Une méga raffinerie, financée par l'homme d'affaires nigérian Aliko Dangote, dont le conglomérat recouvre des activités dans le ciment, le sucre, la farine, le sel, les pâtes, les boissons ou encore l'immobilier, doit être inaugurée dans la zone franche du port de Lekki, à une soixantaine de km de Lagos, au Nigeria.
Annoncée en 2013 pour un coût estimé à 9 Md$ lors du lancement du chantier, l'infrastructure pétrolière, qui accuse plusieurs années de retard, aura finalement nécessité un investissement de 19 Md$, selon les médias locaux.
Du pétrole contre du raffinage
Avec ce projet, qui doterait le continent de la plus grande capacité de raffinage d'Afrique selon ses promoteurs, le pays le plus peuplé d'Afrique (215 millions d'habitants) entend réduire sa dépendance au carburant importé et mettre fin à un système encourageant la corruption.
Si le pays est l'un des plus gros producteurs de pétrole d'Afrique, il importe la quasi-totalité de son carburant, en raison de la défaillance de ses raffineries d'État. Il troque ainsi du pétrole brut contre du carburant importé, que le pays subventionne pour garder un prix artificiellement bas sur le marché.
650 000 barils par jour à terme
La raffinerie, qui ne devrait commencer ses opérations qu'en juin, a pour objectif de traiter 650 000 barils par jour en pleine capacité.
Le complexe est relié au delta du Niger par un réseau de pipelines sous-marins d'une longueur de 1 100 km. Une usine d'engrais d'une valeur de 2 Md$ et d'une capacité de 3 Mt par an y est par ailleurs implanté.
L'ensemble voit le jour une semaine avant le départ du pouvoir du président Buhari, après deux mandats marqués par une grave détérioration de la situation économique dans le pays.
Lekki sur rails
Lancé en 2018, le chantier du port en eaux profondes de Lekki a été livré en début d'année après avoir été achevé en novembre par la China Harbor Engineering Company qui, plus rare, détiendra 52,5 % des parts de la société d'exploitation du port.
Lekki est le remier port entièrement automatisé du pays, premier à être équipé de grues super-post-Panamax de type STS (ship-to-shore) et encore la première expansion en 25 ans.
Il doit notamment absorber une partie du trafic de Lagos, Tin Can Island et Apapa, mis sous tension et sans doute rebattre les cartes en Afrique subsaharienne où les infrastructures en mesure de recevoir de grands navires sont rares.
2,5 MEVP
L’infrastructure, d’une capacité nominale de 2,5 MEVP, a nécessité un investissement de 1,6 Md$. La première phase des travaux a consisté à installer trois postes d'amarrage sur un quai de près de 1,2 km et un dépôt de conteneurs de plus de 15 000 emplacements.
Une fois achevé, le port disposera d'un terminal de vrac liquide en mesure de traiter des navires de 160 000 tpl ainsi que d’un terminal de vrac sec d'une capacité jusqu'à 4 Mt par an.
Adeline Descamps