Dans le trio de tête des ports européens, c’est donc Anvers qui s’en tire le mieux à l’issue de la première partie de l’année. Aux termes du premier semestre, 143,2 Mt y avaient été traités, se matérialisant par une hausse de 3 % par rapport à la même période de l'année précédente. Et surtout, le conteneur, qui représente près de la moitié du tonnage total, y était de retour (+ 4,1 % en EVP, à 6,66 MEVP et + 6,8 % en tonnage, à 74,2 Mt par rapport au premier semestre de 2023).
Rotterdam a également retrouvé des couleurs sur ce segment mais la croissance a été deux fois plus faible pour le Néerlandais que pour le Belge : + 4,2 % en tonnage, soit 67,1 Mt, et + 2,2 % en EVP, à 6,8 MEVP, ce qui ne lui permet de repasser la barre des 7 MEVP, le sillage où il se trouvait en 2020 avant de basculer dans la pandémie. Tous trafics confondus, Rotterdam a traité 220 Mt, en baisse de 0,3 %.
Hambourg à contre-courant
Les résultats du port de Hambourg s’inscrivent en décalé avec ses pairs du range nord-européen, y compris Le Havre. Le premier port allemand a manutentionné 55,9 Mt au cours de la même période, en repli de 3,9 % par rapport au premier semestre 2023. Le conteneur est resté stable en tonnage (38,6 Mt) et à la baisse (- 0,3 %) en EVP, avec 3,8 MEVP traités, dont 1,3 MEVP en transbordement et 1,3 MEVP évacués par le rail (sur les 2,6 MEVP destinés à l’hinterland). Bien que sans éclat – les deux trafics s’affichant en stabilité –, la part modale par le rail (50,8 %) fait toujours du port de l’estuaire de l’Elbe le champion européen en la matière. Et ce, envers et contre les fermetures de lignes et les travaux.
« Les volumes de conteneurs chargés sont en légère augmentation de 0,5 %, atteignant 3,4 MEVP. La manutention des marchandises générales conventionnelles est en hausse de 4,3 % pour atteindre 585 000 t. Dans l'ensemble, les volumes des marchandises diverses est resté stable à 39,2 Mt [+/- 0,0 %, NDLR ] », préfère retenir Axel Mattern, le directeur marketing de l’établissement portuaire.
Le deuxième trimestre n’aura donc pas confirmé le tir pour le port allemand.
Après une année 2023 difficile, le trafic conteneurisé du port de Hambourg était en légère hausse au cours des trois premiers mois de l'année, de 1,1 % en EVP (1,9 MEVP) et de 0,7 % en tonnages (19 Mt). Les volumes en transbordement s'étaient également redressés (+ 3 %) après avoir observé un recul de 11 % en 2023
La Chine en repli
Nonobstant la percée inexpliquée de la Malaisie, qui se distingue en ce premier semestre avec un volume qui a progressé de 14,7 % pour atteindre 88 000 EVP, ce qui le place en dixième position, les premiers partenaires commerciaux et réguliers de Hambourg restent la Chine et les États-Unis. Le commerce avec le premier est en repli (- 2,2 %) tandis que le second poursuit sa trajectoire ascendante, avec 341 000 EVP manutentionnés, soit une augmentation de 9 % après avoir bondi de 17,7 % au premier trimestre.
Le nombre d’escales a augmenté de 1 % mais cette croissance est principalement due aux navires de taille moyenne et plus petite, les catégories au-delà des 10 000 EVP ayant diminué. « Cette tendance reflète l'impact de la crise actuelle en mer Rouge, où les perturbations causées par les rebelles houthis ont conduit les compagnies maritimes à choisir la route la plus longue autour du cap de Bonne-Espérance. Ce détour allonge les temps de navigation vers et depuis l'Asie de 15 jours et a entraîné des ajustements dans les services de ligne. L'aspect positif est que des services de ligne supplémentaires font désormais escale à Hambourg », justifie le dirigeant.
Ces dernières années, le troisième port européen connaît un nombre croissant d’escales de porte-conteneurs de grande taille : 272 mégamax de plus de 18 000 EVP l’an dernier, soit 15 % de plus qu’en 2022, et 511 navires de plus de 10 000 EVP (+ 5 %).
Impact de la transition énergétique évident
En dehors du conteneur, tous les trafics se contractent, excepté le breakbulk (+ 4,3 %) mais dont les volumes sont marginaux (0,9 Mt). L'impact de la transition énergétique devient de plus en plus évident dans les tonnages. « Les tendances dans les cargaisons en vrac reflète un abandon des combustibles fossiles au profit de sources d'énergie alternatives. Cela est particulièrement visible dans la baisse de 11,8 % de la manutention du charbon au cours des six derniers mois », fait valoir Axel Mattern.
L’agribulk, selon la dénomination du port allemand, correspondant aux céréales, oléagineux…, a chuté de 3,9 % pour s’établir à 3,4 Mt tandis que le vrac solide chute de 10,6 %, à 9,1 Mt et les vracs liquides de 20,1 % (4,2 Mt). Tous trafics de vracs confondus, il manque 16,7 Mt si on compare les volumes à un an d’intervalle.
Adeline Descamps
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