Montrés du doigt pour être responsables d'une forte proportion des émissions de gaz à effet de serre, les ports du Benelux entendent réduire drastiquement leur empreinte carbone. Après son lancement en 2017, un projet pharaonique, qui vise à stocker des millions de tonnes de CO2 en mer du Nord initié par le port de Rotterdam, prend tournure. Un investissement de 400 à 500 M€.
Le port d'Anvers et l'alliance portuaire belgo-néerlandaise North Sea Port (Gand, Terneuzen et Vlessingue) viennent de s'affilier à l'initiative « Porthos » (Port of Rotterdam Transport Hub & Offshore Storage) qui va exiger un investissement de quelque 400 à 500 M€. À l'origine d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans le Benelux, ses écosystèmes portuaires émettraient jusqu'à 60 Mt de CO2 par an. Pour sa part, Rotterdam totalise 15 % à 20 % des émissions de CO2 des Pays-Bas.
Pour ce projet en droite ligne avec l'Accord de Paris sur le climat, il va s'agir de stocker une partie de ces émissions nocives sous la mer du Nord. Ces déchets seront injectés dans d'anciens champs gaziers épuisés situés à une vingtaine de kilomètres des côtes néerlandaises. Le calendrier envisagé porte sur 2 à 5 Mt de CO2 enfouies chaque année dans un premier temps puis 10 Mt de CO2 à l'horizon 2030. Au-delà, un accroissement des capacités de stockage est déjà envisagé.
Échéance 2030
La construction d'un réseau de pipelines entre les différentes installations portuaires et les cavités sous-marines sera nécessaire. Le réseau de collecte de CO2 devrait être construit à Rotterdam à partir de 2026. Les travaux de construction des autres pipelines, reliant le port néerlandais à Anvers, Gand, Terneuzn et Vlessingue sont prévus entre 2026 et 2030.
La faisabilité de ce chantier a déjà été étudiée, côté néerlandais. Les deux entreprises Gasunie et EBN ont ainsi rejoint les rangs des parties intéressées. Rotterdam entend par ailleurs obtenir l'adhésion de grandes firmes pétrolières particulièrement pollueuses comme BP, Exxon Mobil et Shell. La participation des ports belges à l'initiative néerlandaise devrait permettre l'octroi de fonds européens substantiels, au-delà 6,5 M€ déjà reçus par Rotterdam. L'objectif est d'accèder à des aides accordées par la Commission européenne au titre de projets d'intérêt commun. La décision est attendue au cours du troisième trimestre.
Didier Burg