Le port des Hauts-de-France capitalise sur ses infrastructures totalement rénovées pour accroître l’hinterland de son activité conteneurs au-delà de sa seule région région et de la Belgique transfrontalière. Le champ d’action portuaire s’est considérablement développé grâce à la relance des trains combinés, qui ont prouvé leur pertinence commerciale un an après leur lancement.
À l’image de ses principaux concurrents du Nord de l’Europe, le Grand Port Maritime de Dunkerque fait du ferroviaire l’un de ses chevaux de bataille pour gagner en compétitivité. Ses positions sont déjà fortes si l’on en juge par sa première place dans ce domaine au plan hexagonal. En 2019, ce sont ainsi 12 Mt qui ont transité par ses installations dont 3 millions par les terminaux maritimes. Ces tonnages représentent à eux seuls 11 % du fret ferroviaire français. La part modale du trafic ferroviaire y atteint les 30 %, loin devant ses homologues français...
Propriétaire de son réseau ferroviaire depuis 2008, le port n’a pas lésiné sur la modernisation de ses infrastructures pour gagner en efficacité. Désormais, et à la faveur du dernier investissement en date de 18,7 M€ portant sur la séparation du périmètre caténaires et la fusion des postes d’aiguillage, toutes les voies du port sont à présent modernisées. De fait, il peut accueillir un trafic croissant, à commencer par les céréales, un trafic qui n’existait pas en ferroviaire il y a encore cinq ans. Il représente, à présent, 400 000 t par an et constitue le premier exemple de l’élargissement de l’hinterland du port. Certains convois viennent, en effet, de l’Est de la France et de Centre-Val de Loire.
Conquérir des trafics hors de ses frontières
Le champ d’action portuaire s’est également considérablement développé grâce à la relance des trains combinés. Une première liaison a, ainsi, vu le jour sous la houlette de Greenmodal Transport, société sœur de Novatrans en janvier 2019. Grâce aux trois liaisons hebdomadaires mises en place à cette date sur Dourges, l’offre multimodale de Dunkerque a pu être étendue à la desserte de l’ensemble des principaux hubs ferroviaires du Sud de la France (Bordeaux, Miramas, Marseille, Toulouse, etc) et du nord de l’Italie.
L’activité conteneurisée s’est renforcée avec la mise en place, le 5 juin 2019, du nouveau service combiné hebdomadaire Flandres Express (FLEX) reliant Dunkerque à Metz. Cette liaison a prouvé sa pertinence puisqu’elle devrait être doublée dans les mois qui viennent. Ainsi, et grâce au développement du transport combiné, « Dunkerque n’est plus limité à la seule région Hauts-de-France et à la Belgique transfrontalière pour son activité conteneurs. Il peut aussi aller conquérir des trafics qui, historiquement, étaient orientés vers le nord de l’Europe », se félicite Guy Bourbonnaud, du département études marketing et transports intérieurs du port de Dunkerque.
2 à 3 % des conteneurs maritimes empruntent le rail
Le potentiel de développement du trafic est important dans la mesure où seuls 2 à 3 % des conteneurs maritimes empruntent le rail en pré ou post-acheminement. Le port se tient prêt dès maintenant à accompagner cette croissance en rallongeant les voies de son terminal de transport combiné. Longues de 350 m, les quatre voies actuelles pourraient être étendues à 900 m le moment venu. Ce dont ne doute pas Daniel Deschodt, directeur commercial du port de Dunkerque, soulignant que « la période est propice pour le ferroviaire. Le monde d’après sera massifié et décarboné ».
Le développement du trafic ferroviaire passera aussi par le domanial. Au-delà des 9 Mt/an apportés par les industriels en place, d’autres trafics pourraient s’ajouter à la faveur de la mise en service de nouvelles installations. Ainsi, le numéro 2 de la chimie française, SNF Floerger, disposera d’une nouvelle usine embranchée au rail d’ici 18 mois.
La labélisation « Choose France » mise en avant par le chef de l’État, Emmanuel Macron, lors de sa visite de janvier 2020 « va nous permettre d’attirer de nouveaux investisseurs qui influeront favorablement sur le développement de l’activité logistique et industrielle sur le port de Dunkerque et par là-même sur son volet ferroviaire », souligne Daniel Deschodt.
Olivier Constant
Norlink Ports, le partenaire du port pour accompagner la massification
Depuis sa création fin 2017, l’association, dont le port de Dunkerque est l’un des membres fondateurs, accompagne le développement du fret ferroviaire du 3e port français.« Notre rôle est d’assurer la promotion et le développement des flux massifiés passant autant par les ports maritimes comme Dunkerque que par les plateformes logistiques et multimodales de la Région Hauts-de-France. Nous rencontrons donc régulièrement, à cette fin, les industriels pour évaluer avec eux la possibilité de modifier leurs flux logistiques dans le cadre d’un report modal », explique son directeur opérationnel, Fabien Becquelin. L’association joue la carte de la promotion par le faire-savoir. Ainsi, des déjeuners « fret ferroviaire » sont organisés régulièrement avec les chargeurs. Et ceux qui ont déjà souscrit au report modal devraient jouer les prescripteurs et ambassadeurs en témoignant dans des vidéos postées sur le site web de l’association dès septembre.
Les chiffres clés
Trafic 2019 : 12 Mt dont 3 millions sur les terminaux maritimes
Part du ferroviaire dans les pré et post-acheminements terrestres : 20 %
Longueur du réseau ferroviaire : 200 km
Entreprises ferroviaires présentes sur le port : 6 (Lineas France, ECR, Europorte, Fret SNCF, VFLI et CFL Cargo)