurisé, possible à Toulon puisque la ligne ro-ro de DFDS avec la Turquie a transporté jusqu’à 10 000 EVP par an, n’est en effet pas la cible de la politique de développement du port varois qui se positionne plutôt sur des marchés de niche, laissant les conteneurs à son voisin le Grand Port maritime de Marseille.
Positionnement sur des trafics multiactivités et multiclients
Le trafic roulier avec la Turquie a monopolisé l’activité fret des ports de Toulon pendant une dizaine d’années jusqu’à ce que DFDS décide en 2019 de transférer cette activité à Sète. Le terminal de Brégaillon, mis à contribution ponctuellement en 2019 pour des transports d’enrochements à destination de Monaco, s’est depuis repositionné sur une nouvelle activité roulière : l’importation de véhicules neufs, en particulier depuis le Maroc mais aussi depuis la Turquie et l’Espagne. Cependant, ces transports ne font pas l’objet d’une ligne régulière pour l’instant. Corsica Ferries fait en outre des essais de triangulaire entre Toulon, l’Algérie et l’Espagne, revenant de Carthagène avec des camions accompagnés pour éviter un trajet à vide.
Toulon se positionne résolument sur des trafics multiactivités et multiclients pour ne pas revivre le coup dur qu’a représenté la fin du trafic roulier de DFDS. Pour cela, le port compte sur le multimodal, le ferroviaire étant bien adapté aux continuités de transport pour le fret roulier comme pour les véhicules neufs. « Nous attendions la validation technique. Nous savons désormais que la ligne ferroviaire est opérationnelle, indique-t-on à la CCI du Var. Nous pouvons désormais lancer la commercialisation de ce transport ferroviaire, ce qui est un atout pour le vrac, pour les conteneurs comme pour les véhicules neufs. »
Un investissement de 10 M€
La mise en service de l’embranchement ferroviaire marque la fin d’un programme d’investissement de 10 M€ décidé par le port de Toulon en 2015 et qui consistait à moderniser l’ensemble du terminal de Brégaillon. « Le transport par voie ferrée pourra débuter cet été à raison d’un à deux trains par semaine au départ du Terminal de la Seyne-Brégaillon, espère la CCI. Les marchandises et véhicules neufs qui arrivent par bateau pourront alors quitter le terminal non plus par la route mais par voie ferrée afin de gagner les grands centres industriels ou de logistique automobile en France, en Europe du Nord voire, en Grande-Bretagne. »
Étienne Berrier