La participation de Cosco dans un des terminaux à conteneurs de Hambourg révisée par Berlin

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HHLA- CTT à Hambourg

Tollerort est la plus petite des trois installations à conteneurs hambourgeoises. Son tirant d'eau maximal de 15,1 m le limite dans l'accueil des porte-conteneurs.

Crédit photo ©Raetze
Après d'interminables débats l'an dernier au point de menacer la coalition au pouvoir et un modus vivendi trouvé pour autoriser une prise de participation de l'opérateur chinois, Berlin revient sur la décision. La présence de Cosco dans les ports européens, où il détient des participations dans trois ports au nord et quatre au sud, questionne. D’autant que la réciprocité dans l’accès au marché n’est pas effective.

Berlin revoit sa décision d'autoriser Cosco Shipping Ports, la filiale portuaire du groupe de transport maritime chinois Cosco, à prendre une participation dans le plus petit des trois terminaux du premier port allemand, actuellement exploité par HHLA, l'un des deux grands manutentionnaires allemands avec Eurogate, tous deux régnant en maîtres outre-Rhin.

L’affaire avait provoqué, l'an dernier, une vive polémique, d’interminables débats et menacé la coalition au pouvoir de dislocation.

Finalement, le gouvernement d’Olaf Scholz avait tranché fin octobre en faveur de l’investissement chinois au terminal à conteneurs Tollerort (Container Terminal Tollerort, CTT). Contre l’avis de la Commission européenne, qui avait émis un avis négatif dès avril et en dépit de l’opposition de six ministères fédéraux (Économie, Intérieur, Défense, Finances, Transports et Affaires étrangères). Mais conformément à un accord conclu en septembre 2021 entre CoscoSP et HHLA.

Affaire politique

Autre temps, autre moeurs. Entre la signature de cet accord et l'année post-covid, l'Allemagne a élu un gouvernement de coalition composé de sociaux-démocrates, de verts et de libéraux, qui a vu le ministère de l'Économie basculer dans le camp des Verts, moins ouverts sur ce point.

Par ailleurs, la guerre en Ukraine a brutalement mis en exergue l’extrême dépendance de l'Allemagne à l'égard des investissements étrangers, notamment des gazoducs acheminant du gaz russe, ce qui a rendu le gouvernement plus regardant sur ses actifs, d'autant qu'il s'agit du troisième port nord-européen. Et à ce titre, une infrastructure stratégiquement sensible qui passerait sous le contrôle d'un groupe placé sous la Commission chinoise de supervision et d'administration des actifs d'État, considérée comme un véhicule pour les intérêts de Pékin. Aussi, certains peinent à admettre que le premier transporteur maritime à prendre pied dans un port, où seul Hapag-Lloyd est présent (25,1 % dans le Container Terminal Altenwerder, CTA), ne soit pas européen.

Participation rabotée

Une sortie de crise avait été permise en revoyant à la baisse la participation de Cosco, limitée à 24,9 % (contre 35 % pensé initialement).

C'est donc un énième rebondissement. Le réexamen fait suite au classement en début d’année des ports maritimes de plus de 3,27 Mt dans les infrastructures dites critiques, confirmant l’information révélée par le Sueddeutsche Zeitung. HHLA était déjà placé dans cette catégorie avant cette nouvelle règle qui relève de la compétence de l'Office fédéral de la sécurité de l'information (BSI)

Le porte-parole du ministère a indiqué au cours d’une conférence de presse qu'il s'agissait de « déterminer si et dans quelles conditions Cosco serait autorisée à prendre une participation dans le terminal ».

Le ministère chinois des affaires étrangères a réagi promptement. « Nous espérons que l'Allemagne s'abstiendra de politiser la coopération commerciale, d'en faire une question d'idéologie ou de sécurité et de dresser des obstacles à cette coopération », a déclaré sans ambages Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, au cours d'une conférence de presse tenue le jeudi 13 avril.

La ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, doit se rendre en Chine du 13 au 15 avril.

Une présence chinoise qui ne passe pas

La présence de l’opérateur portuaire asiatique fait régulièrement débat en Europe d’autant que la réciprocité dans les intérêts capitalistiques n’est pas effective de part et d'autre.

Cosco détient des participations à Zeebrugge, Anvers et Rotterdam, alors qu’au Sud, il est propriétaire du Pirée (Grèce) et est actionnaire à Vado Ligure (Italie), à Bilbao et à Valence (Espagne).

Tollerort est la plus petite des trois installations à conteneurs hambourgeoises. Son linéaire de quai de 1 200 m avec quatre postes d'amarrage et 14 portiques, au tirant d'eau maximal de 15,1 m, ne lui permet d’accueillir simultanément qu'un navire de grande taille, un néo-panamax et un ou deux navires plus petits. Raison pour laquelle Hapag-Lloyd investit à Wilhemshaven (JadeWeserPort).

HHLA, qui règne en maître à Hambourg (Eurogate n’y exploite qu’un seul terminal), compte sur Cosco pour y sécuriser ses volumes et injecter des liquidités en vue d'assurer les développements futurs.

Adeline Descamps

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