Le port de Barcelone consolide sa stratégie de hub du véhicule électrique

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L’accord signé le 19 avril dernier entre la société espagnole EV Motors et le fabricant d’automobiles chinois Chery devrait donner une nouvelle impulsion à la stratégie du port catalan qui ambitionne d'être incontournable sur le véhicule électrique du sud de l’Europe.

L’accord prévoit l’assemblage et la commercialisation conjointe de plusieurs modèles de Chery (Omoda 5 et Jaecoo 7) et de la marque espagnole Ebro grâce à des plateformes et des technologies partagées avec le constructeur chinois.

Le lieu choisi est l’ancienne usine de Nissan dans la zone franche de Barcelone, située près du port et rebaptisée Ebro Factory. Il s’agit de la première implantation industrielle d’une marque automobile chinoise en Espagne.

150 000 véhicules en 2029

Si dans un premier temps, les véhicules Chery seront assemblés à partir de composants importés de Chine, l’accord prévoit une intégration croissante qui devrait stimuler l’activité des fabricants d’équipements automobiles locaux. Les deux partenaires tablent sur une production loc ale de 50 000 véhicules en 2027 et de 150 000 en 2029.

Cet accord est l’aboutissement d’une négociation longue et complexe. Le départ de Nissan en 2021 avait laissé disponibles à la fois des installations et une main d’œuvre à reclasser. Les premiers contacts du gouvernement régional de Catalogne avec Chery remontent à 2009 sans pour autant aboutir. Un autre acteur chinois, Great Wall Motors (GWM), s’était montré intéressé puis avait jeté l’éponge.

Au cours de la période récente, les discussions se sont intensifiées et, en décembre 2023, la marque chinoise avait célébré en grande pompe le 1er envoi de véhicules (Omoda 5 et Jaecoo 7, 700 en tout) vers l’Espagne, premier marché européen visé. La marque chinoise dispose déjà d’un réseau de concessionnaires.

Un trafic en expansion

Le projet industriel devrait conforter la stratégie du port de Barcelone. En 2023, le trafic d’automobiles neuves, toutes motorisations confondues, a représenté 790 000 unités, en hausse de 33,7 % par rapport à 2022 et le port a retrouvé sa place de leader en Espagne dans cette catégorie de trafic.

Les importations ont progressé de 54 % pour atteindre 246 000 unités, dont 84 000 véhicules électriques (34 % du total) essentiellement en provenance de Chine (92%).

Depuis 2021, le port catalan est devenu le point d’entrée en Espagne des véhicules « made in China », y compris les Tesla.

Une partie de ces véhicules sont même réexportées vers l’Europe. En janvier 2023, par exemple, un lot de 375 véhicules Tesla a été réexporté depuis Barcelone vers Toulon dans le cadre d’une opération montée par TAS, filiale du groupe Charles André.

« Le port de Barcelone est devenu le principal hub d’entrée des véhicules électriques fabriqués en Chine au sud de l’Europe et en méditerranée », affirme-t-on à l’autorité portuaire.

Nouveau flux de trafic conteneurisé

Dans un premier temps, les livraisons de composants depuis la Chine devraient générer un nouveau flux de trafic conteneurisé. Mais, à terme, Chery va aussi utiliser son implantation pour fournir d’autres marchés en Europe ou en Méditerranée.

Le vice-président de Chery, Zhang Guibing, qui a signé l’accord, n’a pas caché que sa société entendait faire de Barcelone et de l’Espagne l’ « une des principales bases d’exportation » dans le monde de la firme chinoise. Le port lui offre d’ores et déjà toutes les infrastructures nécessaires pour utiliser la voie maritime. Et c’est probablement cela qui a également pesé dans la décision d’investissement.

Daniel Solano


 

 

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