Galvanisée depuis quelques mois par les investissements dans le GNL déclenchés par l’urgence de s’affranchir du gaz russe, ITP Interpipe, le fabricant de pipelines terrestres et sous-marins à haute isolation thermique, voit des projets qui étaient jusqu’alors gelés pourraient se concrétiser rapidement.
La commande pour Venture Global LNG en Louisiane témoigne du boom spectaculaire des exportations américaines de GNL vers l’Europe – la France et le Royaume-Uni aux premiers rangs –, qui pourraient doubler durant la décennie à venir et atteindre en 2023 les 90 Mt métriques.
Près de 200 salariés de l’usine, située en bordure du canal maritime qui relie Caen à la mer, travaillent actuellement à la fabrication des éléments du gazoduc qui doivent servir au chargement de GNL de méthaniers sur le terminal de Venture Global à Plaquemines en Louisiane.
La production a démarré fin novembre. Les livraisons à un rythme hebdomadaire vont s’étaler durant l’année. De quoi remplir au total quelque 300 conteneurs de 40 pieds expédiés via le port du Havre.
Hors gabarit
Ludovic Villatte, le PDG de l’entreprise, reste discret sur le montant de ce marché qui a nécessité l’adaptation de la ligne de production de l’usine normande. Très présente sur les terminaux portuaires, ITP Interpipe a notamment réalisé à Singapour un oléoduc pour transporter du bitume à + 230 °C.
La commande de Venture Global porte sur le calorifugeage de 3,5 km de gazoduc permettant de maintenir le GNL à – 170°C durant son acheminement. Les pièces du gazoduc sont assemblées par insertion de tubes revêtus en Invar (alliage d’acier et de nickel) dans des tubes en acier inoxydable livrés par un sidérurgiste allemand EW. « Les dimensions sont diverses, allant de 30 cm à plus de 1 m de diamètre et de 1,50 à 11 m de long pour un poids jusqu’à six à sept tonnes » précise Vincent Lefèvre, directeur du site.
Projet chantier en mer du Nord
Crée en 1992, ITP Interpipe dont le siège est à Louveciennes en région parisienne doit répondre dès la fin 2023 et en 2024 à une commande de 90 km de tubes destinés à un champ gazier offshore en mer du Nord. Sur un site agrandi pour le porter à 6,25 ha, un atelier supplémentaire de 1 500 m2 sera dédié à ce projet. Un investissement estimé à 2,5 M$. L’entreprise prévoit par ailleurs un quai au droit de l’usine qui lui permettrait à terme de charger directement sur barges.
L’entreprise a conforté en début d’année son ancrage portuaire en renouvelant son bail, cette fois pour 15 ans, avec la Chambre de Commerce et d’Industrie Caen Normandie. Cette assise renforcée va se matérialiser d’ici à 2025 par une extension de son emprise foncière entre l’usine et le canal moyennant un investissement de l’ordre de 10 M€, en partie subventionné par les collectivités locales.
L’activité de niche de ITP Interpipe offre au port normand un trafic maritime conventionnel à haute valeur ajoutée de l’ordre de 15 000 t/an à l’exportation.
Robert Querret