Anvers-Bruges : le conteneur a représenté 54 % du trafic total en 2024

Anvers-Bruges s'est réconcilié avec le conteneur, qui lui a fait défaut de 2021 à 2023. En hausse de 8,1 % en EVP, la filière a intégralement couvert ses pertes en 2024 et a largement contribué aux 278 Mt manutentionnés. La part de marché du deuxième port européen sur le range Hambourg-Le Havre s'établit à près de 31 %. Les autres trafics n'échappent pas en revanche à la sinistrose économique.

Depuis 2021, Anvers-Bruges est fâché avec le conteneur, son trafic-roi (près de 54 % du tonnage total). La fusion entre le premier port belge avec le port roulier voisin Zeebrugge n’a pas apporté de trafics relais suffisamment dominants pour compenser les pertes. Avec 271,3 Mt manutentionnés en 2023, le port belge avait perdu 15,6 Mt de volumes par rapport à l’exercice précédent, essentiellement du fait de la contre-performance de la boîte (- 7,2 %) qui s’était matérialisée par la perte d’1 MEVP, passant de 13,5 à 12,5 MEVP. « L’année 2023 n’a pas été celle du retour à la normale et 2024 ne le sera pas non plus, mais nous ne nous attendons pas à de nouvelles baisses », anticipait alors le directeur général du port, Jacques Vandermeiren.

En 2024, le défaitisme du CEO anversois a été abusé. Les tendances favorables, avancées tout au long de l’année, se sont confirmées à l'issue de l'exercice. Aux termes des neuf premiers mois de 2024, l’établissement portuaire avait déjà bien amorcé le redressement sur son trafic phare. Après avoir enregistré une hausse de 4,1 % en EVP (6,66 MEVP) et de 6,8 % en tonnage (74,2 Mt) sur les six premiers mois, le troisième trimestre avait été porteur, avec un nombre de boîtes manutentionnées en hausse de 12,3 % sur une base annuelle. Le quatrième trimestre a continué sur la même trajectoire fort d'une nouvelle progression de 12,5 % en EVP (par rapport à la même période en 2023). In fine, sur l'ensemble de l'année 2024, le segment est en hausse de 8,9 % en tonnage (148,9 Mt) et de 8,1 % en EVP, couvrant intégralement ses pertes de 2023 et terminant son exercice sur 13,5 MEVP. La part de marché du deuxième port européen sur le range Hambourg-Le Havre reste stable (+ 0,8 %), soit 30,7 %.

Le fret conteneurisé à température contrôlée, un des autres points forts du port belge, est resté conforme à son infaillible dynamique, engrangeant une nouvelle croissance de 9,2 %. Les conteneurs réfrigérés représentant désormais 8,6 % du trafic total de conteneurs. C'est dire que près d'un conteneur traité sur dix est un reefer.

278 Mt, + 2,3 %

La boîte apporte une grosse pierre à la croissance (+ 2,3 %) des tonnages globaux, à 278 Mt. « malgré un climat économique houleux, marqué par la hausse des prix de l'énergie, des tensions géopolitiques et une concurrence internationale accrue », se félicite le dirigeant. Pour l'ensemble des autres catégories de marchandises, la photographie de fin d’année diffère peu des clichés pris à l’issue de chaque trimestre : tous sont quasiment en retrait. « Elles ont subi l'impact des conditions de marché difficiles. Le secteur chimique connaît ses pires années depuis 2009, tandis que des secteurs tels que la construction et l'industrie automobile subissent la pression des coûts élevés de l'énergie et des matières premières combinés à une faible demande », justifie la direction portuaire.

Vrac sec : - 0,4 %, 15 Mt

Le vrac sec, toujours porté par les engrais, champion de ce trafic (+ 22,9 %), ressort en stabilité (+ 0,4 %), à 15 Mt. Après les baisses enregistrées en 2022 et 2023, la catégorie, remise d’aplomb, aura servi l’an dernier de palliatif à la chute du charbon, cependant moins âpre que prévu (- 35,4 %) alors que les neuf premiers mois de l’année s’étaient matérialisés par une baisse de plus de 55 %. Sans le charbon, la filière aurait augmenté de 9,4 % car certaines catégories ont été bien orientées : la ferraille (+ 3,5 %), les minerais non ferreux (+ 12,5 %) et les matériaux de construction (+ 11,3 %).

Conventionnel : + 0,1 %

Le vrac divers (sous l’appellation belge, soit le conventionnel) limite la casse (0,1 %) alors que les conditions économiques (BTP, automobile) pour les flux de fer et acier sont particulièrement dégradées. Les sorties ont légèrement augmenté de 1,4 %, tandis que les entrées ont diminué de 1 %. Une gageure. Le quatrième trimestre semble avoir été bénéfique là encore car le troisième (- 4,8 %) n’avait pas permis de couvrir totalement le retrait des 6,2 % du premier semestre. Les volumes d’acier manutentionnés par le port ont été étonnamment en croissance de 3,7 % « grâce à la forte demande de marchés tels que les États-Unis (+ 9,1 %) et le Mexique (+ 8,1 %) », précise le port. En revanche, le bois (- 21,7 %), le papier et la cellulose (- 31,9 %) et les matériaux de construction (- 23,8 %) accusent le coup.

Vrac liquide : - 5,8 %, 83,6 Mt

Diesel, GNL, essence, les carburants ont tiré vers le bas les vracs liquides (83,6 Mt), en repli de 5,8 % l’an dernier. La faible demande du fait des stocks élevés a sanctionné le trafic de diesel (- 22,3 %). Pour le GNL, les exercices trimestriels dans le rouge s’enchaînent. L’année se solde par un définitif recul de 21,9 %.

Tout au long de la demande, la demande aura été en berne pour le gaz naturel liquéfié dont témoignent les taux d'utilisation des terminaux méthaniers européens, passés sous la barre des 50 % à certains moments de l’année dernière, les tarifs d’affrètement des méthaniers à des niveaux historiquement bas, et les ventes de GNL par les grandes majors pétrolières. Le commerce maritime de GNL par voie maritime a fortement augmenté jusqu'en 2022, aidé par les événements en Ukraine qui ont contraint l'Europe à se diversifier en s'affranchissant du gazoduc russe. Les deux dernières années, le ralentissement est significatif, avec une croissance limitée à 1,4 % en 2023 (408,7 Mt) et à zéro en 2024 (408,8 Mt), selon les données de suivi des navires de Refinitiv/LSEG. Inquiétant dans un contexte où de nombreux pays européens prévoient de nombreuses infrastructures sous la forme de FSRU.

Parmi les autre carburants, l’essence se maintient plutôt à flot (- 0,4 %) et le GPL est bien orienté (+ 5,5 %). Pour les produits chimiques, le dernier trimestre de l’année a transformé l’essai des trois premiers (+ 9,3 %) avec une amélioration de 14,8 % par rapport à l’année précédente, principalement due à une forte augmentation des biocarburants (+ 60,1 %). Tous les produits chimiques affichent peu ou prou des taux à deux chiffres. « Malgré cette reprise, le secteur européen de la chimie reste sous pression en raison des coûts élevés de l'énergie, des matières premières et des salaires, combinés à une faible demande mondiale », modère l'autorité portuaire.

Roulier : - 3,4 %, 20,3 Mt

Le ro-ro (20,3 Mt) accuse aussi le repli, de 3,4 % en 2024, sous l'effet d'une baisse du débit de voitures neuves (- 9,4 %) et autres utilitaires, reflet de la chute des ventes de véhicules en Belgique (- 5,8 %) et de la dépression de la motorisation électrique (- 5,4 %).

Et toujours, depuis le Brexit, les trafics à destination et en provenance du Royaume-Uni marquent le pas (- 2.8 % mais contre – 4,1 % à l’issue des neuf premiers mois 2024), compensé par les imports de la péninsule ibérique (+ 34 %), de la Scandinavie (+ 16,3 %). L'Irlande joue beaucoup moins les ersatz (+ 1,4 %) après avoir offert un vrai relais de croissance. Le fret non accompagné (hors conteneurs) augmente en revanche de 3,4 % à Zeebrugge.

In fine, 20 195 navires marchands ont fait escale au port d'Anvers-Bruges en 2024. Un trafic étale alors que Zeebrugge a accueilli 187 navires de croisière et 557 000 passagers.

Adeline Descamps

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