Le transmanche en forme à Calais en 2023

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Crédit photo ©Eric Destable pour le port de Calais
Le transmanche est en progression au port de Calais en 2023 aussi bien pour le fret que tourisme même si le non-accompagné est en léger repli. Les autoroutes ferroviaires font mieux qu'ailleurs mais loin des objectifs fixés. Le retour d'activités historiques pour les ports de Calais et de Boulogne-sur-Mer a été un grand marqueur de l'année 2023.  

Les ports de Calais et de Boulogne-sur-Mer ne vont pas bouder leur satisfaction. L'année 2023 a été un bon cru pour plusieurs filières, à commencer par le transmanche, dont Calais reste le leader incontesté. La bonne tenue du segment se confirme tant côté fret que passager.

Quant à Boulogne, l'autre site du port unique géré par la société d'exploitation des ports du détroit (SEPD) dans le cadre d'une délégation de service public de la  région Hauts-de-France, il a également confirmé son statut de premier port français pour la pêche.

« 2023 est une année de consolidation à Calais, tout va mieux par rapport à il y a deux ans, nous étions alors très inquiets », concède François Lavallée, président du conseil d’administration à l'occasion de la présentation des résultats annuels le 18 janvier 2024.

Quelques faits marquants

L'année 2023 a observé quelques retours d’activités qui avaient déserté depuis plusieurs années, à l'instar de l’arrivée d’un nouveau ferry de P&O (Pioneer) en lien avec les ambitions de « décarbonation » du Transmanche sur le détroit du Pas-de-Calais et dans laquelle est aussi engagée DFDS.

L' embellie fait suite à une situation en demi-teinte en 2022 et contrastée en 2021, lors de la mise en service de l’extension du port.

Transmanche avec des couleurs

Le tourisme retrouve nettement des couleurs en 2023, première année complète d’activité depuis le coup d’arrêt donné par la pandémie en 2020, 2021 et encore au premier semestre 2022.
 Le trafic de passagers (7,26 millions de passagers) est en hausse de 41 %, comparativement à 2022 et le celui de véhicules de tourisme (1,3 million) ont bondi de 33 %. Le transit de bus – Calais détient 70 % du marché – a explosé (+ 70 %) avec 60 000 autocars.

Toutefois, le diable se cache dans le détail, ces trafics demeurent chacun encore en retrait de 10 à  15 % par rapport au niveau de 2019 (avant la crise Covid).

Fret : au-delà de 2019

Le fret affiche, quant à lui, une belle performance, dépassant les résultats de 2019 (avant la pandémie) et offrant à Calais une croissance de sa part de marché avec 1 809 813 unités de fret (poids lourds et remorques non accompagnées), en progression de 10 % en 2023 par rapport à 2022.

« On revient au niveau de 2019 », a souligné Benoît Rochet, directeur des ports de Boulogne et de Calais, qui l’explique notamment par la mise en service du nouveau port, un « outil neuf et performant », mais aussi à l’accord entre DFDS et P&O pour davantage de capacité.

Ce nombre d’unités permet aussi à Calais « de passer d’une part de marché comprise ces dernières années entre 44 et 46 % à 50 % alors que l’ensemble du marché se replie de 2 %. Un peu plus d’un camion sur deux emprunte la liaison Calais-Douvres », ajoute-t-il.

 Il faut noter toutefois que sur le total, les remorques non accompagnées (55 010 unités) sont à la peine (-12 %) par rapport à 2022 qui avait été une année record. Pour le responsable, les transporteurs ont privilégié l’activité ferry au détriment du non-accompagné en raison d’une moindre pénurie, sans doute temporaire, de chauffeurs routiers.

Le service non-accompagné de DFDS en a fait les frais, réorienté de Sheerness vers Tilbury à l’été 2023, puis arrêté en fin d’année. « Cela ne veut pas dire qu’une telle ligne dédiée au non-accompagné ne reste pas pertinente à l’avenir », a estimé le directeur général.

Autoroutes ferroviaires, en deçà des objectifs fixés

Avec 41 641 remorques et conteneurs (+ + 1%), l’activité de VIIA résiste par rapport aux résultats en berne du transport combiné en 2023 (- 20 %) au niveau national. Le résultat pour les autoroutes ferroviaires est très en deçà des objectifs fixés en 2023 : + 15 % par rapport à 2022.

Selon Benoît Rochet, le non-accompagné est aussi un sujet de changement de mentalité : « Il est encore dans les esprits des transporteurs une solution de repli et non pas une option prioritaire ».

Au total, les activités Transmanche ferries et ro-ro (tourisme et fret) affichent un total d’un peu plus de 42,79 Mt (+ 10 %).

Les vracs : en baisse de 2 %

Le total cumulé des deux terminaux dits de commerce atteint 1,89 Mt en 2023 pour 1,91 Mt en 2022.

642 501 t ont été traitées à Boulogne-sur-Mer (- 2 %) avec toujours une part prépondérante de l’export (486 042 t) et 590 876 t à Calais (- 2 %), quasi-exclusivement destinées à l’export (pierres à chaux et agrégats vers la Suède, le Danemark et le Royaume-Uni).

44,72 Mt

Au total, le port unique aux deux sites a manutentionné 44,72 Mt (+ 10 %).

Le retour d’activités historiques restera un marqueur fort de l’année 2023, tel le groupe Charles André qui a démarré des flux de voitures neuves au dernier trimestre. « Ce ne sont pas des trafics ponctuels mais de moyen à long terme pour de l’import et de l’export et non pas l’utilisation d’une surface du port pour quelques mois comme si c’était un parking », précise Benoît Rochet.

Le groupe Charles André a signé un contrat pluriannuel avec Stellantis et a mis en place deux flux : à l’import depuis Vigo pour approvisionner les concessions du constructeur dans le Nord de la France et le Benelux, et à l’export depuis Valenciennes pour livrer à l’Algérie des véhicules utilitaires.

Un transit de 40 000 véhicules pourrait être enregistré cette année, voire davantage si des développements se concrétisaient vers la Grande-Bretagne où Stellantis est présent.

7,5 M€ d'investissement

Les investissements. En 2023, les investissements à Calais ont atteint 7,5 M€ dont 1 M€ consacré à la préparation du dispositif européen de contrôle des frontières (EES), à savoir la mise en place de la vérification biométrique pour les ressortissants des pays tiers (dont la Grande-Bretagne), conformément à une législation européenne.

En 2024, ce sont 5 millions qui seront consacrés à l’EES (sur un total de 11 millions), l’objectif étant une mise en service à l’automne 2024. Il reste à voir si les choses avanceront au même rythme du côté de Douvres. Il faut relever que l’EES va marquer la fin de toutes les mesures à instaurer en lien avec le Brexit.

Clotilde Martin
 

 

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