Le port d’Anvers réceptionne son premier remorqueur à hydrogène

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L'hydrotug1

Le remorqueur, commandé par le port en 2019, devait initialement entrer en service fin 2021 mais sa livraison retardée s’explique par le côté très novateur.

Crédit photo ©Etienne Berrier
Conçu par CBM Tech, une filiale de la Compagnie maritime belge, l’Hydrotug1 doit permettre une réduction de 65 % des émissions de CO2 par rapport aux remorqueurs précédents pour un coût de construction supérieur d’environ 20 %. Sa livraison avec près de deux ans de retard sur le planning initial s’explique par son côté novateur.

Un rayon de soleil est apparu entre deux averses sur le port d’Anvers, le 12 décembre, pour l’inauguration de l’Hydrotug1. Le temps pour les personnalités réunies sur le quai du bassin du Kattendijk, au pied du majestueux siège du port d’Anvers-Bruges, de prononcer quelques mots avant de briser la traditionnelle bouteille du baptême sur l’étrave du navire.

Sur l’estrade, les représentants du port belge, opérateur du remorqueur, partagent le tapis rouge déployé pour l'occasion avec les membres de la famille Saverys, à la tête de la Compagnie maritime belge, dont la filiale CMB.Tech a conçu le navire.

Deux moteurs de 2 MW

Le remorqueur, commandé en 2019, devait initialement entrer en service fin 2021. Sa livraison avec près de deux ans de retard sur le planning initial s’explique par son côté novateur.

Le navire de 30 m de long pour 12,5 m de large et 5,9 m de tirant d’eau, qui affiche une force de traction de 65 t, dispose d’une salle des machines d’apparence très traditionnelle. En y descendant, on est d’abord surpris par l’odeur de neuf qui y règne, l’Hydrotug ayant été livré au port d’Anvers-Bruges le 30 novembre.

S’ils ne parfument pas la salle des machines, les hydrocarbures y sont pourtant bien présents. Le gasoil alimente en effet les deux groupes Volvo à la norme Stage V qui fournissent l’électricité du bord.

Le carburant est aussi utilisé par les deux moteurs principaux de 2 MW chacun, fournis par la compagnie gantoise Anglo Belgian Corp. (ABC).

Gasoil et hydrogène dans le même cylindre

Mais la particularité de ces moteurs est ailleurs : ils consomment également de l’hydrogène mais qui n’est pas consommé par une pile à combustible alimentant un moteur électrique.

Le gaz est directement injecté dans chaque cylindre selon une proportion variable qui peut atteindre 75 % du carburant utilisé mais qui se limite généralement à 50 %.

L’Hydrotug1 doit ainsi embarquer 415 kg de dihydrogène, stocké dans 54 bouteilles sur le pont avant du remorqueur. Ces 54 « cigares », comme les appellent les trois membres d’équipage, permettent une autonomie de 24 heures de navigation. Largement suffisant pour les besoins du navire, à bord duquel la relève d’équipage se fait toutes les huit heures.

Vers un hydrogène vert

L’Hydrotug1 sera exploité par l’autorité portuaire pour les bassins de la rive droite de l’Escaut, en amont de l’écluse maritime. En aval, ce sont d’autres remorqueurs des sociétés privées Boluda Towage et Antwerp Towage qui vont chercher les navires en mer pour leur faire remonter l’estuaire de l’Escaut.

Pour le port d’Anvers-Bruges, qui vise la neutralité carbone en 2050, l’utilisation du dihydrogène par ses remorqueurs est une étape importante, puisque l’Hydrotug1 doit permettre une réduction de 65 % des émissions de CO2 par rapport aux remorqueurs précédents.

Il faut pour cela une production décarbonée d’hydrogène, à portée. Le premier port belge, où est installé un électrolyseur, s’est couvert ces dernières années d’éoliennes que l’on peut voir tourner au-dessus de chaque bassin.

Être pionnier a un coût

« Nous devons commencer par verdir notre propre flotte », souligne Jacques Vandermeiren, directeur général du port, qui se dit « fier d’ouvrir la voie avec une technologie de rupture même si être pionnier nécessite d’investir beaucoup d’argent, de subir des retards et de défricher la réglementation. »

« Nous nous sommes engagés il y a six ans dans le long voyage de l’hydrogène, rappelle de son côté Alexandre Saverys, directeur général de la CMB, et nous avons prouvé que la décarbonation du secteur maritime n’est pas un rêve lointain mais une réalité d’aujourd’hui. »

La CMB en pilote pour l'hydrogène

La CMB, en effet, n’en est pas à son coup d’essai avec l’hydrogène. Dès 2017, l’armateur anversois avait innové avec le premier navire doté d’un moteur à hydrogène : l’Hydroville (cf. CMB Tech s'impose avec sa technologie bicarburant gasoil-hydrogène).

Pour l’Hydrotug1, le coût de construction est supérieur d’environ 20 % à celui d’un remorqueur classique. Mais il s’agit, selon Roy Campe, directeur technique de CMB.Tech, du premier d’une série pour CMB.Tech, qui a déjà sur la table à dessin un futur remorqueur dont la construction comme la maintenance seraient moins coûteux.

« Anvers va inciter d'autres ports à s'équiper de remorqueurs à hydrogène. Ils pourront s’appuyer sur CMB qui a démontré ici une efficacité technique et économique. »

Étienne Berrier

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