Quechen : Un pas de plus vers la concrétisation ...

 

Cela fait plus de deux ans que le Grand port maritime de Marseille est à l’œuvre pour accueillir sur son bassin Ouest, à Fos-sur-Mer, l’industriel chinois Quechen Silicon Chemical. Un investissement plus important pour sa charge symbolique que pour son impact sur les flux.

C’est un projet au long cours, dont la décision prend ses aises. Cela fait plus de deux ans que le grand port maritime de Marseille est à l’œuvre pour accueillir sur son bassin Ouest, à Fos-sur-Mer, l’industriel chinois Quechen Silicon Chemical. Leader dans son pays pour la fabrication de silice (production de 250 000 t, 180 M€ de chiffre d’affaires prévisionnel en 2018), le groupe de Wuxi est engagé dans une dynamique de développement international. Il doit notamment finaliser une usine en Thaïlande au premier trimestre 2019 et a manifesté il y a de longs mois sa volonté d’implanter en Europe une usine de silice à haute dispersion (HDS), notamment pour se rapprocher de ses clients pneumaticiens, Michelin, Continental, Pirelli, qui ont déjà remplacé le noir de carbone par la silice, appréciée pour sa résistance à l'abrasion dont dépend la consommation. D’où sa « réputation » de contribuer à fabriquer des pneus à économie d’énergie.

Avec le site de Fos dimensionné à 90 000 t/an dès 2021, appelé à être son "porte-drapeau sur le marché européen" (selon les propres termes de Que Weidong, le PDG et fondateur de Quechen), le groupe asiatique se rapprochera notamment du leader mondial Solvay qui affiche avec ses deux sites industriels (en Chine et en Pologne) une capacité de production cumulée de 500 000 tonnes par an.

Nouvelle étape-promesse

De l’Europe, l’industriel ne connaît quasiment que le port de Rotterdam par lequel transitent les 40 000 à 45 000 tonnes expédiées à partir de ses usines en Chine vers ses marchés européens. Pour les besoins de sa nouvelle implantation, il a considérablement élargi son horizon puisqu’il a intégré dans son scope de consultation une petite trentaine de sites, dont Fos et Dunkerque en France, avant de retenir à l'issue d'un long process en short list, Krefeld (Ruhr), Fos-sur-Mer et Rotterdam.

Depuis, se sont succédé de nombreux allers-retours (ses représentants ont été reçus une dizaine de fois, Que Weidong est lui-même venu plusieurs fois; les élus locaux se sont déplacés "en meute" à plusieurs reprises) avec chaque étape largement "marketée" et stratégiquement médiatisée. Après la signature en janvier d’un "accord en vue de lancer la phase finale de négociation", ce 18 octobre a marqué une nouvelle étape-promesse, celle de la signature d’un bail à construction pour un terrain de 12 ha, sis entre Lyondell Basell et l’incinérateur de la Métropole Aix Marseille Provence Everé. Un investissement annoncé de 105 M€ avec la clé 130 emplois directs.

L'attractivité reconnue ?

La décision est importante, sans doute davantage pour le symbole que pour les volumes dont le port pourra tirer profit. Outre la valorisation de son foncier, denrée extrêmement rare dans les ports mais dont Marseille-Fos dispose, l’investissement asiatique est perçu localement comme la capacité du port à attirer un grand investissement étranger et à être une alternative crédible aux ports nord-européens : « Nous vivons cette arrivée comme un signe fort pour tous les investisseurs. Elle conforte le positionnement du port de Marseille comme porte d'entrée sur l'Europe », ne s’est pas fait prier la présidente du directoire du GPMM, Christine Cabau-Woehrel.

La « patronne » du port disait aussi à l’occasion de la conférence de presse annuelle en début d’année que le projet stratégique de la période 2019-2023 ferait de la politique d’aménagement foncier une priorité car « fixer des activités logistiques et des entrepôts sur un territoire permet de capter des flux » (cf.plus bas).

Discrétion sur les flux

Sur les flux et son sourcing en l'occurrence, le Chinois est resté très discret. Rien n’a filtré sur le sujet, si ce n’est une donnée reprise en boucle de 400 000 tonnes, étant entendu de flux entrants et sortants pour les besoins d'une production calibrée à 90 000 t. Selon des connaisseurs du dossier, l’amorçage se fera à 40 000 tonnes. Mais l’opportunité « de sauter certaines barrières commerciales du marché européen et d'amortir le risque du taux de change entre euro et yen chinois » fait dire à Que Weidong que les volumes seront bien plus importants que les 40 à 45 000 tonnes actuellement exportées vers l’Europe. Soit.

Pour avoir une idée du trafic, retour sur le procédé ? La silice en question est produite en neutralisant une solution de silicate de sodium avec de l'acide sulfurique (sans être Seveso, le site sera soumis pour cela à autorisation préfectorale avec un arrêté spécifique). Les silices précipitées à haute performance sont ensuite lavées, séchées, broyées et stockées. Elles ont en règle générale conditionnées en sacs et peuvent être expédiés en vrac ou en conteneurs.

Reste à savoir si la filiale française exploitant le site (basée à Paris avec des équipes qui s’installeront de façon temporaire au sein du World Trade Center, le centre d'affaires de la CCI Marseille Provence) utilisera Piicto, la plate-forme fonctionnant sur le principe de l’économie circulaire (mutualisation des réseaux de chaleur et de commodités) qui se développe sur l’enceinte portuaire de Marseille-Fos. A priori Que Weidong n’a pas évoqué de quelconques partages tout en ne fermant pas la porte à la recherche de synergies mais plus sur des services (surveillance, recrutement, possible R&D sur les matières acides), que sur l’échange de commodités.

Pour son implantation, le groupe chinois bénéficiera d’aides diverses (économiques, juridiques et sociales), de la part de l’État*, des collectivités territoriales et de Total Développement régional.

--- Adeline Descamps ---

* L’implantation est décisive pour la Provence mais pas uniquement... Ce serait en marge de la visite du président français Emmanuel Macron en Chine que les verrous retenant l’ultime décision auraient sauté… Le 9 janvier 2018, date la signature de la lettre d’intention à Pékin, étaient présents le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, le locataire de Bercy, Bruno Le Maire, le ministre chinois des Finances, Zhong Shan et le vice-ministre des Affaires étrangères Wang Chao.

 

 

Le foncier, grand atout de Marseille-Fos

L’implantation d’Électro Dépôt (43 000 m2) au cours du premier semestre pour héberger sa logistique Europe du Sud est la première installation réalisée sur le tout nouveau parc multimodal Euro Méditerranée (40 ha) planté au sein de la zone logistique de La Feuillane, et qui doit permettra à terme de développer quelque 200 000 m2. Sur les 70 ha de la zone de La Feuillane (Fos-sur-Mer, capacité de 364 000 m2 bâtis), plus de 50 % sont désormais opérationnels. Et le Grand port maritime de Marseille-Fos a lancé en fin d’année dernière un appel à  manifestation d’intérêt pour une extension de 50 ha au nord de la zone (3 terrains à bâtir de 12 à 19 ha) à proximité du terminal à conteneurs Fos 2XL et disponible à l’horizon 2019-2020.

Sur son autre plateforme logistique Distriport (140 ha à Port-Saint-Louis-du-Rhône, 575 000 m2 de capacité totale pour le bâti), 375 000 m2 sont opérationnels et 215 000 m2 en cours de commercialisation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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