La sélection du concessionnaire pour réaliser et exploiter les deux derniers postes à quai de Port 2000, qui ajouteront 700 m de linéaires de quai à partir de 2022, a été annoncée par le port du Havre ce 31 octobre. C’est l’offre de Générale de Manutention Portuaire (GMP) qui a été retenue. La liste des compétititeurs en lice, sollicitée, n'est pas rendue publique pour l'heure.
L’annonce est attendue depuis quelques mois. Elle est tombée ce 31 octobre. Le conseil de surveillance du Grand Port Maritime du Havre (GPMH) a retenu l’offre de l’entreprise Générale de Manutention Portuaire (GMP) pour réaliser l’extension finale de Port 2000, le port à conteneurs havrais, et exploiter ses deux postes à quai 11 et 12 sur une superficie de 42 ha avec une capacité d'1 MEVP. L’opérateur portuaire, coentreprise entre DP World et Terminal Link, filiale du groupe CMA CGM, est déjà l’exploitant du Terminal de France, une installation de 1 200 m de linéaires de quai (+ 200 m pour les barges), bordé de 10 portiques overpanamax, ainsi que des Quais de l’Europe et des Amériques aux Terminaux Nord.
Le contrat de concession, dont la signature interviendra prochainement, est prévu pour une durée de 30 ans (pour l’exploitation, à l’issue de deux ans d’études et conception). Le Conseil de surveillance a également validé l’opération d’investissement sous maîtrise d’ouvrage du Port du Havre, relative à l’aménagement préalable de ce quai à l’extrémité ouest de Port 2000. Cette opération comprend la réalisation du quai et dragages ainsi que les travaux de terrassement préalables à l’aménagement des terre-pleins et les dessertes terrestres routières et ferroviaires. Les travaux démarreront début 2020, permettant à GMP de prendre le relais dès 2022 pour la réalisation de ses travaux et équipements. Le montant total des investissements portés par le Port du Havre est de 154,5 M€, dont 41,42 M€ sont cofinancés au titre du Contrat de plan interrégional État-Région de l’axe Seine (État 24,32 M€ et Région Normandie 17,1 M€).
Tapage médiatique
Pour rappel, suite à l’appel d’offres, la sélection du concessionnaire devait être initalement connue en juin. Mais la forme juridique retenue - concession de service – avait fait l’objet d’une motion du conseil de développement et du bruit médiatique. La loi LOM (loi d’orientation des mobilités) était alors en discussion. Or, elle comportait un article tendancieux (le fameux article 35) aux yeux des manutentionnaires, en envisageant de changer les modalités juridiques de l’exploitation des terminaux. Elle prévoyait de muter la « convention de terminal » en « concession de services », ce qui signifierait, selon les concessionnaires, une ingérence de l'autorité portuaire sur leur gestion. Car la concession de services suppose en effet plus de régulation de l'autorité portuaire alors que la convention de terminal, qui prévaut dans les grands ports d’Europe du Nord, s’apparente davantage à une simple occupation temporaire du domaine, avec un bail et un occupant qui « fait un peu ce qu’il veut ».
In fine, l’Union des ports de France, présidée par Hervé Martel, le directeur général du port de Marseille et ex-patron de celui du Havre, et l’Unim, l’union nationale des entreprises de la manutention portuaire, régie par Christian de Tinguy, ont fini par se mettre d’accord, non sans difficultés, sur les termes de l’article 35 en laissant le choix entre les deux régimes, la convention de terminal constituerait le régime de principe (de droit donc) tandis que la concession serait un régime dérogatoire auquel les grands ports maritimes pourraient recourir « lorsque le contrat a pour objet l’exécution, pour les besoins exprimés par le grand port maritime, d’une prestation de services ». Mais voilà, le diable du droit étant toujours dans les détails, la loi ne précisait pas le cadre ou la liste de ce « besoin exprimé par le port ». Un cadre d’imprécision juridique.
Quoi qu'il en soit, l'appel d'offres a bien été lancé dans le cadre de la concessions de services. Le JMM n'a pas pu recueillir, dans les temps de l'éditing, la réaction de Louis Jonquière, directeur général de GMP.
Adeline Descamps