Les sites portuaires constituent des cibles de choix pour l’implantation d’installations industrielles liées au lithium et à son utilisation pour la fabrication de batteries à destination de l’industrie automobile. En février dernier, le Grand Port maritime de Dunkerque a annoncé la construction par Verkor d’une usine de batteries électriques sur un site de 150 ha. La production doit commencer en 2025, et atteindra 50 GWh de batteries en 2030, qui doivent notamment équiper les voitures du groupe Renault.
À Strasbourg, ce ne sont pas des batteries qui seront fabriquées, mais le lithium qui en constitue le composant essentiel. Le port autonome a annoncé que son site de Lauterbourg accueillera l’entreprise Viridian Lithium sur un site de 20 ha. Cette société, créée l’an dernier, a pour ambition de produire un lithium avec « l’intensité carbone la plus faible du monde ». Elle ne compte pas utiliser de minerai, qui nécessite d’être chauffé à haute température pour en extraire le précieux métal, mais des saumures qui seront raffinées pour en extraire le sel de lithium.
La production sur le site de Lauterbourg commencera en 2025, avec dans un premier temps 25 000 t par an d’hydroxyde de lithium. La capacité de production annuelle devrait atteindre 100 000 t en 2030, soit la quantité nécessaire à la fabrication de batteries pour deux millions de véhicules électriques, ce qui correspond à la demande qui devrait être celle du marché français à cet horizon.
De la disponibilité et un terminal à conteneurs
L’implantation à Lauterbourg répond à un besoin pour Viridian : l’utilisation d’électricité bas carbone. Le site, tout au nord de l’Alsace, à une cinquantaine de kilomètres de Strasbourg, bénéficie aussi d’une logistique trimodale route, rail et fleuve, ces deux derniers modes permettant des transports moins carbonés en particulier pour les relations avec les ports d’Anvers et de Rotterdam. C’est en effet par le port néerlandais que le lithium en provenance du Chili et d’Argentine transitera avant de rejoindre Lauterbourg par la voie fluviale.
Avec une surface de 48 ha disponibles, le site portuaire offre encore de la disponibilié foncière au sein d’un Port autonome de Strasbourg dont les espaces portuaires situés à proximité immédiate de la capitale alsacienne sont saturés. Un terminal à conteneurs y a notamment été aménagé, exploité depuis 2020 par Lauterbourg Rhine Terminal, qui a pour actionnaires Paris Terminal (exploitant du terminal à conteneurs de Gennevilliers) et les transporteurs fluviaux CFT (groupe Sogestran) et Haeger & Schmidt.
Étienne Berrier