Selon les données delivrées par Puertos del Estado, l’organisme public de tutelle des 28 autorités portuaires espagnoles, le trafic portuaire, hors soutage, pêche et trafic intérieur, a atteint 528,2 Mt en 2023, soit une baisse de 3,3 % par rapport à 2022. Ce chiffre contraste avec la progression globale, « post Covid », observée pendant les deux exercices antérieurs (+ 8 %). Le pic de 2019 (552 Mt) n’a toujours pas été retrouvé.
Cette mauvaise performance s’explique d’abord par l’évolution des vracs en repli de 3,7 % aussi bien pour les produits liquides (175 Mt) que pour les vracs solides (90 Mt). Dans cette dernière catégorie, on constate une forte poussée des importations de céréales (+ 32,8 %, 21,7 Mt) en raison de la sécheresse.
Pour les marchandises diverses, principal trafic du système portuaire, l'évolution a été plus satisfaisante. Après un net recul pendant les neuf premiers mois (- 5,1 %), la situation s’est inversée à partir du mois d’octobre avec une hausse du trafic de 5 % au cours du quatrième trimestre,ce qui permet de limiter la chute annuelle à 2,9% (262,7 Mt).
Résilience dans le conteneur
Le trafic de conteneurs a baissé de 4,5 %, à 16,4 MEVP mais la situation n’est pas uniforme. Le recul de Valence (5,1 %, 4,8 MEVP) occulte une reprise de l’activité à partir d’octobre 2023, accentuée en fin d’année par les conséquences des détournements de trafics via le cap de Bonne-Espérance.
Plusieurs compagnies (Maersk, MSC, ONE) ont choisi Valence comme premier port d’éclatement du trafic. En novembre et en décembre, le trafic en EVP a progressé de 18,7 % et de 13,1 % respectivement par rapport aux mêmes mois de 2022
À Algésiras, le transbordement est demeuré stable (4 MEVP) et le trafic de conteneurs n’a reculé que de 0,7 % (4,7 MEVP), une performance exceptionnelle en Europe.
Plusieurs compagnies (Cosco, Hapag Lloyd, Maersk, ONE notamment) ont annoncé en 2023 de nouvelles escales ou renforcé leur présence.
Si les exportations, en conteneurs pleins, sont en retrait, de 16 % (0,2 MEVP), les importations ont progressé de 10,5 % (0,25 EVP). Le trafic de reefers, principalement des fruits en provenance d’Amérique latine, une grande spécialité du port andalou, a continué à croitre (+6,7%, 68 000 EVP).
À Barcelone, le trafic de conteneurs se contracte de 6,9 % à 3,3 MEVP, de façon encore plus accusée pour le transbordement (-15,1 %, 1,3 MEVP).
Mais des ports de moindre dimension ont vu leur flux littéralement s’évaporer : c’est le cas de Malaga (- 82 %, 40 000 EVP) avec la quasi-disparition du transbordement (12 000 EVP contre 202 000 EVP en 2022, - 94 %) et de Tarragone (- 59 , 34 000 EVP) en raison du départ de DP World.
À Santander, en revanche, le trafic a quasiment doublé grâce à l’inauguration, en mars 2023, du terminal opéré par le groupe Boluda (+ 94 %, 57 000 EVP).
Sur la façade atlantique nord, Bilbao, un port sans activité de transbordement, se caractérise par la stabilité (0,5 MEVP), tandis qu’à Gijón APM Terminals démontre, une nouvelle fois et de façon surprenante, sa capacité à tirer parti d’un « petit terminal » (+ 38,2 %, 65 000 EVP).
Le roulier tire son épingle du jeu
Le conventionnel, quant à lui, s’inscrit en hausse de 1,2% à 84 Mt, grâce principalement au trafic de voitures neuves (+ 19,6 %, 3,9 millions de véhicules).
Barcelone a repris le leadership avec une progression de 33,7% (0,8 million d'unités), devant Vigo (+ 37,7 %, 0,65 million), qui coiffe Valence (+ 6,5 %, 0,64 million), et Santander (+ 17,7 %, 0,4 million). Le trafic de marchandises est également en territoire positif (+1,3 %, 3 millions d’UTI).
Hiérarchie inchangée
Au final, le classement des ports espagnols ne s'en trouve pas modifié. Algésiras fait toujours la course en tête avec 97,2 Mt (- 2,5 %), devant Valence (76,8 Mt, - 2,7 %), Barcelone (62,5 Mt, - 9,6 %), Carthagène (37,3 Mt, + 2,6 %), qui se hisse à la quatrième place, et Bilbao (32,8 Mt, + 0,1 %).
Daniel Solano