Ils étaient abonnés aux records. La performance n’a pas été au rendez-vous en 2020. Avec un volume traité de 63,5 Mt, Gand, Terneuzen et Flessingue ont accusé la baisse la plus forte de leur jeune histoire. Les conteneurs résistent grâce à la montée en puissance des échanges avec la Grande-Bretagne.
North Sea Port, qui réunit depuis trois ans les ports néerlandais de Terneuzen et Flessingue (province de Zélande) et le port flamand de Gand, avait battu record sur record depuis sa création en 2018 pour culminer à 71,4 Mt en 2019. L’année 2020 a mis un coup d’arrêt à cette hausse des tonnages. Les volumes sont en baisse de 11,2 % pour s’établir à seulement 63,5 Mt.
Le manque à gagner de 8 Mt s’explique, selon l’autorité portuaire, certes par la crise sanitaire mais aussi par le Brexit et la faible demande en produits pétroliers. Port d’importation, avec moins de 30 % du tonnage à l’export, North Sea Port a souffert de la baisse de trafic d’essence, de diesel, de biodiesel et de naphta. Au total, les vracs liquides ne totalisent que 16,2 Mt, ce qui représente une descente en chute libre de 19,3 % par rapport à 2019.
Autre secteur en déclin : les marchandises diverses (9,3 Mt) avec un repli sévère de 15 % alors qu’il s’agit d’un trafic important pour le port belgo-néerlandais. La moitié de cette baisse est due à la cellulose, indique l’autorité portuaire, mais les transports d’acier laminé ou de matériaux de construction, telles les briques, n’échappent pas non plus à la sanction.
Les vracs secs limitent la chute
Le trafic roulier est aussi à la peine : il n’a atteint que 2,7 Mt en 2020, soit 16,8 % de moins qu’en 2019. En cause, la baisse de la production et des exportations de voitures, avec notamment la fermeture temporaire d'une usine automobile lors du premier confinement, mais aussi les restrictions sur les importations au Royaume-Uni, ajoute North Sea Port. Le trafic roulier outre-Manche aurait néanmoins repris à un bon rythme fin 2020.
Les vracs secs – 32,5 Mt, soit plus de la moitié du trafic de l’ensemble portuaire zélando-flamand – limite la casse avec des tonnages qui ne perdent que 6 % de leurs volumes. « Les vracs secs ont réussi à plutôt bien se maintenir en 2020, étant donné qu’il y avait eu une augmentation de 10 % au cours des deux années précédentes ». Les minerais de fer et les combustibles solides (coke de pétrole, charbon et anthracite) ont le plus souffert, en lien avec les grandes difficultés de l’industrie sidérurgique. Toutefois, des sursauts d’activité s’observent pour certains transports : laitiers de hauts-fourneaux, granulats calcaires, ferrailles, granulés de bois et déchets de bois.
Conteneurs, la bonne nouvelle
Les conteneurs donnent satisfaction. Le nombre de manutentions avait déjà doublé entre 2017 et 2019. En 2020, il augmente cependant plus modestement de 4,3 %, avec 2,7 Mt. Deux secteurs se distinguent particulièrement : les importations de bananes en conteneurs se sont accrues de 20 % et les échanges conteneurisés avec la Grande-Bretagne ont fléchi. De façon générale, pour l’ensemble des marchandises, la Grande-Bretagne passe d’ailleurs devant les États-Unis, se hissant à seconde place parmi les partenaires commerciaux des ports nord-européens. La Russie reste le premier client.
Aux 63,5 Mt de trafic maritime, les ports de Gand, Terneuzen et Flessingue ajoutent 54,8 Mt en fluvial, dont 56 % à l’export. La navigation intérieure maintient mieux ses positions que le secteur maritime dans la mesure où le tonnage sur barge n’a diminué que de 6,3 % en 2020.
North Sea Port ne s’attend pas, avant 2022, à un retour de l’activité maritime aux niveaux de 2019. Il espère cette année reconquérir la moitié du trafic perdu en 2020, « à condition qu’il n’y ait pas de troisième confinement ». L’activité des secteurs de la sidérurgie, de l’automobile et des produits pétroliers seront évidemment déterminants.
Étienne Berrier