Le port de Wilhelmshaven capte 5 Md€ d'investissements privés

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Port de Wilhemshaven

Crédit photo ©Klaus Schreiber
Nouvelle fortune pour le port de la côte nord-allemande. Alors qu’il a été récemment choisi par Berlin pour accueillir les premiers terminaux méthaniers flottants du pays, il sera aussi la terre d'accueil des infrastructures nécessaires à l'importation d'hydrogène et d'ammoniac, à la production d'hydrogène et au stockage de CO2.

Wilhelmshaven était jusqu’à présent le point d'atterrissage des gazoducs et son terminal à conteneurs, JadeWeserPort, une escale pour les grands porte-conteneurs grâce à son tirant d'eau. Hambourg avait d'ailleurs peu apprécié quand Brême et son voisin de Basse-Saxe, Wilhelmshaven, avaient ourdi dans les années 2010 ce projet de port en eaux profondes qui venait chasser sur ses terres.

Le port de la côte nord-allemande, avec balcon sur la mer du Nord, accumule les fortunes. Il a été récemment choisi par Berlin pour accueillir le premier terminal méthanier flottant du pays, développé pour le compte de l’État par Uniper, tandis qu’il logera également le FSRU Excelsior, attendu d’ici la fin de l’année, projet porté également pour l’État pour lequel la société énergétique allemande E.ON, associée à la belge Tree Energy Solutions (TES) et à la française Engie, sont à la manœuvre.

Un montant jamais dévoilé

Le voici aujourd'hui probable futur centre névralgique de l’énergie propre outre-Rhin. C’est là que trois entreprises du secteur de l’énergie – Wintershall Dea, Uniper et TES –, prévoient d’investir plus de 5 Md€ entre 2026 et 2030 pour y construire les infrastructures nécessaires à l'importation d'hydrogène et d'ammoniac, à la production d'hydrogène et au stockage de CO2. Un montant dont l'ampleur n'avait jamais été communiquée auparavant.

« Nous deviendrons d'ici 2030 le cœur battant de l'Allemagne pour ce qui est de l’énergie verte », vante Alexander Leonhardt, qui dirige l'agence de développement économique de Wilhelmshaven.

Son emphase est proportionnelle à l’espoir que le projet fait naître localement, les autorités locales gageant sur le fait qu’il provoque un effet d’entraînement et attire d’autres capitaux, notamment industriels, dans une région moins gâtée que d'autres grands länders.

Son éloignement des grands bassins de consommation et la structure de son commerce extérieur ont longtemps handicapé son développement. À son actif toutefois, Wilhelmshaven bénéficie de connexions ferroviaires pour le fret qui le relie à des régions industrielles comme la Ruhr.

Des électrolyseurs à plus de 1 GW

Dans le cadre du nouveau projet, il est prévu des électrolyseurs dont la capacité pourrait être portée à plus de 1 GW.

La région pourrait ainsi produire plus de 30 térawattheures (TWh) d’hydrogène par an à partir de 2030, soit un quart de la demande allemande à cette date, selon la feuille de route hydrogène du pays.

Pour alléger leurs dépenses d’investissement, les entreprises pourront solliciter des fonds européens issus du régime de financement des Projets d’intérêt commun de l’Union européenne. Elles pourraient obtenir entre 30 et 50 % du montant global du projet, a précisé Uwe Oppitz de Rhenus Ports, qui s’exprimait au nom d’Energy Hub Port Wilhelmshaven (30 entreprises, dont E.ON, RWE et Orsted).

Produire du méthane renouvelable

TES, qui envisage, à partir de 2027, de produire du méthane renouvelable sous le nom de gaz naturel électrique (e-NG) à partir d’énergie solaire importé, estime qu'aucune subvention ne sera nécessaire pour ses projets.

Wintershall Dea, qui entend pour sa part investir 1 Md€, porte notamment deux projets, baptisés BlueHyNow et CO2nnectNow, dont les études de faisabilité sont en cours.

Bien que l’entreprise ne s’implique pas dans le GNL, elle compte y avoir recours pour produire de l’hydrogène, en utilisant la technologie de la capture du dioxyde de carbone issu du process pour ensuite le liquéfier en vue de le transporter vers un site d’enfouissement ultime (CCS, carbon capture storage).

Quant à Uniper Energy Sales, son directeur général, Gundolf Schweppe, a souligné que son entreprise prévoyait d'acheminer jusqu'à 2,6 Mt d'ammoniac vert par an à Wilhelmshaven au cours de la seconde moitié de cette décennie. Soit presque l’équivalent de la production actuelle d'ammoniac de l'Allemagne, qui s'élève à 3 Mt par an.

Des industriels déjà intéressés

Le projet a déjà reçu des manifestations d’intérêt d’industriels. Ainsi, le fabricant de papier PKV, dont le site est à 13 km au sud de Wilhelmshaven, prévoit de construire une nouvelle usine qui, en lien avec les nouveaux projets portuaires, pourrait utiliser la chaleur résiduelle des électrolyseurs.

Le sidérurgiste Salzgitter a déjà conclu un accord avec Uniper pour recevoir de l'hydrogène vert qui alimentera son aciérie, en remplacement de l'hydrogène actuellement d’origine fossile (gris).

L’agende de développement économique assure que d'autres entreprises sont en train d’examiner les opportunités, « les raffineries, les fabricants de produits chimiques, d'engrais et de métaux, ayant tous besoin d'hydrogène propre ».

Adeline Descamps

 

 

 

 

 

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