Si le niveau des trafics de 2019 a été retrouvé dès 2021, le port de Rotterdam voit son trafic stagner depuis lors. Le tonnage manutentionné par le premier port européen a diminué de 0,3 % en 2022 et baisse encore de 1,5 % au premier trimestre 2023.
Les conteneurs à la peine
« Nous avons fait face à une baisse des volumes en raison d'une inflation élevée et d'un affaiblissement de l'économie », avance Allard Castelein, le directeur général du port, pour expliquer la baisse du trafic conteneurisé au premier trimestre. De fait, la contraction des volumes est sévère : - 11,6 % par rapport au premier trimestre 2022 avec seulement 3,2 MEVP.
« Cette baisse avait déjà commencé en 2022 en raison de la chute des volumes à destination et en provenance de la Russie, explique l’autorité portuaire. La guerre en Ukraine ayant commencé fin février, l'impact sur les volumes de trafic au premier trimestre de l'année dernière était encore limité. » Avant la guerre en Ukraine, les échanges avec la Russie représentaient 8 % du nombre total de conteneurs manutentionnés à Rotterdam.
Baisse de plus de 14 % des imports conteneurisés
Le port subit aussi une baisse de 14,2 % des entrées de conteneurs en provenance d’Asie, ce qui s’explique à la fois par l’importance des stocks accumulés en Europe et par l’inflation qui ralentit les importations. Aussi, Rotterdam ne réussit pas à récupérer ses flux en transbordement, qui ont fui les ports congestionnés au profit de ceux de plus petite taille plus épargnés par les conséquences de la pandémie.
Deux filières en retrait
Deux autres filières sont en retrait au premier trimestre : le trafic roulier (- 2,2 %, à 6,6 Mt), en lien avec la baisse des échanges avec le Royaume-Uni, et les marchandises diverses non conteneurisées (- 20,9 % pour 1,4 Mt). Cette forte baisse du segment breakbulk est due à la baisse de taux de fret pour le transport conteneurisé, qui incite ces marchandises à opter pour le conteneur.
Vracs secs tout en contraste
Les vracs secs affichent un tonnage de 17,9 Mt, identique au premier trimestre 2022 mais qui cache de grands contrastes : + 69,7 % pour les vracs agricoles (3,3 Mt), + 10,1 % pour les minerais de fer et ferraille (6,2 Mt) et + 26,3 % pour les charbons (7,4 Mt). « Suite à l’arrêt temporaire des hauts fourneaux de Dunkerque, Gijón et IJmuiden, les usines de l’hinterland de Rotterdam ont fonctionné de manière plus intensive », explique le port.
Regain des vracs liquides
Les vracs liquides (54,3 Mt) ont enregistré durant les trois premiers mois une nouvelle amélioration de 5,6 % de leurs volumes. Les entrées de pétrole brut (25,7 Mt) ont progressé de 4,3 %, avec un remplacement de l’origine russe par des provenances plus diversifiées, États-Unis, Afrique de l’Ouest et Moyen-Orient. Ces
destinations plus lointaines ont accru, comme l'an dernier, le recours aux VLCC, qui ont totalisé 50 escales, soit le double du premier trimestre 2022. Les escales de suezmax ont augmenté de 30 %.
Les volumes de produits pétroliers (15,1 Mt) ont augmenté de 12 %, avec une forte hausse des sorties de gasoil pour pallier l’arrêt des importations de diesel russe.
Avec 3 Mt, les importations de gaz naturel liquéfié signent la plus forte hausse (+ 16,4 %). Une nouvelle fois, le GNL s'est substitué au gaz russe livré par gazoduc. Les flux de GNL ont désormais majoritairement pour origine les États-Unis.
Étienne Berrier
